La crise politique au Niger est loin de connaître son épilogue et risque même de connaître de nouveaux soubresauts dans les jours à venir. Ce samedi 31 Août, 68 députés ont publié une déclaration dans laquelle ils apportent leur soutien au Président de la République. Pour l’essentiel, il s’agit des parlementaires membres de la mouvance présidentielle réunie au sein du MRN. En plus du groupe parlementaire du PNDS le parti du Président de la République (37 députés), on retrouve ceux du groupe parlementaire des démocrates composés des députés de l’UDR Tabat et du RDP Jama’a (13députés) et ceux de l’ANDP Zaman Lahiya (8 députés).
La grosse surprise, c’est la présence parmi les signataires de la déclaration de 10 députés du MNSD Nassara, le principal parti de l’opposition parlementaire. Il s’agit des députés des régions de Tahoua et de Zinder dont les présidents des sections, Albadé Abouba et Alma Oumarou sont partis récemment rejoindre le camp présidentiel.
La mouvance présidentielle MRN continue donc à piocher dans les rangs de l’opposition politique après la crise provoquée par le départ de plusieurs de ses membres au gouvernement. Cette fois, la crise qui se transpose au Parlement risque de s’avérer plus compliquée que la gestion de celle qui a pris naissance au gouvernement et qui a fini par engendrer le retrait du MODEN Lumana, le principal allié du PNDS de la majorité MRN.
Selon des informations dont disposent actuniger et confirmées par de sources bien placées au plus haut niveau de l’exécutif, il s’agit de la première vague de députés qui va faire défection. Initialement, la déclaration devrait porter la signature de 73 députés avec 3 du MODEN Lumana et 14 du MNSD Nassara soit près de la moitié du contingent du parti de Seyni Omar au Parlement. Visiblement, le camp présidentiel n’a pas encore pu provoquer la scission du groupe parlementaire Lumana mais les mêmes sources nous ont confirmées que les tractations se poursuivent. Il faut noter que le groupe parlementaire Lumana (25 députés) a dernièrement sorti une déclaration dans laquelle il apportait son total soutien au président Hama Amadou et à la direction politique nationale du parti.
Les mêmes sources nous ont fait savoir que l’objectif pour le camp présidentiel est d’arriver à constituer une majorité de 76 députés au Parlement, ce qui donnera au MRN le quota de 2/3 de parlementaires. Les raisons de cette quête de députés est de mettre à l’abri le gouvernement et donc le régime de la Renaissance mais surtout de tenir Hama Amadou en laisse. Avec une majorité solide qui détiendrait 2/3 des députés, le président de l’Assemblée nationale pourrait être débarqué de son poste par une motion de défiance à moins qu’il ne démissionne de son plein gré vu que son parti s’apprête à rejoindre l’opposition. C’est ce que dit le règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui dispose dans son article 48 que : « En cas de crise de confiance entre le Président de l’Assemblée nationale et les députés, celui-ci peut-être destitué. L’initiative de la destitution est signée par la moitié des membres composant l’Assemblée nationale. La destitution est adoptée à la majorité des deux tiers (2/3) des députés ». Cela sans porté préjudice à la Constitution qui dispose que le Président de l’Assemblée nationale est élu pour la durée de la législature, ce que reprend le règlement intérieur du Parlement.
Il reste à attendre la réaction des partis concernés principalement le MNSD Nassara. En cas d’exclusion par le parti des députés qui ont fait défection, ceux-ci ne peuvent en aucun cas rejoindre un autre groupe parlementaire mais continueront à siéger comme indépendants au Parlement. Ils pourront de ce fait continuer à soutenir la majorité. S’ils démissionnent par contre de leur parti, ils sont automatiquement déchus de leurs mandats. C’est ce que disposent la Constitution de la 7e République et le règlement intérieur de l’Assemblée nationale. L’article 87 dans son aliéna 4 dispose que « Pendant la législature, tout député qui démissionne de son parti politique perd son siège et est remplacé par son suppléant. Le député qui est exclu de son parti siège comme indépendant au sein de l'Assemblée nationale. Il ne peut, en aucun cas, s'affilier à un autre groupe parlementaire au cours de la législature ». En clair, la partie est loin d’être gagnée pour le camp présidentiel et l’opposition politique n’est pas prête de retrouver ses marques en dépit de la probable arrivée du MODEN Lumana.