La troisième réunion des pays membres du groupe international de contact pour la Libye s'est tenue, hier, au Palais des congrès de Niamey. Cette réunion intervient à un moment où, la crise en Libye devient de plus en plus préoccupante au regard de la menace sécuritaire et de la situation humanitaire inquiétante dans ce pays.
Le Groupe International de contact sur la Libye a été mis en place le 23 septembre 2014 à New York. Il a déjà tenu deux réunions à Addis Abéba avant celle de Niamey. A l'ouverture des travaux, la ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération, de l'Intégration Africaine et les Nigériens à l'Extérieur Mme Kane Aichatou Boulama s'est réjouie de la présence de tous les pays et de toutes les organisations concernés par la situation en Libye, « ce qui témoigne de l'intérêt de tous pour une sortie rapide de la crise dans ce pays frère dont la stabilisation constitue un défi majeur et un impératif de paix et de sécurité pour les pays voisins et le reste du monde » dit-elle. En effet, la situation sécuritaire est encore très préoccupante en Libye en dépit du cessez le feu et des efforts de la communauté internationale comme en témoigne l'assassinat le 20 février 2015 de 21 otages égyptiens et la reprise des combats entre différents groupes. L'apparition de Daesh dans certaines parties de la Libye qui s'est illustré par l'attentat macabre du Musée de Bardo à Tunis, a dit la ministre est la preuve que l'absence de solution à l'instabilité en Libye fait peser de lourdes menaces sur la sécurité de ses voisins et au-delà.
En plus, l'allégeance de Boko Haram à l'Etat islamique est révélatrice de la globalisation des menaces et la tragédie qui se déroule en Méditerranée où, de nombreux migrants venus d'Asie et d'Afrique meurent en tentant de rejoindre l'Europe est l'une des conséquences de l'absence d'un Etat unifié et fort en Libye. La Libye, poursuit la ministre des Affaires Etrangères est la destination de nombreux jeunes nigériens qui y travaillent et qui transfèrent des ressources financières importantes à leurs familles. Aujourd'hui, les candidats à la migration sont en insécurité aussi bien sur les routes que sur le territoire libyen. Cette insécurité concerne du reste même le personnel diplomatique obligé d'évacuer Tripoli. Les échanges commerciaux entre la Libye et le Niger étaient très importants favorisés par la présence de part et d'autre de la frontière des mêmes groupes ethnolinguistiques notamment les Arabes, les Touaregs et les Toubous. Cependant, l'absence de l'Etat dans cette partie frontalière du sud libyen a favorisé la dislocation des équilibres sociaux et a accru les risques sécuritaires.
Après l'ouverture des travaux, les participants ont eu droit à plusieurs communications dont celles de la commission de l'Union Africaine ; du secrétariat des Nations Unies ; une communication de l'Algérie et de l'Egypte au nom du comité interministériel des voisins de la Libye ; une présentation du ministre des Affaires Etrangères de la Libye sur la situation qui prévaut actuellement dans ce pays etc. Au terme des échanges, le groupe de contact a adopté plusieurs conclusions. Ainsi, les participants à la réunion ont exprimé leur profonde préoccupation face à la poursuite de la violence en Libye malgré les appels répétés de la communauté internationale. Ils ont affirmé qu'il ne saurait eu avoir de solutions militaires au conflit en Libye avant de lancer un appel à la cessation immédiate et inconditionnelle des hostilités entre les frères libyens. La réunion a noté et exprimé également sa profonde préoccupation face l'aggravation du fléau du terrorisme en Libye. Pour cela, les participants à la troisième réunion du groupe de contact sur la Libye ont souligné la nécessité pour la communauté internationale d'intensifier les efforts de lutte contre la menace terroriste en Libye.
Ils ont par ailleurs salué et soutenu le dialogue politique entre les différentes parties prenantes de la rencontre qui a lieu en Libye ; celle du Maroc ; de l'Algérie et Bruxelles sous les auspices des Nations Unies dans le mois de Mars 2015. La réunion de Niamey a exhorté les parties prenantes libyennes à prendre des mesures audacieuses pour parvenir à une solution politique et rapide à la crise actuelle. Elle a réaffirmé son soutien aux efforts entrepris par les pays de la région pour aboutir à une solution durable à la crise libyenne. La réunion a rappelé le rôle crucial des pays voisins dans la recherche d'une solution durable. Les participants ont reprécisé le rôle du groupe de contact en vue de la recherche d'une solution durable. La situation du Nigeria a été aussi évoquée au cours des échanges et la réunion à félicité le vainqueur de l'élection présidentielle et le vaincu pour avoir accepté le verdict des urnes.
Peu après l'adoption des conclusions, le commissaire Paix et Sécurité de l'Union Africaine M. Ismaïl Chergui et le ministre des Affaires Etrangères de la Libye M. Dayri Mohamed ont co-animée une conférence de presse. Dès l'entame de ses propos à cette conférence, le commissaire Paix et Sécurité de l'Union Africaine M. Ismaïl Chergui a indiqué que la complexité de la situation en Libye, nécessite d'énormes efforts tant au niveau des pays voisins, du continent africain que de la communauté internationale et des médias pour qu'on puisse aboutir à une solution durable. ''La présente rencontre se veut une contribution de sortie de crise. La crise libyenne, a dit le commissaire Paix et Sécurité de l'Union Africaine nécessite une solution négociée''. En outre, un appel a par ailleurs été lancé à tous les Libyens pour qu'ils conjuguent leurs efforts et énergies en vue de l'atteinte de l'objectif. Un autre appel a été aussi adressé à la communauté internationale pour qu'elle se préoccupe de la dimension humanitaire en Libye. ''Nous avons convenu d'une action concertée pour assécher les sources de financement des terroristes'', a précisé Ismaïl Chergui. Pour sa part, le ministre des Affaires Etrangères de la Libye M. Dayri Mohamed a ajouté que des efforts importants sont en train d'être faits pour aboutir à une gouvernance démocratique.