Quand un événement découle de la passion, il est difficile de l’appréhender en faisant abstraction de cette même passion; ce qui, en politique peut conduire à des analyses passionnées qui ne servent pas forcément l’intérêt de ceux au profit de qui on prétend agir. En effet, la politique est passion et les événements que nous vivons présentement chez nous sont absolument teintés de passion.
Il reste que nous qui les apprécions devrions faire preuve d’une certaine élévation d’esprit pour ne pas tomber dans les mêmes travers, à savoir l’aveuglément consécutif à un quelconque positionnement clanique et partisan. La logique question à poser est celle-ci: qui des deux acteurs, PNDS et LUMANA FA, ferait quoi que l’autre n’aurait pas fait s’il se trouvait dans la même posture que l’autre? Le PNDS calculateur faisant des pieds et des mains pour affaiblir ses potentiels adversaires pour la conquête du prochain mandat et le LUMANA FA cherchant coûte que coûte à se soustraire des pièges du premier pour conforter sa position en vue des prochaines échéances électorales. Tout est là et, à examiner ces préoccupations avec lucidité, on s’apercevrait que tous les deux ont tort et tous les deux ont raison; questions de responsabilités à partager équitablement sur la même balance. Le seul hic dans cette affaire est le jeu sournois des conseillers occultes et des maîtres chanteurs tapis dans l’ombre et qui ne cherchent qu’à faire mal sans pouvoir proposer aucune alternative heureuse. En effet, on dit chez nous qu’il n’y a pas de mauvais chef; il n’ y a que de mauvais conseillers. Et, qui, comme chef, prêterait le flanc aux conseils occultes de ce genre de conseillers, risque de poser des actes pas du tout orthodoxes qui le mèneraient, Dieu seul sait vers quel précipice. Il était évident que depuis un certain temps, les choses n’allaient plus très bien entre le PNDS Tarraya et le LUMANA FA. Cependant, personne n’aurait imaginé un dénouement de la crise entre les ténors de la mouvance au pouvoir tel qu’il il se présente aujourd’hui; un divorce presque consommé, malgré les négociations de dernières minutes engagées à un très haut niveau. A qui profite tout ce branle-bas de consciences?
Si certains pensent qu’il est tout à fait normal que ce qui se passe aujourd’hui se produise, d’autres par contre commencent à fustiger le comportement de tel ou tel autre acteur à qui l’on reproche son excès d’exigences ou la trahison affichée dont il fait preuve vis-à-vis de son allié. Comme on le voit, la situation ne saurait trouver une appréciation juste, mathématique à travers laquelle on pèserait les responsabilités de l’un ou de l’autre acteur si jamais nous ne dépassionnons pas le débat. Il y a juste lieu de comprendre et d’accepter que nous sommes sur le terrain des calculs politiques et, au moment où le premier semble avoir trouvé une issue heureuse qui servirait ses intérêts, le second de son côté en fait autant, adoptant lui aussi la position qui servirait au mieux ses intérêts. Aucun mal à cela si tel est que le tout va continuer dans un climat serein, sans aucune animosité, sans que les agissements des uns et des autres n’hypothèquent le fonctionnement normal de l’appareillage étatique.
L’un dans l’autre, il y a lieu d’appréhender la situation avec lucidité, sans passion aucune, sans parti pris afin de servir à ceux qui ont soif de comprendre les enjeux réelles que déploient les forces en présence; ceuxla qui veulent que les choses se passent dans le strict respect de l’intérêt du peuple, des citoyens surtout qui n’ont jamais choisi de vivre ce genre de crises qui ne sont que l’émanation des calculs politiques claniques et partisans. Tout est parti de ce gouvernement d’union nationale que le Président de la République vient de mettre en place. En effet, ce qui saute aux yeux et qui est à l’origine de tout ce chambardement est la cooptation de quelques militants du MNSD par le PNDS Tarraya et cela au grand désaccord de leur entité politique d’origine. Quelques parlementaires et hauts cadres du parti ont décidé d’accompagner l’idée du Président de la République pour la formation du gouvernement d’union nationale. La question qui se pose à ce niveau est celle-la: le Président Issoufou voudrait- il de l’adhésion de tout le MNSD à la cause du gouvernement d’union nationale ou de quelques individus savamment choisis? Car, malgré le niet de la formation d’origine des déserteurs à savoir le MNSD Nassara, le Président Issoufou a accepté de les nommer et de les garder dans son gouvernement; ce qui semble, selon certains observateurs, à un débauchage de militant du MNSD au profit du PNDS. On n’en est pas là; cependant, le singe ressemble bien à l’homme. A moins que se sentant désormais en rébellion, ces déserteurs ne créent leur propre formation politique. Tout compte fait, cette rébellion est aussi observée au sein du LUMANA FA où au moins deux ministres en l’occurrence Mano Aghali et Ladan Tchana refuseraient d’obtempérer aux ordres du bureau exécutif de leur structure politique. Là aussi, il est fort probable que ces deux se retrouvent dans la même situation que les premiers du MNSD; à moins que, par une osmose très improbable, les deux camps de rebelles se joignent et fassent front commun pour enfin accompagner le Président Issoufou dans un cadre légal.
