Depuis bientôt un mois, une nouvelle épidémie fait rage un peu partout dans le monde: celle de la fièvre du ''Harlem Shake''. Plus qu'un phénomène, le ''Harlem Shake'' est une folie des temps modernes qui menace de contaminer les jeunes du monde entier. Il s'agit de scènes de ''flash mob'' ou mobilisation éclair au cours desquelles on voit un groupe de personnes jaillir comme du néant, pour investir un lieu public et se mettre à danser, disons à gigoter dans tous les sens, et à la diable, avant de se disperser rapidement.
Tout a commencé le 2 février dernier avec la mise en ligne sur internet d'une vidéo intitulée ''Do the Harlem Shake'' où on voit quatre jeunes japonais déguisés, en combinaisons moulantes, se déhancher de façon absurde, dans une petite pièce, aux rythmes endiablés d'un morceau de ''Harlem Shake'' réalisé par un célèbre DJ new-yorkais. Et ce fut le déclic ! En l'espace de 9 jours, plus de 11 000 répliques sont mises en ligne, générant ainsi 44 millions de vues, et près de 4 000 variantes quotidiennes. Et deux semaines plus tard, il a été dénombré environ 50 000 séquences Harlem Shake sur Youtube pour 250 millions de vues.
Sur toutes les vidéos, le topo est presque le même : un individu souvent masqué et déguisé se trémousse au milieu d'un groupe de personnes complètement insensibles à son originalité. Mais après, tout le groupe, les uns après les autres, se mettent à se trémousser dans une scène digne d'une hystérie collective. En quelques semaines, le phénomène a atteint une envergure mondiale. La fièvre du ''Harlem Shake'' monte et gagne du terrain dans tous les continents. Entre autres domaines touchés, il y a surtout ceux de l'éducation et du sport. Ainsi, les nageurs de l'université de Géorgie aux Etats-Unis, les rugbymen de Toulon, le club de football de Manchester City, les basketteurs des Dallas, ou encore le célèbre champion olympique Usain Bolt et amis, ont tous cédé à la folie Harlem Shake.
En Tunisie, le phénomène a carrément pris une tournure politique. Cette nouvelle extravagance juvénile est devenue un sujet de controverse entre des jeunes laïcs et les islamistes radicaux suite à la diffusion d'un clip organisé par des lycéens, parmi lesquels les uns dansent en sous-vêtements et les autres exhibant des barbes de salafistes. Et lorsque, mercredi dernier, plus de 200 étudiants se sont aussi rassemblés dans la cour de l'Institut des langues Bourguiba de la cité El Khadra, pour organiser un ''Harlem Shake'', les foudres des islamistes radicaux n'ont pas tardé à tonner. Après une rude épreuve d'échanges de coups de poing entre les deux clans, les islamistes se sont finalement repliés. Ce qui a fait croire à certains observateurs que dans le cas précis de la Tunisie, derrière l'absurde du Harlem Shake, se cacherait un appel à la révolution qui ne dit pas son nom.