Au LUMANA FA, si le président régional de Tahoua Sala Habi semble vouloir obéïr aux exigences de sa base qui lui a intimé de rester dans le gouvernement d’union nationale d’Issoufou Mahamadou, que dire alors de la conduite de Ladan Tchana et de Mano Aghali ?
Faudrait-il se résoudre à comprendre que dans l’entourage du président Hama Amadou il y a des brebis galeuses ? Une union sans âme ? On n’en serait peut être pas arrivé à ce stade. La question qu’il faut se poser est celle-là : quelle est la motivation première des déserteurs? Cette question mérite fort bien d’être posée eu égard aux arguments déployés par les plus fidèles de Hama Amadou. En effet, l’ultime péché que le LUMANA FA reproche au PNDS est de vouloir agir contre ses intérêts et de vouloir par conséquent déstabiliser ce parti. En clair, LUMANA reproche au PNDS de faire cavalier seul dans une Alliance qui a pourtant conquis le pouvoir ensemble. Oublions donc le faux débat posé par les démons de la diatribe qui se concentrent plutôt sur l’histoire des «ministères coquilles vides». D’ailleurs, ce débat n’est-il pas hypocrite tout comme les faucons qui l’entretiennent? On se plait à démontrer que les ministères octroyés à LUMANA FA sont bien juteux car ils offrent beaucoup d’opportunités. Si l’on appréhende la question ainsi, reconnaissons donc qu’il y a bien des ministères juteux plus que d’autres. Ceci est renforcé par la question aussi des ministères stratégiques. Qui dira qu’il n’y en a pas ? Alors, cessons de jouer avec le peuple et reconnaissons qu’il y a bien une classification des ministères. N’a-t-on pas pendant longtemps considéré le ministère des Enseignements supérieurs comme un poste difficile? Etre nommé à cette place équivaudrait à une liquidation en bonne et due forme. Ainsi aussi des ministères comme la Santé, la Fonction publique où les exigences des travailleurs sont quotidiennes. S’il vous plait, arrêtons ce faux débat. Si donc nous nous en tenons aux arguments déployés par le LUMANA FA, on s’apercevrait aisément qu’il y a quand même un grain de logique et de vérité. Pourquoi alors les ministres de Hama Amadou ne voient-ils pas le danger qui menace leur formation politique? Ou bien seraient-ils juste au LUMANA FA pour la forme? Ce qui surtout surprend, c’est la conduite de Ladan Tchana. Certes, on a toujours susurré que Tchana serait le plus souvent opposé à Hama Amadou et que Sala Habi serait aussi le seul qui ose taper du poing sur la table face à Hama. Cependant, tous les deux ont connu l’épisode douloureux des P.H.A avant de jouer un des premiers rôles dans la création du LUMANA FA. Pourquoi donc après avoir souffert le chaud et le froid pour mettre cette formation politique en place, Ladan Tchana serait aussi l’homme qui voudrait la voir s’effriter et tomber en décadence? Cette analyse vaut aussi pour Sala Habi et même pour Mano Aghali car ce ne sont pas les premiers venus au LUMANA FA. A moins que ces gens n’aient eu de propositions mirobolantes de la part du Président Issoufou Mahamadou. Quelles seraient-elles ? Celles de s’éterniser au pouvoir ou bien celles de se renflouer les poches? Dieu seul le sait.
Du côté du MNSD Nassara, les choses ne sont pas aussi corsées qu’au LUMANA FA. En effet, l’on se rappelle que durant l’épisode Tazartché, le MNSD était devenu une affaire non pas de parti, mais d’hommes. Eh oui, des hommes influents et très proches de Tandja Mamadou ont usurpé toute légitimité au parti pour se consacrer en bouclier du président. Ces hommes, on l’a compris après, n’avaient aucune légitimité populaire et ils s’en fichaient pas mal de la démocratie. L’essentiel est que Tandja bénéficie d’un bonus de trois années durant lesqueles il va préparer et imposer au peuple un dauphin qu’on a encore du mal à détecter. En tout cas, tout sauf Seini Oumarou qui sait très bien qu’il n’est que le dindon de la farce. A bien y regarder, ce sont ces hommes qui auraient choisi de déserter le MNSD et de s’accrocher au gouvernement du président Issoufou Mahamadou. De déserter peut être pas car une option leur serait ouverte: ces gens pourraient très bien éjecter Seini Oumarou de son siège ; ont-ils jamais apprécié qu’il soit le président du MNSD? Même si cette option n’arrange pas véritablement le PNDS, elle aurait quand même l’avantage d’avoir provoqué une vraie scission au sein du MNSD car jamais Seini n’acceptera qu’il soit éjecté tel un parachute.
Tout compte fait, au MNSD, on comprend beaucoup plus aisément la motivation de ceux qu’il faut appeler les déserteurs en attendant d’avoir mieux. Le but ultime est de déstabiliser ce parti tout en le soustrayant des mains de Seini Oumarou. L’un dans l’autre, cette motivation ne prend-elle pas jour au sein du LUMANA FA? Ce n’est peut être pas évident car, contrairement au MNSD, le LUMANA FA a encore avec lui une base solide et des lieutenants très charismatiques toujours fidèles au président Hama Amadou. A Niamey, le gigantesque électorat y est sous la bannière des guerriers comme Oumarou Dogari, Soumana Sanda, Seini et le groupe choc des femmes LUMANA FA. A Maradi, à Tillabéri, un peu partout le LUMANA FA garde encore ses chances intactes. Attendons de voir ce que cela va donner du côté du MNSD Nassara.