Si le Mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine (MODEN/FA Lumana-Africa) de Hama Amadou essaie de resserrer ses rangs, au Mouvement national pour la société de développement (MNSD-NASSARA) de Seïni Oumarou, la crise née de la participation de certains militants de ce parti au gouvernement dit d’union nationale fait toujours rage.
Pour de nombreux analystes politiques, les choses risquent d’évoluer vers l’éviction même de Seïni Oumarou de la tête du principal parti de l’opposition.
Selon ceux qui le fréquentent ces derniers temps, le président du MNSD-NASSARA donne l’air d’un homme qui nage dans une mare de soucis. «Il est très pensif et semble avoir la tête ailleurs lorsque vous discutez avec», confie un acteur politique qui a récemment rencontré M. Seïni Oumarou. Bien entendu, ce dernier a mille et une raisons d’avoir des soucis, avec la tension qui prévaut au sein de son parti depuis la mise en place du dernier gouvernement. En effet, non seulement des personnalités importantes du MNSD-NASSARA ont bravé le mot d’ordre du parti pour entrer dans ce gouvernement, mais en plus M. Seïni Oumarou a été présenté comme un homme qui ne veut de bien que pour sa personne, lorsqu’on l’accuse d’avoir tenté de se faire nommer Premier ministre par le Président Issoufou Mahamadou, lors des négociations pour l’entrée du MNSD-NASSARA dans le nouveau gouvernement. «Cette accusation a fait très mal à Seïni Oumarou au point où vous avez constaté que malgré la réserve qu’on lui connaît et bien que le porte-parole de l’Alliance pour la réconciliation nationale (ARN) l’ait défendu, il est sorti lui-même s’expliquer», commente un observateur. «Il y a comme un plan qui est monté pour que Seïni Oumarou perdre la tête du MNSD-NASSARA au prochain congrès du parti», ajoute-t-il. La situation du président de M. Seïni Oumarou est d’autant plus incertaine que l’un des présidents des sections du MNSD-NASSARA, sur qui il compte le plus, vient aussi de rejoindre le camp du pouvoir. Il s’agit de M. Amadou Salifou, président de la section de Niamey, qui a réuni ses partisans la semaine dernière pour dire qu’il reste lié à la décision du MNSD-NASSARA du 25 juillet, favorable à la participation du parti au gouvernement et qu’il ignore celle du 12 août appelant les militants du MNSD-NASSARA à ne pas siéger au sein du nouveau gouvernement. Déjà affaibli dans sa région natale de Tillabéry, avec l’adhésion massive des militants de son parti de cette région au MODEN/FA Lumana-Africa, Seïni Oumarou se retrouve de plus en plus dans la position d’un leader politique qui, faute de disposer de sa propre base, a de la peine à imposer son autorité sur les autres bases du parti. Son seul réconfort reste aujourd’hui le soutien que lui apporte la section MNSD-NASSARA de Maradi – qui constitue la principale force de frappe du parti – et quelques responsables des autres sections. Mais pour que cela perdure, Seïni Oumarou doit aussi agir et convaincre ceux qui le soutiennent qu’il est réellement capable de conduire le combat que le MNSD-NASSARA est obligé de mener pour faire face aux manœuvres tendant à le fragiliser et à lui faire perdre sa place de leader sur l’échiquier politique national. «Ce n’est pas évident que le président actuel du MNSD-NASSARA soit en mesure de reprendre les choses en mains dans la mesure où il s’est trop mis dans une posture d’homme sage et prêt à tolérer tout. Or, en politique il faut savoir agir et être prêt à répondre aux provocations d’où qu’elles viennent. En plus, les militants ont aussi besoin d’avoir un leader qui accepte de prendre tous les risques pour préserver les intérêts de leur parti», estime notre analyste. Conscients de son affaiblissement de plus en plus manifeste, ceux qui s’opposent à Seïni Oumarou tenteront certainement de le débarquer de la tête de leur parti au prochain congrès. Ce qui doit le plus faire mal au président du MNSD-Nassara aujourd’hui, c’est certainement le fait de se rendre compte que la plus part de ceux qui s’opposent à lui actuellement sont ceux-là qui le caressaient, l’adulaient et l’admiraient quand ils voulaient l’utiliser pour reprendre le grand MNSD-NASSARA des mains de Hama Amadou, aux côtés de qui il a pourtant fait ses premiers pas en politique. Voilà un qui doit désormais accepter – même si c’est tardivement – qu’il n’y a vraiment pas de morale en politique au Niger et que ceux qui t’adulent aujourd’hui peuvent être tes pires ennemis demain. Voilà aussi un cas qui doit donner à réfléchir à tous ces hommes et toutes ces femmes qui acceptent aujourd’hui d’être utilisés contre leurs anciens compagnons politiques.