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Déminage au Mali : Des anciens rebelles nigériens exhortent le Mali à s’inspirer de leur succès
Publié le vendredi 20 septembre 2013   |  Actuniger


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© Autre presse par DR
Déminage au Mali : Des anciens rebelles nigériens exhortent le Mali à s’inspirer de leur succès


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AGADEZ- Le gouvernement et les acteurs non étatiques du Mali devraient s’inspirer de l’exemple donné par les anciens combattants rebelles et les autorités gouvernementales en matière de coopération dans le cadre du déminage de certaines zones dans le nord du Niger. Dès qu’ils y seront prêts, ils pourraient lancer un projet conjoint de déminage, suggèrent les anciens rebelles et soldats nigériens.

« Le Mali devrait suivre l’exemple du Niger, où l’État et les anciens combattants travaillent main dans la main », a dit à IRIN Ahmad Ouaghaya, ancien commandant du Mouvement nigérien pour la justice (MNJ), un groupe militant dominé par les Touaregs.

Les mines et les restes explosifs de guerre ont sévèrement affecté la vie des populations d’Agadez, une région du nord du Niger où des mines ont été placées lors du conflit entre les forces armées nigériennes et le MNJ de 2007 à 2009. Selon les autorités, quelque 350 personnes ont été blessées ou tuées par des mines terrestres au Niger depuis 1999.

Travailler ensemble

Des groupes touaregs ont mené une série de soulèvements à Agadez dans les années 1990 et entre 2007 et 2009. Le conflit de 2007 à 2009 s’est traduit par des attaques contre l’armée nigérienne et les intérêts économiques étrangers ainsi que par des enlèvements de civils et de soldats nigériens.

Le gouvernement a signé des accords de paix avec le MNJ en 1995 et a conclu un accord de cessez-le-feu en 2009. La Commission nationale de collecte et de contrôle des armes illicites (CNCCAI) a par la suite adopté plusieurs recommandations pour débarrasser la région d’Agadez des mines et des munitions non explosées.

Depuis le début des opérations de déminage en 2010, 744 km de routes principales ont été déminées à Agadez, autour des montagnes de l’Aïr, ainsi que plus de 1,2 million de mètres carrés de routes secondaires. Selon Alassane Housseini, un des responsables de la CNCCAI, cela a permis de débarrasser une grande partie des routes et des centres de population des mines. M. Housseini a indiqué que l’étendue exacte de la zone minée reste indéterminée. Environ 1,2 million de mètres carrés n’ont pas encore été déminés.

Les opérations ont débuté sous la direction du gouvernement, mais les commandants du MNJ ont déclaré que, sans leur coopération, celles-ci ne seraient pas efficaces, car ils savaient où se trouvaient une bonne partie des mines déposées.

Geneva Call est une organisation humanitaire basée à Genève, dont l’objectif est d’encourager les acteurs non étatiques armés à se conformer aux normes humanitaires internationales. Dès 2008, et alors que le conflit faisait toujours rage, elle a travaillé avec les combattants du MNJ et les autorités sur la lutte contre les mines.

En octobre 2011, elle a organisé le tout premier atelier sur la coopération au déminage humanitaire auquel des représentants de l’État et d’anciens rebelles ont participé à Agadez. Les discussions ont porté sur la manière d’améliorer le partage de l’information entre les deux groupes et les opérations de déminage. Les principales recommandations préconisaient le recrutement d’anciens membres du MNJ pour les opérations de déminage et la création d’une commission au sein de la CNCCAI pour coordonner l’information sur les zones suspectées d’être minées.

Raisons du succès de la collaboration

Geneva Call cite plusieurs raisons pour expliquer le succès de la collaboration.

Un cessez-le-feu avait déjà été signé, et les anciens combattants rebelles et les autorités étaient prêts à travailler ensemble. Les autorités ainsi que les bailleurs de fond, comme le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l’Union européenne (UE), ont apporté leur soutien à l’initiative.

« La CNCCAI et les autorités ont toujours soutenu l’action de Geneva Call, qui a encouragé les anciens combattants rebelles à partager des informations pour faciliter les opérations de déminage », a dit Elisabeth Decrey Warner, présidente de Geneva Call. « Les anciens combattants rebelles, de leur côté, ont admis que les mines terrestres et le conflit avaient eu un impact sur les communautés, et ils ont reconnu la nécessité d’une coopération renforcée avec les autorités ».

De plus, le Tchad voisin, dont les autorités gouvernementales et les anciens combattants rebelles de la région de Tibesti, au nord du pays, avaient coopéré dans la lutte contre les mines, a donné au Niger un exemple de collaboration fructueuse, en dépit des difficultés rencontrées par les équipes de déminage sur le terrain.

Les mesures incitatives, comme les formations et les micro-prêts proposés aux anciens combattants qui ont rendu leurs armes, et les salaires décents – entre 200 et 300 dollars pour ceux qui ont participé aux opérations de déminage, en fournissant des informations ou en travaillant sur le terrain – ont favorisé la participation. En effet, plusieurs anciens combattants n’ayant pas bénéficié de micro-prêts ont refusé de rendre leurs armes, a dit M. Housseini de la CNCCAI.

Une fois la coopération établie, les deux équipes - composées de membres de la CNCCAI, de bénévoles de la communauté et d’anciens membres du MNJ - ont travaillé ensemble pour déterminer les zones prioritaires, identifier l’étendue de la contamination, cartographier la mobilité des civils et établir un plan de déminage. La participation des anciens combattants rebelles a été « fondamentale », a dit Mme Warner, car ce sont eux qui connaissaient le mieux le terrain.

Les anciens commandants de la MNJ ont agi en tant que points de contact, les anciens combattants ont été nommés officiers de liaison communautaires, et 15 anciens combattants du MNJ ont été formés à l’enlèvement des mines.

Le Mali doit être prêt

Le Mali devrait s’inspirer de cette expérience, a dit M. Housseini, ajoutant que le moment est venu de mettre en place un organe national pour mener les opérations de déminage et garantir une participation inclusive.

Si les anciens rebelles ne prennent pas part au processus de déminage au Mali, cela sera un échec, a indiqué l’ancien militaire du MNJ, Mohamed Ajidar.

Les mines terrestres posées lors du récent conflit au Mali auraient fait 80 victimes, dont 40 enfants, selon le Service de l’action anti-mines des Nations Unies (UNMAS), qui note que le chiffre réel est probablement plus élevé.

L’UNMAS aide l’armée à nettoyer les zones contaminées par les mines, les restes explosifs de guerre et les engins explosifs improvisés dans le centre et le nord du Mali. Les activités de lutte contre les mines et de démobilisation font également partie du mandant de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), mais elles n’ont pas encore été clairement définies.

L’armée malienne doit commencer par se renforcer pour jouer un rôle proactif dans le processus, indiquent les experts. En avril 2013, l’UE a commencé la formation de quatre bataillons de l’armée malienne, qui étaient sévèrement affaiblis après des années de laisser-aller. Le Mali n’est pas encore tout à fait prêt à prendre en charge l’intégralité des activités de déminage, a dit à IRIN M. Ouaghaya, ancien commandant du MNJ : « Il faut d’abord que les anciens combattants et les personnes qui élaborent les politiques se rencontrent pour parler de la question du déminage au Mali, franchement et sereinement ».

Les tensions post-conflit sont trop élevées en ce moment, a reconnu M. Housseini. Lorsque les initiatives de développement post-élection produiront leur effet et que des leaders locaux légitimes seront en poste dans le Nord, ces discussions pourront commencer, a-t-il dit.

(IRIN)

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