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Issoufou Mahamadou : ’’Je suis satisfait de la réalisation du Programme ; dans tous les secteurs, nous avons tenu nos promesses’’
Publié le samedi 11 avril 2015   |  Actu Niger


Discours
© Autre presse par DR
Discours du président de la république du Niger Issoufou Mahamadou à la Conférence sur le Développement de l’Afrique à l’Université de Harvard le 03 avril 2015


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A l'occasion de la commémoration du 4ème anniversaire de son investiture à la Magistrature Suprême du Niger, le Président de la République, Chef de l'Etat, SEM. Issoufou Mahamadou, était face à la presse nationale et internationale, mardi soir sur le parvis du Palais de la Présidence, dans le cadre d'une conférence de presse. Durant plus de 2 heures d'horloge, le Président Issoufou Mahamadou s'est prêté aux questions des journalistes qui ont abordé le bilan des quatre années de mise en œuvre du Programme de Renaissance, et bien d'autres questions d'intérêt national.


Les questions étaient sans tabou et le Président Issoufou Mahamadou, très à l'aise et précis dans ses éléments de réponses.
Le déroulé de la conférence de presse s'articule autour des thèmes déclinés à travers les huit axes du programme de Renaissance du Président de la République, mais aussi sur des questions d'actualité. Lire ci-dessous l'intégralité des points évoqués à travers les questions des journalistes et des réponses données par le Président de la République.
En introduction, le Chef de l'Etat s'est prononcé sur les multiples défis sécuritaires ayant pesé sur les quatre années de mise en œuvre du Programme de Renaissance
Merci. J'ai toujours été un militant. Aussi, j'aborde cet anniversaire avec un esprit très combatif. Je voudrai à cette occasion rappeler qu'il y a 4 ans de cela, quand nous sommes arrivés aux affaires, nous savions que nous avons des objectifs contenus dans le Programme de la Renaissance. Ces objectifs ont été déclinés en 8 axes dont le 1er axe est l'Etat. Comment renforcer l'Etat? Comment mettre en place au Niger des institutions démocratiques fortes, comment mettre en place un Etat démocratique fort? Le 3ème axe, c'est de nourrir les Nigériens avec l'Initiative 3N. L'axe 4 porte sur les infrastructures routières ferroviaires, énergétiques, le secteur des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication, également dans le secteur des infrastructures urbaines. Le 5ème axe, c'est éduquer les Nigériens à tous les niveaux, du primaire au supérieur. Le 6ème axe est de promouvoir la santé. Le 7ème axe est de créer les conditions pour l'accès à l'eau et à l'assainissement au Niger, et enfin le 8ème axe, c'est la création d'emplois. Voilà les 8 axes qui sont contenus dans ce programme que j'ai présenté aux Nigériens, et sur la base duquel les Nigériens m'ont fait confiance.
Aussi, depuis 4 ans, c'est devenu maintenant une tradition, chaque année je fais le bilan de ce qui a été fait ou de ce qui n'a pas été fait, mais je dirai surtout de ce qui a été fait. Parce que vous verrez, dans le développement que nous allons faire, que le Programme de la Renaissance est réalisé presque partout dans les différents secteurs à presque 100%, en tenant compte bien sûr des objectifs à la fin de la 4ème année, puisqu'il reste encore un an de mise en œuvre de ce programme.

