Décidément, l’histoire et en train de donner raison à ceux qui avaient dès le début, prédit l’échec de l’alliance entre le PNDS-Tarayya de Issoufou Mahamadou et du tout nouveau parti, le Mouvement Démocratique Nigérien pour une Fédération Africaine MODEN-FA Lumana de Hama Amadou.
A l’époque, cette alliance à l’allure d’un sacrifice douloureux, s’est concoctée dans le seul but de faire barrer la route au Mouvement National pour la Société de Développement (MNSD-Nassara) de Tandja Mahamadou que le commandant Salou Djibo venait juste de démettre à travers un coup d’Etat militaire, le 18 février 2010. Le parti Lumana Africa, principale allié du PNDS, avait alors joué un rôle capital dans l’accession de Mahamadou Issoufou à la magistrature suprême. Une élection qui, en son temps, avait été salué par tous, y compris par Seini Omourou, challenge de Issoufou Mahamadou. Un comportement qui fait école actuellement. Cependant, les observateurs étaient alors unanimes, sur l’aspect aléatoire de ce pacte que d’aucuns appelait avec humour « alliance contre nature » car, n’étant aucunement fondée sur des bases politiques tenant compte de la compatibilité ni des idées défendues mais sur des humeurs et calculs politiciens.
Les deux principaux alliés savent que leur « affaire » est loin d’être un pacte réussi et que chacun doit être sur ses défenses et surtout ne pas se laisser surprendre. Cependant, le PNDS était dans son rôle d’opposant prêt à s’entendre avec toute force capable de l’aider à atteindre son objectif : celui de prendre le pouvoir au MNSD-Nassara, à un parti trop enraciné dans le paysage politique nigérien. La nouvelle formation politique, émergeante, Lumana-Africa, revancharde et obnubilée par l’emprisonnement de son leader, Hama Amadou, pour une faute qu’elle estime minime, était dans les meilleures dispositions pour mettre les intérêts politiques au devant de tout. Elle s’est vite laissée embarquée dans une aventure qu’elle savait très risquée.
Le PNDS en position de faiblesse avait choisi de faire profil bas en cachant ses appréhensions et ses susceptibilités. Et cela a eu le mérite d’endormir les lumanistes, à l’époque. Mais l’antipathie politique développée entre les leaders dans les années glorieuses de la 5ème République était loin de disparaître comme par enchantement. Cela a peut-être échappé aux deux partis mais au file du temps, la cohabitation a pris une allure de méfiance.
PNDS contre Lumana
Les militants du PNDS-Tarayya, n’arrivent plus à croire en la sincérité de leur principal allié, convaincus qu’ils étaient, qu’à tout moment, celui-ci pouvait retourner sa veste et renverser la situation en sa faveur. Ils estimèrent alors, qu’il valait mieux avoir un œil sur ce bouillonnant allié. Pour le PNSD qui avait passé toutes ses années à l’opposition, a diabolisé Hama Amadou, le tout puissant Secrétaire Général du MNSD et également Premier ministre de la 5e République, il était difficile d’invité cet ancien adversaire à sa table. Surtout s’il le considérait comme la « bête noire », l’empêcheur de tourner en rond. Bref, celui qui empêchait le PNDS d’atteindre ses objectifs. Que faut-il donc faire, il faut à tout prix l’écarter du « jeu ». Cette vision a été cultivée au sein du PNDS au point d’en faire une fixation. Et, c’est encore ce préjugé qui constitue jusqu’à présent le point d’achoppement entre les deux, désormais, anciens alliés du MRN.
Lumana contre PNDS
Pour certains militants, l’objectif est atteint ! A l’époque, le but était d’abattre le MNSD de Tandja le Tazartiste. Ce dernier fut finalement vaincu. Mais pour des politiciens avertis comme Hama Amadou, « la politique a des règles que la passion et les humeurs ne connaissent pas ». Ce pourquoi, selon celui-ci, il faut éviter de frustrer ceux qui ont compatis à sa situation lors des moments difficiles dans l’affaire fonds d’aide à la presse. Hama pouvait marcher la tête haute sans crainte s’il était convaincu de la sincérité de son allié. La suspicion et la méfiance se sont installées entre les deux partis. Le terrain de prédilection choisi par le PNSD et Lumana pour s’attaquer mutuellement était les colonnes de certains journaux de la place.
La gestion des inondations a permis aux Nigériens de prendre la mesure du malaise qui s’était installé entre les deux alliés qui n’ont pas pu taire leur divergence. Au contraire, cela n’a fait qu’exacerber les susceptibilités, d’où, le climat de « guerre froide » qui s’est installé jour après jour entre eux. La rumeur sur l’audit de la gestion de Hama Amadou, Premier ministre de Tandja Mahamadou entre 2000 et 2007 a précipité les choses. Le dernier remaniement du gouvernement de Brigi Raffini a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les militants de Lumana sont, à tort ou à raison, persuadés que leur parti est menacé et qu’il faut mettre fin à cette situation.
Mais au lieu de prendre véritablement la mesure des choses, MODEN/FA Lumana s’est précipité dans une guerre ouverte qui portera finalement atteinte à la cohésion du parti. La dernière déclaration du bureau politique national du Lumana Africa, de quitter l’alliance MRN, mettra fin à une idylle qui n’aura duré que deux ans et demi. L’appel du PNDS à la retenu n’aura donc pas convaincu le Lumana qui s’embourbe dans une crise interne. Entre le PNDS et le Lumana c’est le désamour. La session prochaine de l’Assemblée nationale s’annonce houleuse surtout, avec la récente sortie médiatique de 68 députés de la majorité comme de l’opposition, le MNSD compris, pour assurer le Président Issoufou de leur soutien. Que Dieu protège le Niger !