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Pour mettre le président Issoufou en Cohabitation, Hama s’est engagé trop en retard
Publié le dimanche 8 septembre 2013   |  Le Témoin


Hama
© Autre presse par DR
Hama Amadou et Issoufou Mahamadou


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Pour mettre le président Issoufou en Cohabitation, Hama s'est pris trop retard Dès que le MODEN FA Lumana de Hama Amadou a annoncé son départ du MRN (Mouvement pour la Renaissance du Niger), alliance au pouvoir, les spéculations ont commencé et beaucoup évoquent les risques d'une grave crise politique comparable à celle de 1995 qui avait abouti au coup d'Etat de janvier 1996.



On se rappelle qu'en 1994, le départ du PNDS-Tarayya de l'AFC (Alliance des Forces du Changement) avait provoqué un changement de majorité. Ce qui avait poussé le président Mahamane Ousmane à dissoudre l'Assemblée nationale et à organiser des élections législatives anticipées. A l'issue de ces élections, les nouveaux alliés (MNSD, PNDS et les partis qui leur sont affiliés) avaient obtenu une majorité des députés à l'Assemblée et contraint le président Ousmane à une cohabitation. Une cohabitation qui avait occasionné le blocage de l'administration publique et donné prétexte au chef d'Etat major de l'armée de l'époque, Ibrahim Baré Maïnassara, de renverser le régime, interrompant ainsi la première expérience démocratique du pays.

démocratique du pays. Tous les observateurs ont la conviction que, aujourd'hui encore, si la nouvelle alliance MNSD-Nassara (ou disons laile restée fidèle à Seini Omar) et MODEN FA-Lumana, qui se dessine, dispose d'une majorité à l'Assemblée nationale, le président Issoufou dissoudra l'Assemblée pour tenter de recueillir une nouvelle majorité parlementaire au près des électeurs. Ce qui n'est pas gagner et il peut se retrouver contraint à vivre une cohabitation comme Mahamane Ousmane. Et bien que la constitution de la 7ème République, différemment de celle de la 3ème République, clarifie mieux les rôles en cas de cohabitation, il est fort à craindre que les acteurs politiques ne jouent pas convenablement le jeu et que le blocage soit inévitable. Ce qui fera le lit de toute sorte d'aventure.

Mais, il faut constater que pour le moment on n'en est pas encore là.

A en croire les acteurs de la majorité, le président de la République s'était préalablement assuré d'une majorité confortable à l'Assemblée nationale avant d'indiquer la porte de sortie à Hama Amadou. Les trente-sept (37) députés du PNDSTarayya, les treize (13) du groupe des Démocrates (RDP-Jama'a et UDR-Tabbat) et les huit (08) de l'ANDP-Zaman Lahia, cela constitue une courte majorité de cinquantehuit (58) députés pour la mouvance présidentielle. Et pour se prémunir de toute surprise, en provenance surtout du RDP et de UDR (dont les députés ne nourrissent pas beaucoup de sympathie pour le PNDS), la présidence a pris soin de piocher dans les rangs du MNSD-Nassara. Selon les auteurs de la déclaration du 31 août 2013 (voir cidessous), il y a dix (10) députés du MNSD qui sont avec mouvance présdientielle. Pour convaincre des députés MNSD et les réticents du RDP et de URD, les démarcheurs du président ont joué sur la peur, qui est réelle chez certains députés, de ne pas retrouver leur poste si des élections anticipées venaient à être organisées avec la participation de tous partis qui comptent. Il est effectivement sûr que tous les députés MNSD de Maradi ne reviendront pas si le PNDS, LUMANA, CDS et RSD participent aux élections, contrairement à la dernière fois. Idem pour ceux du RDP et de l'UDR de Zinder et de l'ANDP de Maradi. Il faut savoir que les députés, à leur installation, s'endettent beaucoup pour s'équiper et que beaucoup d'entre eux ne sauraient faire face aux échéances sans leurs indemnités. Et si parallèlement il y a eu un peu d'argent, comme le racontent les détracteurs, cela les aurait aider beaucoup plus facilement à constater ce qu'ils ont à perdre si le président Issoufou dissout l'Assemblée Nationale.

