Après deux années d’hésitation, les autorités nigériennes ont, le 18 juillet dernier, résilié le contrat qui le lie à l’entreprise russe ZVS, chargée de construire le barrage de Kandadji. Par ce geste intervenu suite à une inspection d’Etat menée « discrètement », le pouvoir de la 7ème République à ainsi remis en cause une des affaires scabreuses qui a émaillé la gestion de la transition militaro-civile du soldat Salou.
Il se donne ainsi le moyen de regarder d’autres dossiers flous de la gestion du Conseil supérieur pour la restauration de la démocratie (CSRD). On se rappelle que beaucoup de voies se sont levées pour dénoncer l’attribution de ce marché intervenue seulement, une dizaine de jours après le coup d’Etat qui a écourté la contestée 6ème République du président Tandja, le 18 février 2010. Des membres de la junte qui se seraient opposés se sont vus collés des intentions de vouloir déstabiliser la transition.
De la détermination du président Issoufou
En prenant le pouvoir, les autorités de la 7ème ont marqué leur opposition à tout audit de la transition. Lors d’une interview accordée à nos confrères de la VOA, le président de la République Issoufou Mahamadou a indiqué que, « toute la lumière a été faite sur la transition », coupant ainsi l’herbe aux pieds des organisations de la société civile qui réclament des comptes à la junte. Le président a, à cet effet demandé au journaliste qui l’interviewait, de ne pas écouter « les adversaires qui veulent diviser le Niger en cherchant à focaliser les opinions sur un soi-disant audit de la transition ».
Pour le président Issoufou, s’il faut fouiller dans la gestion du soldat Salou, il faut aussi le faire pour tous les régimes. De ce fait, aucun régime ne sera épargné, a-t-il dit, car pour lui, la création de la Haute autorité à la lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HALCIA) va dans ce sens. Mais la résiliation du contrat de Kandadji démontre bel et bien que l’audit des affaires de la transition du CSRD est bien possible.
Des dossiers qui attendent
A noter que pour parvenir à la résiliation du contrat de construction du barrage de Kandadji, il aurait fallu que les bailleurs de fonds fassent pression sur ce projet dont la pose de la première pierre pour le démarrage des travaux a été faite à grande pompe. Le Chef de l’Etat a tout simplement compris que la réussite de son programme est en grande partie liée au traitement qu’il en fera des affaires scabreuses des 14 mois de la transition de Salou qui ont d’ailleurs fait l’objet d’un ouvrage de notre confrère Seiddik Abba. Il faut ajouter à ce dossier Kandadji, ceux de la route Béla-Gaya, Say-Tapoa, l’affaire des fausses factures et bien d’autres dossiers relatifs à la gestion des permis miniers, notamment l’uranium et l’or. A quand le tour de toutes ces affaires ? C’est la question qu’on est en droit de se poser, tant il est vrai que le Chef de l’Etat a fait de la promotion de la bonne gouvernance au Niger son credo. A ce niveau, il faut également s’interroger si le président Issoufou ira jusqu’au bout dans la traque de tous ceux qui se sont compromis dans ces sales affaires ?
Ainsi, après le contrat du barrage de Kandadji, il serait également utile de regarder du côté des permis d’exploitation des ressources naturelles attribués dans la plupart des cas sans appel d’offres. Le président Issoufou fouillera-t-il dans les affaires scabreuses du soldat Salou? La question reste posée.