Sécurité intérieure et extérieure du pays


Concernant le second axe qui est la sécurité, je dirais que s'il y a un point sur lequel nous avons beaucoup réfléchi avant d'arriver au pouvoir, c'est bien le secteur de la sécurité. Nous avons beaucoup anticipé sur les menaces auxquelles notre pays est exposé. Au moment où nous rédigions le Programme de Renaissance, nous avions une carte de la zone sahélo-saharienne. On dit que l'identité d'un pays est d'abord définie par sa position sur une carte.
En regardant la carte d'Afrique et celle du Sahel, la zone sahélo-saharienne, la première chose qui frappe est la position centrale du Niger dans cette zone qui s'entend de la Mauritanie au Soudan. A partir de ce constat, nous avons essayé d'évaluer les menaces auxquelles le Niger est exposé. Il s'agissait notamment de savoir comment protéger les Nigériens de ces menaces de terrorisme, de crimes organisés, qui étaient déjà à l'œuvre au Mali. Face à cette donnée géopolitique importante, nous avons défini une stratégie qui viendra instaurer le monopole de la violence de l'Etat. Deuxièmement, notre objectif est de renforcer les capacités des Forces de Défense et de Sécurité, et de renforcer les capacités de renseignements.
Troisièmement, notre stratégie s'appuie sur la diplomatie afin de l'utiliser au service de la sécurité au Niger. Alors, si je prends ces différents points par rapport au monopole de la violence, nous nous sommes mobilisés pour empêcher qu'il y ait des armes de guerre à la disposition de quelque groupe que ce soit au Niger, en dehors de nos Forces de Défense et de Sécurité. Nous avons recensé tous les Nigériens qui détiennent des armes de manière illégale, et nous avons aussi procédé au déminage de certaines zones du Niger qui ont été le théâtre de conflits par le passé, en particulier le cas de la région d'Agadez.
Nous avons aussi renforcé les capacités opérationnelles de nos Forces de Défense et de sécurités, cela par un recrutement massif pendant ces 4 derniers mandats.
Les effectifs ont été formés et encadrés, en particulier dans la lutte contre le terrorisme. Ils ont également été équipés. En outre, nous avons acheté des avions de chasse pour assurer la sécurité des Nigériens. Cette dimension aérienne était extrêmement importante à développer pour la sécurité du pays. Nous avons aussi acheté un avion de renseignement très performant qui nous rend beaucoup de services dans la situation actuelle que vous connaissez.
Nous avons aussi défini un certain nombre d'actions entreprises. La 1ère action qui relève de la sécurité quotidienne, c'est la mise en place des patrouilles rurales qui sillonnent quotidiennement le Niger. Nous mobilisons beaucoup de véhicules. J'ai fait le point avec le ministre de l'intérieur, c'est près de 800 véhicules qu'on fait circuler tous les jours à l'intérieur du pays pour sécuriser les Nigériens. Ce sont là les opérations quotidiennes de sécurité, que ça soit sécurité urbaine ou rurale.
A côté, nous avons aussi ce qu'on appelle les grandes opérations ou opérations lourdes. Nous avons lancé quatre opérations lourdes. La première, c'est l'opération Mali Béro lancée pour endiguer les effets négatifs de la crise libyenne. Vous avez vu que la crise libyenne a eu des conséquences ailleurs qu'au Niger.
La 2ème opération lourde a été lancée pour faire face aux conséquences de la situation au Mali. L'opération ''Koraye'', bouclier en zarma, est installée dans le Nord Tillabéry pour empêcher toute infiltration des terroristes sur notre territoire.
La 3ème opération concerne la région de Diffa. L'opération ''Inda'', qui veut dire bouclier en kanouri, qui est dirigée pour protéger la région de Diffa contre Boko Haram. Et enfin, on a mis en place l'opération ''Maidounama'' en collaboration avec les Tchadiens. C'est l'offensive que nos Forces ont menée en profondeur au Nigéria pour chasser Boko Haram des villes du Nigéria.
L'opération a été lancée le 14 mars. Elle est pratiquement terminée avec un réel succès. Tous les objectifs ont été réalisés. Nous avons libéré les villes de Damassak, Doutchi, Dashagar et Mallam Fatori. Je vous affirme que nos soldats se sont battus comme des lions. D'ailleurs, les Tchadiens disent que les soldats nigériens sont des lions. Nous-mêmes, nous disons que les soldats Tchadiens sont des lions. Donc Boko Haram a à faire à deux armées de lions. C'est tout à fait normal qu'on ait écrasé Boko Haram.

La gestion du volet de la sécurité n'a-telle pas contrarié la mise en œuvre du Programme de Renaissance ?


Ce matin, à l'occasion de l'inauguration de la Bluezone, je disais que nous avons connu deux chocs : un choc sécuritaire et un choc climatique. Sur les 4 ans, nous avons connu trois années de sécheresse. Malgré ces chocs, nous avons tenu la route. C'est vrai que plus de ressources ont été consacrées à la sécurité que prévu. On aurait pu investir ces ressources ailleurs. Mais vous verrez, quand on va passer à travers les différents axes cités, les réalisations faites dans les autres secteurs sont assez honorables.


