Il avait promis de façon solennelle au peuple nigérien que la lutte contre l’impunité sera le credo phare du régime de la 7ème République. Et quelques mois seulement après sa prise de fonction, l’inspection générale d’Etat, sous la houlette du redoutable Martin Gabriel, va lui offrir une occasion en or, à savoir l’affaire de fausses factures, afin qu’il puisse prouver aux nigériens qu’ils ont désormais un président de la République qui respecte la parole donnée.
Une rocambolesque affaire portant sur un détournement de plus d’un milliard et demi de Francs Cfa, frauduleusement soutirés des caisses de l’Etat par un opérateur économique proche du régime avec des complicités au sein même de l’appareil d’Etat est mise à nue.
Et pendant que les nigériens attendaient des sanctions exemplaires contre tous ceux qui se sont impliqués dans ce vol, notamment le principal cerveau de l’affaire, le régime Issoufou qui avait en mains, les moyens de faire rentrer l’Etat dans ses droits et de bien châtier les délinquants économiques qui ont confondu les biens publics à leurs propres poches, va reculer.
Un arrangement politique entre alliés au pouvoir avait pris le dessus sur l’intérêt général. L’homme au centre de l’affaire ne sera plus inquiété et ces complices vont recouvrer la liberté.
Une véritable déception chez le peuple qui croyait pourtant, aux beaux discours et à la force des engagements pris par le Chef de l’Etat à mener une lutte sans merci contre les détournements des deniers publics et autres infractions assimilées.
Depuis lors, une certaine rupture de confiance s’est installée entre le président Issoufou et son peuple qui n’arrivait pas, jusqu’à aujourd’hui, à comprendre pourquoi le régime a baissé culotte face à toutes ces bandes de délinquants économiques.
Mais il semble aujourd’hui que le président Issoufou a compris que le peuple est déçu face au sort qui a été réservé à la lutte contre l’impunité au Niger. Il fallait donc se ressaisir et chercher à se réconcilier avec lui.
Pour cela, apprend-on, le président de la République a décidé de relancer le combat sous un autre visage. «La lutte sera menée sans complaisance, personne ne sera épargnée, quelque soit sa position sociale, son rang ou son appartenance politique.
C’est dans ce cadre, apprend-on, que l’audit du marché de construction du barrage de Kandadji a été commandé, après que l’Etat ait décidé de résilier le contrat qui le lie avec l’entreprise russe, chargée de construire ledit barrage.
Pour rappel, ce marché a été attribué sous la transition militaire du CSRD, la junte militaire qui a renversé le régime de l’ancien président Tandja Mamadou.
Par cet audit, nombreux sont les nigériens qui estiment que le président Issoufou a finalement décidé, cette fois, à mener ce noble combat que les nigériens attendaient vivement.
Pour beaucoup d’analystes, en demandant l’audit du marché de construction du barrage de Kandadji, le président Issoufou envoi un message fort à son peuple que «rien ne sera comme avant». Même la gestion de la junte militaire qu’a dirigée le général Salou Djibo, que Issoufou ne voulait pas inspecter, est concernée, tout comme les affaires dans lesquelles les intérêts du Niger et de son peuple ont sérieusement été compromis.
Gageons que cette fois-ci, c’est la bonne, le président mènera à bien la lutte contre l’impunité pour le bien être de son peuple qui a besoin d’une justice équitable pour tous.
