« Le groupe parlementaire a appris également que le gouvernement se prépare à monter des faux dossiers soit disant de coup d’Etat et d’y impliquer les principaux responsables du parti. » c’est là un extrait de la déclaration publié par le groupe parlementaire MODEN FA le lundi 2 Septembre dernier. Cet extrait répond peut-être à notre question.
L’un dans l’autre, ce n’est pas une surprise. Tous les analystes objectifs s’attendaient à des « représailles » après le départ du MODEN Lumana de la majorité au pouvoir. Mais ce que beaucoup prédisaient était plutôt les « dossiers » commandés que le régime Tandja avait inaugurés dans les moeurs politiques du Niger. On s’attendait aux dossiers surtout au vu du dispositif récemment mis en place par le régime. D’abord, le remue-ménage dans le secteur de la justice et la nomination de Massaoudou Hassoumi, qui quitte son prestigieux poste de directeur de cabinet du chef de l’Etat pour occuper le puissant ministère de l’Intérieur et celle de Alkache Alhada, ancien directeur de cabinet adjoint du président de la république, qui prend le contrôle de la Cour des comptes.
Selon toute vraisemblance même si « les dossiers » viendront plus tard, des accusations plus graves pourraient les devancer.
Le député Jafarou Moumouni élu sous la bannière du MODEN FA, malgré son immunité parlementaire est aux arrêts depuis lundi suite aux affrontements ayant opposé forces de l’ordre et habitants de son quartier et circonscription électorale, Goudel. Pour l’instant aucune voix officielle n’a donné les raisons pour lesquelles il a été interpellé. On sait juste que le gouverneur de Niamey l’a ouvertement accusé hier dans une conférence de presse relative aux évènements de Goudel.
Le MODEN FA Lumana africa est visiblement inquiet de son sort. Bien avant, le jour même de son retrait de la MRN, il a tenté de tirer la sonnette d’alarme sur les complots qui seraient ourdis contre lui.
Ce qui est sûr, si on veut atteindre le sommet du parti, il faut trouver autre chose que les dossiers de gestion. Il serait en effet, politiquement incorrect d’invoquer la gestion de Hama Amadou à la primature de 2000 à 2007 parce qu’il a quitté la majorité au pouvoir alors que pendant près de 3 ans, on n’a rien dit. Aussi, l’Assemblée nationale vote son budget qui du reste est autonome, et son président ne gère pas l’argent. Donc de ce côté-là, il n’y a rien à chercher.
Mais ce n’est pas pareil pour tous les grands militants du MODEN FA ayant occupé des postes de responsabilités. Les anciens ministres, les gouverneurs, directeurs généraux de société publique et autres doivent tous s’attendre à être appelé « à la barre ». Il ne s’agira pas d’avoir bien ou mal géré. Un régime qui a pu « prendre » un élu jouissant de l’immunité parlementaire ne fera de celui qui n’en a pas qu’une seule bouchée. Une alternative risque de se poser à tout ce beau monde qui a occupé ou occupe encore des postes de responsabilité plus ou moins importants : démissionner de Lumana ou aller au gnouf. Le choix ne sera pas difficile pour certains qui vont préférer assurer leurs arrières mais il y en a qui risque de payer cher leur fidélité au parti. En tout cas, la chasse aux sorcières n’est pas très loin. Jusque-là, les spécialistes du régime de Issoufou Mahamadou ont réussi leur entreprise le seul bémols est qu’ils ont aussi réussi à se mettre sur le dos toutes les principales formations politiques du pays. Si le régime avait pu garder sa sympathie avec le MNSD-Nassara, c’est avec plaisir que ce dernier observera la grillade à petit feu du parti de Hama Amadou. Et après le régime pourrait se retourner contre lui avec l’assurance de le vaincre. Mais les choses ayant été précipitées l’opposition et le MODEN FA ont désormais compris que pour survivre ils sont condamnés à rester ensemble. Voilà essentiellement ce qui pourrait compliquer l’oeuvre des spécialistes du Guri Système.
Avec une opposition aussi forte, il est difficile de « manoeuvrer » discrètement. Il va falloir employer les gros moyens et dans ce cas tout le monde y compris la communauté internationale va vite comprendre le manège. L’autre épine dans le pied du Guri, c’est les « manoeuvres » ne laissent aucune place à la gestion du pays. Les énergies, les intelligences et les moyens sont mobilisés pour arriver aux fins et de l’autre côté, la gouvernance est reléguée au second plan. La conséquence directe sera l’accentuation du mécontentement général déjà suffisamment élevé à un niveau pas souhaitable pour un régime. Pour réussir certaines opérations il faut bénéficier d’un minimum de soutien du peuple et comment avoir ce soutien si ce peuple est insatisfait ou pense qu’il est oublié par ceux à qui il a confié son destin ?