Mobilisation des ressources externes


La mobilisation des ressources externes ne se limite pas à 26%. Nous avons prévu effectivement, pour financer le Programme de la Renaissance, 6200 milliards de francs sur 5 ans. 50% en ressources internes et 50% en ressources externes. Pour les ressources internes, nous étions, à la fin de l'année 2014, à 3300 milliards. Donc, on va dépasser largement à la fin de l'année 2015.
Voici les prévisions que nous avons faites dans le cadre du Programme de la Renaissance en ce qui concerne les mobilisations des ressources internes. Pour les ressources externes, il ne faut pas confondre mobilisation et décaissement. Nous avons mobilisé 3200 milliards de ressources externes dont 1120 milliards FCFA, ce qui fait le gap. Notre objectif, c'est d'accélérer le pas pour pouvoir consolider davantage les ressources internes et externes qu'on met à notre disposition. Et c'est là quelque chose que je déplore, parce que tout à l'heure, j'ai parlé de l'Etat. C'est une question centrale et importante. C'est pour cela qu'on a mis à la tête de notre programme : l'Etat par la sécurité !
J'expliquerai pourquoi certains projets n'ont pas été présentés à temps pour pouvoir décaisser les financements qui sont mis à notre disposition par nos amis extérieurs. Néanmoins, nous pensons que nous allons totalement couvrir les 6200 milliards de francs CFA que nous avons prévus pour le financement du Programme de la Renaissance.


N'envisagez-vous pas de rehausser l'enveloppe budgétaire de la défense ?


