Ces derniers temps, beaucoup de bisbilles au sein de la Mouvance pour la Renaissance du Niger (MRN). Ce n’est donc pas une simple vue d’esprit. Les rapports entre les deux principaux alliés de la majorité au pouvoir à savoir le Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS Tarayya) et le Mouvement Démocratique Nigérien pour une Fédération Africaine (MODEN/ FA Lumana/Africa) sont très tendus.
Pour une mise au point, les deux amis politiques se sont dit les quatre vérités. Cette fois, il n’a pas été question d’une rencontre entre des représentants des deux grands patrons de la majorité. Le président de la République, Issoufou Mahamadou et le président de l’Assemblée nationale, Hama Amadou seraient de la partie. A leurs côtés, juste quelques grands témoins. Selon nos sources, aux côtés du Chef de l’Etat, il y aurait son Directeur de Cabinet, Hassoumi Massaoudou et son conseil Kalla Ankaraou. Le président du MODEN/FA Lumana/Africa serait entouré, lui, de son Directeur de campagne des dernières présidentielles, Mallam Sani Mallam Mahaman, de la présidente de la Haute Cour de Justice, Lady Gros et de l’ancienne ministre, Madame Mounkaila Aissata, toutes deux militantes de son parti.
Au centre des discussions, plusieurs points qui divisent les deux principaux alliés : le débauchage des militants, l’octroi des marchés publics, l’éventuel dissolution de l’Assemblée nationale et une inspection d’Etat à la primature pour fouiller dans la gestion de la crise alimentaire 2005. Sur ce dernier sujet, le président du MODEN/FA Lumana/Africa et sa délégation n’auraient pas passé par quatre chemins pour dire ses vérités à leurs interlocuteurs. Il n’y a pas à se voiler la face, cette inspection d’Etat ne vise ni plus ni moins que la tête de Hama Amadou, aurait conclu la délégation du MODEN/FA Lumana/Africa, une espèce de remake à la Tandja. Et d’ailleurs, elle ne se justifie pas, auraient-ils avancé.
Car la gestion d’une crise alimentaire relève de la discrétion du gouvernement. Pour rappel, en 2005, Hama Amadou assumait les fonctions de Premier Ministre, chef de gouvernement. C’était à l’entame du deuxième et dernier mandat constitutionnel de Mamadou Tandja, alors Chef de l’Etat sous la 5ème République. Revenons au sujet du jour. Quelle a été la réponse de la partie en face sur ce point soulevé par le MODEN/FA Lumana/Africa ? Les prochains jours nous édifieront. Tout de même, on voit bien la teneur de l’analyse de certains observateurs de la scène politique que la facilité avec laquelle le PNDS Tarayya avait accepté que soient vidés les dossiers " préfabriqués " de Hama Amadou pour parler ainsi de l’affaire fonds d’aide à la presse 2001 et du dossier Moussa Keita cachait bien d’autres motivations.
C’était tout juste le temps d’endormir l’ami et le principal artisan de la victoire de la MRN pour sortir le jeu politique face à celui qui pourrait constituer l’un des principaux obstacles à la réélection de l’actuel président à la fin de son premier mandat. Quelqu’un d’autre trouvera que c’est de bonne guerre dans la course à la conquête du pouvoir, mais n’est-ce pas prématuré de se lancer dans la course à la prochaine présidentielle pendant que les feux de la Renaissance semblent bloquer à l’orange. A moins de donner foi à ces supputations des salons à propos de législatives anticipées. Cette question a été aussi évoquée lors de cette rencontre. Faut-il voir dans le débauchage effréné des militants comme une anticipation du principal parti au pouvoir à une éventuelle dissolution de l’Assemblée nationale ?
Autrement dit la " tarayyisation " des leaders locaux des autres formations politiques via le richissime homme d’affaire nigérian, Dahirou Mangal, sera-t-elle pilotée par l’establishment du parti rose ? Ici aussi, le MODEN/FA Lumana/Africa aurait attiré l’attention de son principal allié sur les dangers d’une telle opération. Affaiblir ses alliés dans l’espoir de remporter haut la main la majorité au parlement comporte énormément des risques et équivaut dans une certaine mesure à scier la branche sur laquelle l’on est assis. Pour l’heure et vraisemblablement dans les toutes prochaines années à venir, il difficile d’envisager, au regard de la configuration politique nationale actuelle, un parti politique, disposer à lui seul , la majorité à l’Assemblée nationale, à moins bien évidemment de rééditer le " hold-up " électoral des 7 et 8 juillet 1996.
Pendant donc que les deux alliés de la majorité semblent trouver du mal à mettre fin à leurs chamailleries, de l’autre côté, dans le camp des " assassins " de la démocratie, on se frotte les mains et on se félicite de voir la " restauration de la démocratie " en train de subir le même cheminement que le " printemps arabe ". Les dieux de la politique vont-ils donner dos aux acteurs politiques qu’ils ont célébré et auréolé tout au long de la lutte contre le " Tazartché " ? Du moins, là n’est pas la question mais celle de savoir quels sacrifices et compromis les animateurs de la MRN peuvent consentir pour ne pas faire perdre aux Nigériens l’espoir d’une véritable renaissance avec un grand R ?