A la tête du peloton des scandales financiers, faits de prédation accélérée des ressources nationales, accumulés par le régime des camarades marxistes- léninistes, reconvertis aujourd’hui au contact du pouvoir d’Etat en bourgeois compradores, se trouve assurément le prêt congolais. Celui-ci se dispute la vedette au faramineux et opaque prêt chinois, et bien entendu les échangeurs, les « minutes de meeting » signées par Massoudou, et le vieux coucou « seconde main » du président de la République dont nul ne connaît le prix, entre autres.
Cet avion présidentiel qui, à l’image du vin français, devient plus cher quand il vieillit, et qui évidemment fera encore parler de lui. Le miraculé prêt congolais, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est un prêt de 50 milliards accordé par un pays frère, le Congo Brazza de Dénis Sassou N’guesso, à notre pays courant 2011. Les raisons pour lesquelles cette « facilité » a été accordée à un pays du sud qu’est le nôtre par un autre pays du sud, restent encore mystérieuses, bien qu’on puisse les deviner aisément. Aussitôt contractés, les 50 milliards congolais ont été inscrits au budget 2012. Mais les institutions internationales, ont vite fait de rappeler le gouvernement nigérien à l’ordre pour non respect de certaines conditionnalités auxquelles le Niger a pourtant souscrit.
Un collectif budgétaire éliminera le prêt congolais des projets de loi portant ratification de crédit au titre de la loi de finance 2012. Le FMI reprochera d’ailleurs au Niger, en 2014, de n’avoir pas été informé de ce crédit ni de ses conditions ni de son taux d’intérêt. Les reproches porteront également sur le crédit Eximbank et l’avion présidentiel qui, à terme, constituent des menaces graves pour « la soutenabilité de la dette du Niger ». De manière générale, les institutions de Bretton Woods accusent le gouvernement nigérien de lui fournir des informations qui ne reflètent pas la réalité. Annulé du budget 2012, le prêt congolais ne sera pas inscrit au budget 2013. Immersion totale, pour ce prêt d’un « ami » à un « ami ». Mais c’est précisément cette année 2013, que le gouvernement des camarades a empoché la moitié du crédit, soit 25 milliards FCFA. Et c’est le ministre des finances, Gilles Baillet qui l’a dit, en direct du pupitre de l’Assemblée nationale.
C’était exactement le 27 novembre 2013, lors des discussions générales suivies de l’adoption du budget 2014. Au cours de ces discussions, le président de l’Assemblée nationale, Hama Amadou, a posé la question au ministre des finances, de savoir si le gouvernement a « pris quelque chose » en 2013 dans le prêt congolais, réapparu miraculeusement dans la loi de finance 2014 en discussion. Après avoir répondu « non », deux fois à la question du président de l’Assemblée nationale, le ministre des finances finit par répondre « Oui, Monsieur le président, la moitié », quand la même question lui a été posée la troisième fois. Voilà un bien curieux prêt, qui manifestement n’a pas atterri là où il se doit. Car empoché par les camarades avant même que l’Assemblée nationale, qui est la représentation du peuple et ratifie les conventions de prêt entre notre pays et les autres pays ou institutions, donne son accord.
Qu’a-t-on fait des 25 milliards pris hors budget ? Chacun a une idée claire d’un ministre de la République qui ment en direct de la tribune de l’Assemblée. Sous d’autres cieux, c’est la démission automatique. Qui plus est en matière de finances publiques. Et que dire d’un gouvernement qui ponctionne 25 milliards FCFA sur un crédit qui n’est même pas budgétisé encore moins ratifié par la représentation nationale ? De tous ces dossiers, les guristes vont nécessairement, un jour, rendre compte. Et c’est cette reddition des comptes qui les traumatise au point de les amener à vouloir tout casser. Mais ce n’est pas avec de la poussière qu’on peut chasser un éléphant, a-t-on coutume de dire.