C’est une mesure sage et courageuse que le gouvernement nigérien a prise lors du Conseil des ministres du vendredi 1er mars dernier, celle d’interdire «la production, l’importation, la commercialisation, l’utilisation et le stockage des sachets et des emballages en plastique souple à base densité sur toute l’étendue du territoire national».
En effet, il y a longtemps que les défenseurs de l’environnement attendent une telle mesure, au vu de l’ampleur prise par le phénomène des déchets plastiques au Niger et compte tenu des dangers que représentent ces déchets plastiques pour les sols et les espèces humaines et animales. Lors du conseil des ministres, le gouvernement lui-même a reconnu cet état de fait quand il souligne que : «Les villes et campagnes nigériennes font face à une augmentation continue des pollutions dues aux déchets solides. Cette situation est principalement liée à la croissance démographique et au changement des modes de production et de consommation. Parmi ces déchets, les déchets plastiques constituent la menace la plus sérieuse pour l’environnement, pour la santé humaine et animale, en somme pour l’économie nationale. En effet, les déchets plastiques empêchent aux eaux de pluies de s’infiltrer et polluent les paysages. Lorsqu’ils sont ingérés par les animaux, ils provoquent des troubles gastro-intestinaux graves, pouvant conduire à la mort». Jusqu’au conseil des ministres du vendredi dernier, rares sont les Nigériens qui pouvaient croire un seul instant que le gouvernement nigérien pouvait prendre une telle mesure. Cela, non seulement parce que ça fait des années que les défenseurs de l’environnement tiraient sur la sonnette d’alarme, sans avoir été entendus, mais aussi parce que le marché des sachets et emballages plastiques est l’un des plus florissants au Niger pour que ceux qui l’exercent acceptent qu’on leur impose de l’abandonner. S’il est vrai que la mesure gouvernementale constitue une grande avancée dans la lutte contre le phénomène des déchets plastiques, il reste que seule sa mise en application rigoureuse peut arranger le Niger. Il va donc falloir que tous les mécanismes pour cette mise en œuvre soient mis en place. Dans des pays comme le Tchad où une telle mesure est appliquée avec tout le sérieux que cela nécessite, les personnes prises dans le trafic des sachets et emballages plastiques, sont montrées à la télévision, comme on montre les trafiquants de drogue ici au Niger, avant de les remettre à la disposition de la justice. En outre, en plus d’interdire l’importation et la production des sachets et emballages, le gouvernement nigérien doit, avec l’appui de ses partenaires, organiser des campagnes de ramassage et de destruction des milliers de tonnes de sachets et emballages déjà lâchés dans la nature. Ici à Niamey, un petit tour à la Ceinture verte permet de se rendre compte de l’ampleur du phénomène.