D'ailleurs vous faites bien de revenir sur la sécurité puisqu'il y a des aspects que j'ai oubliés dans la réponse tout à l'heure. Un des aspects que j'ai oubliés porte sur la diplomatie. Nous avons eu une diplomatie forte, dynamique. Et c'est dommage d'ailleurs qu'au plan diplomatique, je n'aie pas toujours été écouté. Si on prend le cas de la crise libyenne, nous avons très tôt tiré la sonnette d'alarme. Nous avons dit attention, il ne faut pas que la solution soit pire que le mal. Je le rappelle d'ailleurs, c'était mes propos quand j'étais au sommet du G8 à Deauville. J'avais dit que c'est bien de chercher à remplacer Kadhafi, mais il ne faut pas que l'après Kadhafi soit pire que le statut quo. Et j'avais indiqué qu'il y avait des risques que l'Etat se dissolve en Libye, que l'Etat se ''somalise''. Il y avait des risques que le pouvoir tombe entre les mains d'intégristes, de terroristes.
Aujourd'hui, on a les deux risques qui sont présents. En Libye, il n'y a pas d'Etat central, mais deux Etats, un Etat à Toubrouk et un Etat à Tripoli. Au milieu de tout cela, il y a des milices qui se font la guerre. Le Sud libyen est devenu un sanctuaire pour les terroristes. Notre diplomatie a attiré l'attention sur la situation en Libye, mais on ne nous a pas entendus. D'ailleurs sur le Mali, notre position a été très juste.
Beaucoup de pays le reconnaissent aujourd'hui, et même contre Boko Haram, nous avons été parmi les premiers à proposer des solutions mais on ne nous a écouté que tardivement. Donc, on a eu une diplomatie forte. C'est pour cela je profite d'ailleurs pour rendre hommage au chef de notre diplomatie, M. Bazoum qui a apporté une contribution très importante. Il n'y a pas que la sécurité, il y a un autre aspect sur lequel on a beaucoup travaillé, c'est ce que les militaires appellent la trinité (Peuple-Etat-Armée). C'est un mot d'un célèbre Général allemand Dietrich qui disait que ''chaque fois qu'il y a une guerre, il faut chercher à souder, à avoir cette trinité''.
Et nous avons bien cette trinité-là. Vous l'avez vu le 17 février, lors des manifestations de soutien à Niamey et dans les autres villes à l'intérieur du pays. Donc le peuple adhère à la lutte contre le terrorisme. C'est pour cela que nous faisions aussi beaucoup d'actions civilo-militaires, surtout dans les régions hautement exposées. Nous prévoyons un collectif budgétaire au mois d'avril probablement, on va encore affecter davantage de ressources à la sécurité. J'aimerais parler du renforcement des capacités des FDS et de l'amélioration de leurs conditions de vie et de travail compte tenu de ce qui se passe à l'Est du pays notamment à Diffa.
Le tout sécuritaire et le tout répressif, une solution au problème sécuritaire du Niger?
Je ne comprends pas votre question, le tout sécuritaire, le tout répressif. Je ne vois pas où se trouve la répression. Nous cherchons non pas à réprimer, mais à protéger la population, le peuple nigérien. On ne réprime personne. Notre pays est un pays démocratique. Nous avons un Etat démocratique. Personne ne peut contester aujourd'hui que nous sommes en train de réaliser les promesses contenues dans la Constitution qui définit les droits et les devoirs des citoyens. Mais seulement, je dis droits et devoirs. Ce qui fait la différence entre certaines conceptions de la démocratie ; nous sommes pour un Etat démocratique fort. Il n'y a pas d'Etat faible capable de faire progresser et développer un pays. Je ne suis pas partisan de la dictature mais je ne suis pas non plus partisan de l'anarchie. Moi, je pense qu'on peut dire que l'anarchie et la dictature sont à la démocratie ce que la lâcheté et la témérité sont au courage. Et pour être un démocrate, il faut être courageux. Vous savez, on dit que dans chaque être humain, il y a l'homme et la bête. C'est difficile d'être l'homme dans l'être humain parce que, ça demande beaucoup d'efforts pour dominer les passions pendant que la bête est soumise à ses pulsions. C'est ce qui s'est passé par exemple le 16 janvier passé, et c'est peut-être à cela que vous faites allusion quand vous parlez de répression. Mais, c'est la bête qui a agi. Des gens qui sont sorti pour tuer des Nigériens, saccager des biens, incendier des églises, ce n'est pas acceptable. Il fallait que l'Etat prenne ses responsabilités, que l'Etat applique la loi, qu'il y ait un ordre qui soit respecté. Mais je ne comprends pas bien votre question. Bien que je n'aie pas compris, je vous ai donné une réponse.

Niveau de la dette extérieure et cadre macro-économique
Je crois qu'il n'y a pas beaucoup de réponses à apporter puisque la plupart des questions que vous posez sont fausses. D'abord depuis 4 ans, malgré l'échec auquel je faisais allusion, je pense que nous avons pu préserver la stabilité macro-économique du pays. Nous avons eu un taux de croissance qui est bon et qui tourne autour de 7% alors que le taux de croissance de 1990 à 2010 était autour de 3,4%. Pour les quatre ans, nous avons un taux de croissance économique qui tourne autour de 7%, c'est le premier indicateur.
2ème indicateur, c'est l'inflation. Notre objectif était de porter l'inflation autour de 3%. Nous avons une inflation moyenne de 1,2%. Et 3ème objectif, la dette. Vous savez le plafond de la dette autorisée par les institutions financières internationales est de 70% du PIB. Le Japon a un ratio de la dette de 200%, la Grèce a un ratio du PIB de la dette de 165%, les Etats-Unis, c'est dans l'ordre de 100%, la France aussi, c'est de 100%. Mais nous sommes à 27% alors que nous avons la marge, nous pouvons aller à 70%. Et dans cette dette que nous avons, il y a beaucoup d'éléments de dons, donc, il n'y a pas la catastrophe, il n'y a pas de feu dans la maison. C'est pour cela que je dis que vous êtes mal informés ; donc, voilà les bonnes informations et, il faut les mettre dans votre journal.


A propos de l'appel lancé en vue d'une intervention internationale en Libye...


