La semaine dernière, votre journal se demandait si le gouvernement d’ nationale n’était pas un miroir aux alouettes. L’aboutissement, avec la formation du gouvernement le13 août dernier, des tractations débutées véritablement depuis huit mois donne toute la mesure du jeu dangereux auquel se livrent nos princes. De quoi s’agit-il ?
Le président de la République a, pour certaines raisons, estimé que la formation d’un gouvernement d’ nationale était rendue nécessaire.
La stabilité des institutions est la principale raison mise en avant. A l’épreuve des faits, le nouveau gouvernement est le ‘’plus grand commun diviseur’’ (PGCD). Il a été systématiquement procédé au débauchage des militants du MNSD. Six, dont le secrétaire général du bureau politique, les coordonnateurs des régions de Zinder, de Tillabéri, ont refusé de respecter la dernière décision du parti. Cette crise inutile est attribuée au parti au pouvoir et au président de la République (lire la déclaration de l’ARN). Evidemment le président par intérim du PNDS démentira. Le principal parti allié, le MODEN, connaîtra aussi son lot d’humeur.
Et c’est tout naturellement que ce parti suspendra sa participation au gouvernement récemment formé. Au lieu d’unir, de fédérer, le deuxième gou vernement de la septième République divise. Pour certains nigériens, le gouvernement d’ nationale n’est qu’un prétexte pour diviser les formations politiques en vue des élections prochaines. Ils se demandent pourquoi le président de la République a accepté de composer avec des militants de l’opposition sans la caution de celle-ci. L’envie de diviser ? Même les partis de la majorité ne sont pas épargnés par le germe de la division. Le Lumana en a fait les frais.
Les militants de l’ANDP se plaignent du partage. Tout cela peut être reglé par le dialogue. Par contre, les sorties de certaines personnalités risquent surtout de figer les positions. Trois malheureuses sorties méritent qu’on s’y penche. La sortie du tout nouveau ministre du Commerce est la première et de loin la plus grave. En voulant répondre à Ousseini Salatou, le porte parole de l’ARN, Alma Oumarou a fait une grave et très malheureuse allusion. Il a parlé de nazisme. Cette idéologie parle de race. Et à aucun moment Salatou n’a parlé d’ethnie. Voilà ce qu’on nous propose comme ministre. Des gens qui n’ont d’autres références que l’ethnie.
Parmi les transfuges, il n’y a plusieurs ethnies. Alma, Wassalké et Albadé ne sont pas de la même ethnie. La deuxième sortie est celle du président- longtemps intérimaire- du PNDS. Il s’en est pris à Seini Oumarou. Au cours de cette sortie, il a donné la preuve de la toute puissance de son parti. Albadé Abouba prendra plus d’une heure pour insulter Seini Oumarou, narguer les Nigériens sur la télévision nationale. Voilà du travail pour le CSC. C’est pourquoi certains considèrent que tout a été planifié. Pour d’autres le président Issoufou est sincère. Le seul problème est qu’il n’arrive pas à discipliner ses troupes. Et la dernière déclaration du bureau politique du PNDS en serait une preuve.
Cette déclaration lue par le nouveau ministre de l’Intérieur fait penser que la corde est rompue. Celui qui a la force publique a été très claire : « le PNDSTarayya, conscient de ses responsabilités de parti de gouvernement entend oeuvrer à conforter la stabilité des institutions, de la paix civile et des libertés publiques ». Il demande en substance au MODEN de reconsidérer sa position d’autant que « cet épisode ne pouvant en aucune façon conduire à une crise politique et institutionnelle ». Le PNDS est sûr de son fait. Ce qui peut paraître un excès de confiance. Comme celle affichée pour le gouvernement d’ nationale qui devait permettre aux nigériens de tous les bords de se retrouver mais qui a fini par diviser.
Seule l’avis du président de la République, le seul élu, peut, en pareille circonstance, être digne de confiance