« L’énergie que nous utilisons dans la division vaut mieux l »investir dans la construction du pays », a dit le président de la République Issoufou Mahamadou face a la presse a l’occasion du 4eme anniversaire de sa mandature. Très a l’aise, de manière magistrale le président Issoufou a réussi un coup de maitre dans ce fact-checking des historiens du président.
Une innovation? Ce qui frappe tout observateur averti, c’est d’abord le respect de la pluralité de la presse qui tour a tour journalistes pro ou anti régime en place ou indépendants sont véritablement représentés a ce qu’on pourrait appeler « l’état de la nation ». Il faut également noter de passage la liberté d’expression et de ton des journalistes sur tous les sujets débattus tant nous sommes loin du simulacre de conférences de presse sur mesure.
Nous disons chapeau, au conférencier, le modérateur Moussa Hamani et bien sur les confrères qui ont posé des questions pertinentes et critiques. Le mérite ici des organisateurs c’est d’apporter un démenti sur ce qui accusent le PR de renoncer a son combat pour la liberté de la presse, lui le seul chef d’Etat africain qui a signe la montagne de la table, lui qui a jure de ne jamais porter plainte contre un journaliste. Disons pour le décor, on peut dire que les nigériens ont vécu un instant démocratique, un exercice assez intéressant. Et c’est un coup médiatique réussi pour les initiateurs de ce débat car il est établi que un régime qui voudrait cacher des choses a son peuple n’accepterait jamais de faire face a une certaine presse… qui roule pour qui on sait.
Dans ce débat, les sujets essentiels sur la vie de notre pays ont été abordes. Entre autres l’économie, la gouvernance, la sécurité, la diplomatie. Très a jour et rigoureux, le PR a répondu a nos confrères sans langue de boit en les invitant même a plus de rigueur dans leur métier. « Vérifier vos chiffres, Dieu sait que j’aime les chiffres », a martelé notre mathématicien de président.
On peut relever qu’en termes de stratégie de communication, cette conférence de presse a permis au président de faire son bilan de manière attachante et vivante aux citoyens en faisant économie des redites et des détails inutiles. Et les journalistes ont réussi a faire parler le président sur les attentes des nigériens de tout bord. Ceux du pouvoir comme ceux de l’opposition. Ce qui constitue une opération réussie en termes d’apaisement car comme disent les experts en communication le simple fait de parler des préoccupations des gens est a même de les rassurer, de les soulager, pour ainsi dire.
Et il n’y a pas justement de démocratie lorsque la presse ne porte que la parole des princes qui gouvernent. C’est le lieu ici d’inviter le ministre de la communication d’Issoufou de s’inspirer du PR lui-même pour revoir sa copie sur les prestations de l’ORTN. Il faut le dire ici, pour le déplorer tout n’est pas rose dans la gouvernance au niveau des medias publics même si par ailleurs c’est une constance. Tous les régimes qui se sont succédés jusqu’aujourd’hui n’ont fait qu’instrumentaliser les medias publics contrairement aux dispositions des textes en vigueur.
L’autre coup, c’est de dire cet exercice soigne a suffisance l’image de marque de notre processus démocratique. En réponse a une question d’un confrère sur la non performance du service public, le président a fait montre d’une hauteur d’esprit assez remarquable non seulement en apportant de l’eau au moulin du journaliste mais aussi et surtout par la pertinence de la réponse. En effet, en socialiste, le président Issoufou a rappelé les dégâts et les conséquences de la politique désastreuse des institutions de Bretonwoods notamment le programme d’ajustement structurel.
S’agissant de la lutte contre la corruption, le président a dit: « Je n’abandonne pas ce combat, mais je le fais avec plus de patience et d’intelligence », realpolitik oblige. En d’autres termes, face a la réalité le président s’est rendu compte a l’évidence du fosse entre la réalité et le rêve.
A une question du journaliste de Bonferey portant sur l’unité nationale et le rassemblement des Nigériens, le président a invite les journalistes a un autre fact checking sur la constance de sa position et la philosophie qui a présidée a la formation du GUN. Le président a dit être convaincu de la fragilité de notre processus démocratique et du pays d’ou, a l’en croire, la nécessité d’une transition démocratique.
Notre confrère de RFi, Moussa Kaka a même osé parler en direct du secret défense parlant de la situation de nos militaires sur le terrain. C’est dire que cette conférence de presse présidentielle est une première tant par la diversité des organes de presse en présence, les questions abordées et également le style du président.
La question de l’exécution du budget de l’Etat soulève la nécessite d’un autre fact checking de la part de nos confrères en ce sens qu’il y a un fosse entre les chiffres du journaliste et ceux du PR. Et je pense que si nos journalistes sur le terrain sont a jour leur reflexe c’est d’apporter la contradiction au président ne serait que dans leur prochaine édition. En cela ils feront montre de rigueur journalistique. En effet, si demain nos journalistes apportent la preuve du contraire sur les données avancées par le président cela aura aide non seulement a éclairer l’opinion mais aussi contribuer a rendre les acteurs politiques et autres plus rigoureux.
A Niger Inter, nous disons que le président Issoufou a réussi ce face a la presse. Un véritable coup de maitre. Tout le mérite revient a nos confrères et au modérateur… Moussa Hamani Alzouma.