Cela fait partie de la dimension diplomatique que nous avons développée dans le domaine de la sécurité et, c'est d'ailleurs ce qui nous a permis de tisser beaucoup d'alliances avec des pays de la sous-région et des pays voisins avec lesquels nous travaillons sur la sécurité. En ce qui concerne la Libye, on ne peut pas laisser le chaos se poursuivre. Il faut une solution. Parce que tant qu'il y aura le chaos en Libye, il y aura toujours une répercussion sur le Niger. C'est en cela que nous sommes très actifs afin que soit mise en place une solution définitive en Libye. Et nous avons une position qui est en deux étapes. La première étape, c'est de réconcilier les Libyens modérés. Par exemple, le gouvernement de Tobrouk, pour qu'il y ait un Etat unique. N'oubliez pas qu'il y a des terroristes en Libye. N'oubliez pas que l'Etat Islamique est présent en Libye, n'oubliez pas que les terroristes qui ont été chassés du Mali sont dans le Sud Libyen. Ceux-là, il faut leur faire la guerre. Et c'est pour cela que nous disons que dans un second temps, il faut une intervention internationale en Libye. Mais cette intervention doit se faire une fois qu'on aura réconcilié les Libyens, autrement, elle sera extrêmement difficile à mener.
Le nouveau président nigérian, quel souffle apportera-t-il à la lutte contre Boko Haram?
Laissons au Président Buhari le temps de prendre fonction. Mais je pense que l'arrivée de Buhari apportera un plus dans le combat que nous menons contre Boko Haram. Buhari est connu comme étant un homme intègre, comme quelqu'un qui a un comportement d'homme d'Etat. Je suis sûr que Buhari ne va pas rester les bras croisés sans prendre des mesures pour protéger son peuple et l'intégrité du territoire du Nigeria.

Sur la diminution du coût de l'énergie et du pétrole...


