Du 10 au 11 août derniers, s’est tenu à Banibangou (environ 200 km, au nord-ouest de Niamey), le Forum intercommunautaire pour une meilleure prévention et gestion d’éventuels conflits entre les populations de Banibangou et celles voisines de Tondikiwindi. La tenue de ce forum intervient pour boucler un processus de "dialogue entre jeunes, agriculteurs et éleveurs pour la prévention et la gestion non violente des conflits intercommunautaires dans la zone nord de Tillabéri" conduit par le Réseau nigérien pour la gestion non violente des conflits (RE-GENOVICO).
C’est une centaine de participants, représentant les communautés Peulh, Touareg et Zarma, les chefs coutumiers, les représentants des Forces de défense et de sécurité (FDS), ceux des services techniques départementaux et communaux, des acteurs de la société civile, les représentants des jeunes ainsi que les élus, les autorités locales, des leaders religieux de deux communes, qui ont pris part à ce forum. L’objectif du forum est, entre autre, selon le Secrétaire exécutif du RE/GENOVICO, M. Abass Malam, de permettre un dialogue entre les communautés de la zone qui, aujourd’hui et surtout en période d’hivernage, connaissent de nombreux problèmes de cohabitation.
Il s’agit spécifiquement de : Identifier les éléments de divergences entre les communautés ; trouver une compréhension commune des communautés autour des éléments de divergence identifiés ; définir et convenir des solutions aux différents problèmes posés par les divergences des communautés de la zone et amener les différentes communautés en présence à mettre en œuvre et à respecter les solutions consensuelles définies.
Durant deux jours, les participants au forum ont traité des questions liées à : La présence des refugiés maliens dans la zone ; la question de dégâts champêtres ; la circulation et la sécurité du bétail ; la circulation d’armes illégales ; la consommation des stupéfiants. Sans occulter les causes des conflits et de l’intolérance intercommunautaires ainsi que des mécanismes et expériences de résolution des conflits et la réconciliation intercommunautaire fondée sur les cultures et les traditions.
Il s’est aussi agit, des violences intercommunautaires, qui engendrent souvent des pertes en vie humaines. A travers des travaux en groupe et en plénière, les participants ont réfléchi sur différents thèmes notamment : Paix et Sécurité, Tolérance et Réconciliation, Cohabitation Pacifique, Reconstruction et Développement Durable de deux Communes rurales de Banibangou et Tondikiwindi.
A l’issue de ces questions/débats les participants au forum ont été répartis en trois groupes pour mener des réflexions sur les trois points suivants ; dégagés comme grandes problématiques dans la cohabitation pacifique des communautés, la paix et la quiétude sociale.
Il s’agit de : présence des réfugiés maliens, dégâts champêtres, vol de bétail. Les trois problématiques ont fait l’objet des réflexions au cours des travaux du forum en vue de mieux cerner les contours de ces problématiques et d’identifier des solutions consensuelles et opérationnelles aux différents problèmes qu’elles posent. A l’issue de la restitution des travaux des commissions sur les trois questions et des débats qui s’en ont suivi, le forum a retenu les points essentiels ci-après :
La présence des refugiés maliens
Les participants ont estimé qu’il y a nécessité et l'urgence de: Restreindre et contrôler les mouvements des refugiés à l’intérieur du pays et vers le Mali, d’ installer et déplacer les refugiés sur des sites marginaux ne faisant pas l'objet d'exploitation, de prévoir la plantation d’arbres pour atténuer la destruction de l’environnement du fait de la présence des refugiés, de mener des actions d’information/sensibilisation sur les sites de réfugiés sur les IST/SIDA et autres maladies contagieuses, de suivre et contrôler les interventions des ONG nationales et internationales dans les camps des réfugiés en vue d'y mettre de l’ordre, de procéder à la restauration des sites libérés après le départ des refugiés (Au niveau de Banibangou), de préparer le retour des refugiés dans leur pays d’origine en fonction de l’évolution de la situation au Mali et d’mpliquer les autorités locales (départementales, communales et traditionnelles) dans la gestion du camp des réfugiés se trouvant sur le territoire de leurs entités.
La question des dégâts champêtres
Le forum de Banibangou a mis l’accent sur : l'importance de la délimitation matérielle de la limite entre les zones agricole et pastorale telle que prévu par l'ordonnance portant sur le pastoralisme au Niger pour mieux éloigner les champs des animaux et sécuriser les cultures et le bétail, la nécessité d’identifier et de matérialiser les espaces pastoraux ainsi que leur respect aussi bien par les agriculteurs que par les éleveurs pour éviter la survenance des dégâts dans les champs, l'urgente nécessité pour que les chefs de villages soient objectifs, neutres, impartiaux dans le traitement des différends entre agriculteurs et éleveurs, l'importance d'éviter toute surévaluation des dégâts champêtres et de fixer le montant de la réparation à la seule proportion du dommage causé et la nécessité de constituer le comité d'évaluation des dégâts de façon paritaire (représentants agriculteurs et éleveurs) et avec des personnes majeures maitrisant les critères d'évaluation.
Le problème du vol du bétail
Sur cette question les participants au forum ont retenu comme éléments pouvant réduire ce phénomène: la mise en place et/ou la redynamisation des comités de vigilance bien encadrés et avec un système de suivi rigoureux pour éviter des abus et/ou des dérapages, l’institution de l’enseignement des valeurs sociales dans les écoles, la création des radios communautaires et autres infrastructures de télécommunication, des actions de démantèlement des réseaux du vol du bétail qui mettent en chaîne des chefs de village/tribus, des voleurs, des intermédiaires et des receleurs.et enfin une meilleure organisation de la fonction de l’intermédiaire à travers un recrutement sur la base de la probité morale, leur formation, le suivi et le contrôle de leurs activités. Ce forum a ainsi permis aux participants et au RE/GENOVICO de : Identifier les sources des tensions et les griefs entre les jeunes, éleveurs et agriculteurs qui perturbent les relations communautaires ; de faciliter le contact et le dialogue entre jeunes, éleveurs et agriculteurs et entre eux et leurs autorités locales en vue de créer/renforcer la confiance et le respect entre les communautés d’agriculteurs et d’éleveurs dans une compréhension mutuelle et d’amener ces jeunes à saisir la portée de leurs responsabilités et à s’engager dans la construction et la gestion de leurs communes.