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Après la rupture : qui sera le bouc émissaire ?
Publié le mardi 27 aout 2013   |  Le Canard Déchaîné


Hama
© Autre presse par DR
Hama Amadou, président de l’assemblée nigerienne) et Issoufou Mahamadou, president du niger


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Depuis le départ du Mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine (MODEN FA Lumana africa) de la MRN, majorité, un coupable est recherché dans toutes les rues de Niamey. Des communiqués officiels sont mis à profit pour retrouver le bouc émissaire désigné bien avant la crise mais qui a pu s’échapper entre les doigts de ses bourreaux.

Lesdits communiqués sont appuyés par des rumeurs les unes plus folles que les autres. On entend que Hama Amadou et Issoufou Mahamadou se sont rencontrés tard dans la nuit du 23 au 24 août 2013, on entend également que les deux hommes se sont réconciliés et que la fin de la crise n’est qu’une question de minutes. Le temps de finaliser des documents devant être signés par les deux anciens alliés. A la lumière des faits, tout ceci n’est que chimère. La rupture est bien consommée entre PNDS et Lumana et nul ne peut savoir si ces deux formations politiques vont se retrouver ou pas, dans un proche ou lointain avenir. Ce qui est sûr, Lumana a ses raisons avouées et inavouées de claquer la porte. Le PNDS-Tarayya également a ses raisons avouées et inavouées d’avoir gentiment poussé son principal allié vers la porte de sortie.

Les raisons de Lumana

Celles avouées sont la discrimination et la marginalisation dont le parti et ses militants ont été victimes depuis plusieurs mois maintenant. Si pendant une année, les agissements du parti au pouvoir ont été plus ou moins supportés, le nouveau gouvernement avec en toile de fond l’entrée des militants du MNSD-Nassara a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les raisons inavouées sont ébauchées par le bureau politique du MDN Lumana dans sa déclaration du 17 août en ces termes : « le Bureau Politique National du MODEN/FA Lumana-Africa, invite ses militantes, ses militants et sympathisants à garder leur sérénité ; à rester unis, solidaires et mobilisés pour répondre à ses mots d’ordre, afin que notre parti ne soit la victime innocente, de manoeuvres politiciennes malveillantes d’une époque politique bel et bien révolue ». Ce sont les mots choisis pour tenter d’alerter l’opinion. Et c’est le président du MNSD-Nassara, chef de file de l’opposition qui donnera la signification des « Manoeuvres politiques malveillantes » en disant que le plan B du PNDS-Tarayya est de faire en sorte que les présidents des 2ème, 3ème et 4ème forces politiques à savoir luimême Seïni Omar, Hama Amadou et Mahamane Ousmane ne soient plus à la tête, respectivement, du MNSDNassara, du MODEN-Lumana et du CDS-Rahama.

Si cela s’avérait, le parti de Hama Amadou avait le choix entre rester dans la mouvance pour la renaissance du Niger (MRN, majorité) et participer ainsi à sa lente destruction ou alors prendre son courage à deux mains et affronter le danger de face et non le subir dans le dos. Le choix n’a visiblement pas été très difficile.

Qu’en pense le PNDS-Tarayya ?

C’est là qu’il est hasardeux de tenter une réponse tant le « parti de gouvernement » est ambigu dans ses déclarations. D’abord, juste après la suspension de participer aux activités du gouvernement, le PNDS en répliquant, déclare que « la nomination des membres du gouvernement est un pouvoir que le président de la République ne saurait partager ». En termes clairs, c’est une façon de fermer la porte à toute forme de négociations avec Lumana qui venait de mettre un pied dehors. Et dans la même déclaration, le PNDS demande à son allié de « reconsidérer sa position ». Ce qui est une manière de dire au MODEN-Lumana que c’est lui qui a intérêt à ne pas quitter la MRN et il doit y rester même si aucune concession ne lui sera faite. Cette hypothèse est confirmée par le conseiller spécial du chef de l’Etat Sanoussi Tambari Jackou. Réagissant pour démentir des informations diffusées sur la télévision Bonferey faisant état de ce que le président Issoufou s’est retiré dans son village natal pour des vacances, Sanoussi Jackou dira en substance que c’est lui-même qui a informé le président Issoufou du retrait des ministres de lumana du gouvernement et qu’il n’a perçu aucun sentiment de sa part. Ainsi donc cela n’a fait ni chaud ni froid au président de la République d’être à un doigt de perdre son principal allié. Comment cela est-il possible si Issoufou Mahamadou ne s’y attendait pas, ne voulait pas de ce départ ?

La réponse à cette question nous viendra de la déclaration du PNDS datée du 23 Août 2013 aussitôt après le départ de Lumana de la MRN. Le parti au pouvoir dira dans son dernier paragraphe : « le PNDS-Tarayya tient à rassurer les Nigériens et l’opinion publique nationale et internationale, que, malgré cette regrettable situation, la Mouvance pour la Renaissance du Niger, MRN, avec ses trois groupes parlementaires qui sont le groupe parlementaire PNDSTarayya, le groupe parlementaire des Démocrates et le groupe parlementaire ANDP-Zaman lahiya, conserve sa majorité à l’Assemblée Nationale et que la stabilité politique et institutionnelle est ainsi assurée. D’autres députés de divers courants politiques, manifestent aussi régulièrement leur soutien à la démarche engagée par le Président de la République d’unir les Nigériens. »

Deux informations sont importantes à retenir. Premièrement, le départ du parti de Hama Amadou est un non évènement en ce qu’il ne change rien à la force de la MRN qui conserve toujours sa majorité. Deuxièmement, des « députés de divers courants politiques » dont certainement quelques- uns de Lumana sont déjà préparés pour se désolidariser de la décision de leur bureau politique national. Alors, la sortie de MODEN de la MRN étant annoncée le 22 Août, estce entre le 22 et le 23 que l’adhésion de ces députés « renforts » a été cherchée et obtenue ? Cela suppose qu’il y a eu plusieurs semaines, voire des mois de négociations pour aboutir à une telle assurance. Ce qui conforte les inquiétudes du MODEN FA lorsqu’il parle de « manoeuvres politiques malveillantes ». Tout ceci laisse penser que le PNDS-Tarayya a effectivement cherché et oeuvré au départ de son principal allié d’avant-hier pour des raisons dont lui seul connaît les profondeurs. Le retrait du MODEN FA de la majorité est donc une victoire pour le parti au pouvoir. L’enjeu présent est désormais à qui faire porter le chapeau. Il ne serait pas moralement correct que l’opinion pense que le parti socialiste a « chassé » le parti qui lui a pourtant assuré la victoire présidentielle. C’est un peu comme on le voit dans certains films, c’est l’amant qui tue sa maîtresse pour ensuite s’arranger à faire accuser le mari qu’ils ont pourtant trompé ensemble. La politique, c’est aussi du cinéma et les mises en scènes sont impitoyables.

Ibrahim YERO

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