Le Niger a ordonné un audit des mines d’uranium exploitées sur son sol par le groupe français Areva, dans l’espoir de conclure un nouveau contrat à long terme plus intéressant, a déclaré à Reuters le ministre des Mines, Omar Hamidou Tchiana.
Les deux coentreprises entre Areva et l’Etat nigérien, Somaïr et Cominak, produisent environ un tiers du combustible utilisé par le parc nucléaire français. Mais le Niger, ancienne colonie française qui figure parmi les pays les plus pauvres du monde, estime qu’il ne tire pas assez de recettes de ses gisements d’uranium.
Le contrat actuel de 10 ans liant Areva à l’Etat nigérien arrive à son terme à la fin de cette année et Niamey espère profiter des discussions sur son renouvellement pour augmenter ses recettes fiscales et obtenir du groupe français des engagements en terme d’investissement dans les infrastructures.
Ceux-ci pourraient inclure la construction d’une nouvelle route reliant Tahoua à la région minière d’Arlit, à plus de 1.000 kilomètres au nord de la capitale.
"Nous respectons Areva comme partenaire stratégique mais nous voulons un partenariat équilibré", a déclaré Omar Hamidou Tchiana lors d’un entretien dans son bureau. "Nous allons, tout en respectant notre partenaire, faire en sorte que le Niger aussi tire parti de l’exploitation de l’uranium."
Le ministre des Mines a précisé que l’Etat nigérien ne cherchait pas augmenter sa participation dans Somaïr et Cominak.
Niamey détient 36,4% de Somaïr, qui produit environ 3.000 tonnes d’uranium par an, et 31% de Cominak, dont la production annuelle avoisine 1.500 tonnes.
"Notre objectif, c’est de faire en sorte que les coûts de production de l’uranium baissent, pour que le Niger puisse tirer parti, non seulement en termes de taxes mais en termes de dividende en tant qu’actionnaire", a dit Omar Hamidou Tchiana.
NIAMEY TIENT AU CALENDRIER D’IMOURAREN
"Nous avons un audit en cours, qui nous dira à la fin de l’audit ce qu’il y aura a faire."
Présent au Niger depuis près d’un demi-siècle, Areva possède 63,6% de Somair et 34% de Cominak.
Le président nigérien, Mahamadou Issoufou, élu en 2011, affiche sa volonté d’augmenter fortement les recettes tirées de l’uranium, qui n’ont représenté l’an dernier qu’environ 5% du budget
"Nous pensons que 20% doit être un minimum", a dit Omar Hamidou Tchiana. "Les ressources naturelles doivent servir les intérêts de notre pays."
Un porte-parole d’Areva s’est refusé à tout commentaire sur les négociations avec Niamey. En juillet, lors de la présentation des résultats semestriels, le PDG, Luc Oursel, avait assuré que les pourparlers se poursuivaient de manière productive.
Le ministre nigérien a prévenu que le Niger réclamerait une compensation financière si le projet d’exploitation du gisement d’Imouraren subissait de nouveaux retards.
Prévue initialement en 2012, la mise en exploitation du gisement d’Imouraren a été reportée après l’enlèvement de sept salariés d’Areva et d’une filiale du groupe de construction français Vinci en 2010 à Arlit.
L’ouverture de cette mine d’une capacité estimée à 5.000 tonnes par an est pour l’instant prévue en 2015. Sa mise en exploitation doit faire du Niger le deuxième producteur mondial d’uranium.
Alors que le président Issoufou prévoit d’être candidat à un nouveau mandat présidentiel en 2016, son gouvernement entend bien éviter tout retard supplémentaire.
"Pour nous, 2015 est une date qui n’est pas négociable", a dit Omar Hamidou Tchiana. "Le président de la République a été élu sur la base d’un programme dont une partie du financement devrait être généré en partie par les impôts, taxes et d’autres revenus générés par Imouraren. S’il y a un retard qui n’est pas imputable au Niger, il faut que la société l’assume."
Niamey et Areva doivent notamment s’entendre sur un nouveau prix de production de l’uranium, que le groupe français souhaite voir réduit. Omar Hamidou Tchiana a dit espérer conclure un accord la semaine prochaine.