La donne est donc désormais très claire et tout se comprend fort aisément même par un vendeur de cola de Katako. Le PNDS Tarraya joue contre les intérêts de son principal allié le LUIMANA FA en cooptant notamment des individus du MNSD foncièrement opposés au président du Moden FA. On le sait très bien, les six ministres qui ont déserté le MNSD au profit du gouvernement d’union nationale sont les principaux artisans du tazartché, cette initiative qui a envoyé Hama Amadou en prison avant de précipiter la chute du MNSD Nassara. Vouloir donc mettre Hama Amadou ensemble avec ses bourreaux d’un jour qui sont encore capables de lui faire faux bond tout en refusant de conforter la position de son parti dans le gouvernement est une pilule très amère pour le LUMNA FA. Déjà que les militants de ce parti se plaignent du jeu déloyal de certains militants du PNDS; avec l’arrivée des mercenaires du MNSD, le LUMANA FA se retrouverait pris en sandwich par deux forces centrifuges qui ne lui feraient pas de cadeau. Que feriez vous si jamais vous vous trouvez dans une telle position? Répondez sans passion et, en attendant de trouver une réponse plausible, examinons la donne et voyons dans quel piège sournois on veut pousser le Président Issoufou Mahamadou. Au moment où les rhéteurs et autres théseurs fustigent la réaction du LUMANA FA, ces conseillers occultes reviennent non pas pour saluer le projet du Président Issoufou, mais pour le vilipender. Ils crient haut et fort l’incapacité des acteurs politiques issus de l’après conférence nationale à diriger le pays, arguant du fait qu’ils ne sauraient se débarrasser de l’éternel guéguerre qui les roingent et qui les empêchent de composer ensemble pour l’intérêt du pays. Ils rappellent avec joie les errements de Mahamane Ousmane, le fiasco du gouvernement de Issoufou Mahamadou, la dictature du RDP sous la conduite de l’incrédule Baré Mainassara et même les huit ans de la primature de Hama Amadou. Selon leurs analyses, tous ces acteurs se seraient montrés incompétents et la crise que l’on attise actuellement serait là pour le démontrer. Voilà les arguments que l’on veut servir au peuple, dans quel dessein? Vous perdriez la tête si vous arrivez à percevoir la manoeuvre. En effet, des acteurs cités, un seul échappe à leur analyse. Il s’agit du surhomme Tandja Mamadou qui, pendant plus de huit ans aurait conduit le Niger sur le chemin du bonheur, contrairement à Mahamane Ousmane, Issoufou Mahamadou, Hama Amadou qui ne sont là que pour des guéguerres inutiles. Voilà ce à quoi les théseurs veulent nous amener. Ainsi, le peuple entier, ce peuple grandiose de l’ère tazartché, sortirait comme un seul homme réclamer le sauveur; si on ne passait pas par qui vous savez pour imposer aux nigériens le père spirituel, le messie à poser les pierres fondatrices du nouveau Niger. Voilà, s’il vous plait, le Président Issoufou qui pensait déstabiliser ses adversaires, pris dans un piège sans fin duquel tous ne se relèveraient que par une baguette magique. Ne voit-on pas tout le fiasco auquel certains esprits malveillants veulent nous y conduire? Soyons un peu plus intelligents et agissons pour le seul intérêt du Niger.