Dans les rangs du MNSD, on a noté effectivement que le PNDS a inoculé le virus de la peur dans les esprits de certains députés. On se désole aussi des dispositions de l'article 87 de la Constitution qui laisse au député la possibilité de faire de l'indiscipline sans risque. Cet article dit : ''Pendant la législature, tout député qui démissionne de son parti politique perd son siège et est remplacé par son suppléant. Le député qui est exclu de son parti siège comme indépendant au sein de l'Assemblée Nationale. Il ne peut, en aucun cas, s'affilier à un autre groupe parlementaire au cours de la législature.'' Les députés du MNSD qui font autre chose que ce que dit leur bureau politique savent donc qu'ils n'ont rien à craindre tant qu'ils ne quittent pas d'euxmêmes leur parti.

Mais surtout, on se plaint du fait que si le PNDS a eu le temps de convaincre des députés MNSD, c'est bien à cause des tergiversations de Hama Amadou. On se rappelle en effet qu'à la veille de l'ouverture de la session parlementaire de mars dernier, la classe politique et les observateurs avaient à l'esprit qu'un évènement majeur se préparait. On s'attendait, à l'occasion de cette session, à ce que le MODEN FA Lumana du président de l'Assemblée Nationale Hama Amadou annonce son départ de la MRN et entraîne dans sa suite le RDP-Jama'a et l'UDR-Tabbat pour constituer une nouvelle majorité avec le MNSD et ses alliés de l'Alliance pour la Réconciliation Nation (ARN, opposition). La mouvance présidentielle, qui ne comptera que le PNDS et l'ANDP allait se retrouver avec seulement quarante cinq (45) députés. Même en cas de dissolution de l'Assemblée nationale et l'organisation d'élections législatives anticipées, la situation n'aurait pas été meilleure pour la mouvance présidentielle. En plus de CDS qui reviendra avec un nombre de députés beaucoup plus important, le MNSD allait faire campagne en rangs serrés et profiter d'une opinion publique favorable.

L'opinion était vraiment préparée à une inévitable cohabitation, surtout que quelques jours avant l'ouverture de la session, Hama Amadou avait fait le tour de quelques militants et bailleurs de fonds de Lumana (surtout ceux de Lomé, Cotonou et Accra) pour justifier la décision qu'il s'apprêtait à prendre. Mais, au lieu de l'annonce attendue du départ de LUMANA de la MRN, le président l'Assemblée nationale prononce un discours dans lequel il s'en est énergiquement pris à la presse indépendante qui avait eu le culot de révéler à l'opinion son projet de recomposition des alliances. Pour ce qui est de quitter la mouvance présidentielle, Hama annonce que ce n'est pas à l'ordre du jour pour un besoin de stabilité pour le pays.

Très surpris par cette volte-face, ses potentiels alliés qui l'attendaient dehors ont appris par la suite, que la présidence de la République a joué, une fois de plus, sur les dossiers qui dorment dans les tiroirs pour amener l'enfant terrible de Youri à tempérer ses ardeurs. Il faut souligner, entre parenthèses, que la situation dans laquelle se retrouve Hama doit donner à réfléchir à tous les dirigeants. A savoir qu'une mauvaise gestion, ça rattrape toujours, quelque soit le temps que ça peut prendre.

Mais, ce n'était pas parce que Hama a cédé au chantage que certains du MNSD-Nassara, du RDP-Jama'a et de l'URD-Tabbat ont accepté de le comprendre. Un homme d'Etat se disaient-ils, c'est celui qui peut faire fi de sa situation personne et n'agit qu'en fonction des objectifs à atteindre. La volte-face de Hama Amadou était d'autant plus incompréhensible que si une alliance LUMANA, MNSD et CDS, et dans leur suite le RDP, l'UDR et peut-être aussi le RSD, se concrétisait, il y avait toutes les chances qu'il en soit le principal bénéficiaire.

Maintenant que la donne a changé, les militants de Lumana, qui doivent se résoudre à faire un petit bout de chemin à l'opposition, ne doivent se plaindre que des tergiversations de leur champion. Parce que maintenant que les anti Hama au sein du MNSD se sont clairement affirmés en prenant l'option de s'allier au PNDS et de reprendre le parti en main, que Lumana ne pense qu'à faire face à une scission à son sein, constituer une nouvelle majorité parlementaire et mettre le président Issoufou en cohabitation est pratiquement impossible.

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