Réunie en session extraordinaire ce jour vendredi 16 août 2013, l’Alliance pour la Réconciliation Nationale (ARN) a procédé à une analyse approfondie de la situation sociopolitique du Niger et a examiné en particulier la situation née de l’échec de la formation d’un gouvernement d’union nationale.
Les Nigériens se rappellent que dans le discours de clôture de la Session budgétaire de décembre 2012, le Président de l’Assemblée Nationale, Hama Amadou, avait invité la classe politique à la formation d’un gouvernement d’union nationale, ravissant ainsi la vedette au Président de la République, Issoufou Mahamadou, qui, selon les ténors du régime, en aurait eu l’initiative. Comme pour justifier l’avènement d’un tel gouvernement, le Président du parlement nigérien avait dressé à cette occasion un tableau sombre de la situation socioéconomique et politique du pays, caractérisée notamment par :
ü La contreperformance des services administratifs dans la mobilisation des ressources internes et dans la consommation des crédits ;
ü Les plaintes régulièrement émises par les partenaires extérieurs quant à l’incapacité des services administratifs à absorber les ressources mises à la disposition du Niger ;
ü La faiblesse de la mobilisation des fonds de contrepartie, bloquant ainsi le décaissement de plusieurs milliards de fonds extérieurs ;
ü La corruption et le détournement des deniers publics ;
ü Le rythme effrayant et incontrôlé de l’augmentation de la masse salariale, avec le risque réel d’accuser des arriérés de salaire.
Mais contre toute attente, le Président de la République lors d’une rencontre avec le Chef de file de l’opposition s’est longuement étalé sur la réussite de son programme dit de Renaissance, dans les secteurs socioéconomiques et a proposé à l’opposition d’entrer dans un gouvernement d’union nationale pour des raisons qui seraient liées uniquement à la sécurité du pays. Il reprendra cette proposition de manière plus solennelle à l’occasion de la célébration de la fête de la République le 18 décembre 2012.
L’ARN, après avoir analysé la question, lui a opposé une fin de non-recevoir, car aucune situation grave pouvant échapper au contrôle d’un gouvernement véritablement responsable ne prévalait dans le pays.
Cependant, le Président de la République a persisté, huit mois durant, à inviter l’ARN à la gestion du pouvoir d’État. L’ARN perçut cette insistance comme l’aveu d’échec du régime. Consciente du blocage notoire du pays, elle a décidé de s’investir en vue d’arrêter le naufrage amorcé, et contribuer au redressement socio-économique du pays. L’ARN avait décidé de maintenir les contacts avec le Président de la République jusqu’à sa limite objective, et ce malgré ses différents agissements consistant notamment à contourner les instances des partis politiques, a prendre contact avec certains militants en vue de les intéresser individuellement à rentrer dans son gouvernement.
Peut-il y avoir de gouvernement d’union nationale sans l’assentiment de l’ensemble de la classe politique ?
A la veille du tournant décisif de la négociation relative à l’entrée de l’ARN dans un gouvernement d’union nationale, la volonté de respecter les conditions soumises par l’opposition a fait place, de la part du Président de la République, à une mauvaise foi notoire. Alors que d’une part, il assurait les leaders de l’ARN que son option n’est pas une recomposition politique qui exclurait tel ou tel parti mais plutôt une union bénéfique pour le pays ; et d’autre part, il opérait des actes de division au sein des formations politiques.
A titre illustratif, il faut rappeler cette grossière manipulation de certains députés ARN sur les antennes de la télévision nationale apportant leur soutien à la formation d’un gouvernement d’union nationale et ce, sans l’accord préalable de leur parti politique.
L’opposition n’a jamais été demanderesse d’un quelconque gouvernement d’union nationale. En acceptant le principe d’un gouvernement d’union nationale elle visait plutôt la recherche de la paix, de la stabilité et la création des conditions de déblocage de la situation socioéconomique et politique du pays.
Quant au Président de la République il ne visait manifestement que la consolidation de son pouvoir à travers trois axes majeurs :
ü Premièrement, sauver son régime qui, de manière inéluctable est, en train de sombrer, malgré les faux bilans et les autosatisfactions d’un capitaine narcissique aux commandes d’un bateau en naufrage;
ü Deuxièmement, diviser l’ARN et les partis qui la composent en cooptant individuellement les militants de l’opposition à des responsabilités gouvernementales ;
ü Troisièmement, créer un unanimisme de façade afin de se frayer un boulevard pour un second mandat à tour unique.
Telles sont en réalité les profondes motivations du Président de la République.
Par ses agissements, Monsieur Issoufou Mahamadou a fait perdre au Niger et aux Nigériens du temps et de la quiétude sociale en érigeant le dilatoire et la diversion en stratégie de dialogue avec l’opposition.
Dès lors, l’ARN avait considéré que le Président de la République avait définitivement clos le chapitre de gouvernement d’union nationale.
La publication du nouveau gouvernement le mardi 13 Aout 2013 avant même que les discutions sur les préalables n’aient été achevées montre la mauvaise foi et les calculs politiciens du Président de la République.
Par conséquent, les partis politiques membres de l’ARN tiennent à réaffirmer à l’opinion nationale et internationale leur appartenance à l’opposition et entendent continuer à jouer pleinement leur rôle voulu et souhaité par le peuple nigérien.
Les partis membres de l’ARN restent plus que jamais unis et solidaires pour faire face à toutes les adversités.
C’est pourquoi, consciente de la limite et de l’échec inéluctable du régime moribond du Guri-system, l’ARN appelle ses militantes et militants, sympathisantes et sympathisants à une mobilisation conséquente en vue de l’avènement d’une alternance politique démocratique hautement souhaitée par le peuple nigérien, dans le strict respect des lois et règlements de la République.
Enfin, l’ARN invite ses militantes et militants, sympathisantes et sympathisants à rester sereins et vigilants pour faire échec à toutes les tentatives de déstabilisation , d’intoxication et de division d’où qu’elle viennent.