Effectivement vous avez raison de le dire, le Programme de Renaissance, pour créer des conditions de la compétitivité de notre économie, s'est donné pour objectif la réduction des coûts des deux facteurs. Et c'est par rapport à ces deux objectifs que nous avons des réponses. Nous sommes en train de faire la boucle ferroviaire. Nous avons lancé le projet le 7 avril 2014. Nous l'avons rappelé aujourd'hui à l'occasion de l'inauguration de la Blue zone de Niamey, ce tronçon va se terminer dans les prochains mois et les autres tronçons vont évoluer afin qu'on puisse avoir la boucle pour avoir accès à plusieurs ponts d'accès et à des conditions extrêmement avantageuses. Le train par définition, on le sait, coûte moins cher. Donc voilà une des solutions en ce qui concerne la réduction du coût du transport. Il faut prendre patience. Ça fait 80 ans qu'on attend, et maintenant nous, on a commencé, et on nous reproche de ne pas aller trop vite. Non, il faut attendre, il y a déjà plusieurs kilomètres de rail qui sont posés, et Incha Allah cette boucle sera fermée. Il s'agit d'une vision, vous savez quand on a étudié le Programme de la Renaissance sur le plan énergie, par ordre de coût, on a décidé de classer par ordre du moins cher au plus cher. Et dans le classement que nous avons fait, la source d'énergie la moins cher, c'est l'eau.
C'est l'hydro-électricité. C'est pour cela que nous sommes en train de travailler sur Kandadji. Quand Kandadji sera terminé, on aura un kilowatt/heure entre 15 et 20 francs CFA. Aujourd'hui, le kilowatt/heure coûte entre 150 et 200 FCFA. Ensuite, la deuxième source d'énergie la moins chère, c'est le nucléaire. Malheureusement, nous n'avons pas les possibilités de mettre en place une centrale nucléaire. Et je travaille au niveau de la CEDEAO pour que les pays membres mutualisent les moyens pour aller vers le nucléaire. Ensuite, il y a le charbon et, c'est pour cela que nous avons prévu de mettre en exploitation le charbon de Salkadamna qui nous permettra d'avoir le kilowatt/heure autour de 50 FCFA. Donc, nous n'avons pas perdu de vue nos objectifs. Nous poursuivons nos objectifs et dans quelques mois, dans quelques années, vous allez voir les résultats. Ce que nous sommes en train de faire, c'est de parer au plus pressé.
Comment faire pour éviter les coupures intempestives en particulier pour les consommateurs de Niamey et du reste du pays. C'est pour cela qu'on a décidé, comme mesure urgente, de mettre en place la centrale de Gorou Banda, qui sera, malheureusement, une réserve froide, une réserve qu'on ne mettra en service que lorsque nous sommes lâchés par le Nigeria. Parce que c'est une centrale au fuel et le fuel donne un kilowatt/heure trop élevé. Donc, on ne peut pas malheureusement aujourd'hui réduire de manière substantielle le coût de l'énergie. Quoique pour les couches les plus faibles, des efforts ont été faits ; je crois que c'était en 2012 ou 2013. Maintenant, vous faites allusion à l'essence. Il y a eu une réduction du prix du carburant. Quand on était arrivé au pouvoir, le carburant était à 700 FCFA le litre, aujourd'hui, ça coûte 540 FCFA. Peut-on dire qu'il n'y a pas eu une réduction là ?
Sur les ressources de financement du Programme de la Renaissance...
Regardez le taux d'exécution du budget avant 2010 et 2011. C'est encore plus catastrophique. Aujourd'hui le taux d'exécution de budget n'est pas de 50%, il est largement supérieur. Il tourne autour de 70%. Donc ce n'est pas 50%. Encore une fois de plus, vérifiez les chiffres. Je n'ai pas tous les chiffres en tête. Mais le plus important, c'est les réalisations. Posez-moi les questions sur les réalisations, vous allez voir les réalisations qui ont été faites au profit du peuple nigérien, que ce soit dans le domaine de l'école, de la santé, de l'hydraulique, des routes, de l'initiative 3N. On a promis de nourrir les Nigériens, que sécheresse ne sera plus synonyme de famine. On a atteint cet objectif. Bien qu'on ait connu, ces quatre dernières années, deux à trois années de sécheresse, les Nigériens n'ont pas souffert comme ils souffraient par le passé à tel point que nous avons réalisé l'OMD 1, celui de réduire de moitié le nombre de personnes qui souffrent de la faim. Nous avons réalisé cet objectif depuis 2012-2013.
Augmentation de la masse salariale
Bien. Je confirme les chiffres que vous avancez. Effectivement, en 2011, la masse salariale était de 95 milliards et en 2014 elle est de 221,6 milliards. Et cela c'est parce que le Gouvernement a fait beaucoup d'efforts conformément aux promesses que nous avons faites dans le Programme de Renaissance. Il y a eu aussi le poids des recrutements que nous avions eu à faire sur les quatre ans. C'est tout cela qui a abouti au gonflement de la masse salariale, mais il y a une dimension importante liée aux augmentations de salaires que nous avions opérées. Les fonctionnaires nigériens sont parmi les mieux payés de la sous-région. Maintenant, que les gens ne soient pas satisfaits et qu'ils posent des revendications, je dis que nous sommes un Gouvernement qui dialogue, qui discute avec tous les partenaires sociaux. Nous le faisons tous les jours et nous continuerons à le faire y compris avec ceux auxquels vous avez fait allusion.
Quelle politique de redynamisation de l'Administration pour un service public plus efficace ?
Effectivement vous avez raison, une de nos faiblesses, c'est l'administration. Tout cela parce que, comme dans beaucoup d'Etats africains, nous avons été victimes des conséquences des Programmes d'Ajustement Structurels (PAS) qui ont affaibli nos administrations. Pour le cas du Niger, on a fait partir beaucoup plus de fonctionnaires compétents que la normale. Il y a des fonctionnaires qu'on a mis en retraite anticipée après 30 ans de service, alors qu'ils ont à peine 50 ans ou 55 ans, et il n'y a pas d'efforts de formations qui puissent permettre de faire de recrutement. Il a même été interdit de faire de recrutements à la Fonction Publique, alors qu'on faisait partir les fonctionnaires sans les remplacer. Or, pour qu'il y ait une bonne administration, il faut que ceux qui partent soient relevés par les jeunes avec lesquels le recouvrement aurait été fait pour qu'on ne perde pas en compétences. Ce processus n'a pas eu lieu malheureusement dans notre pays.
Le PAS a commencé dans les années 1988, et s'est poursuivi dans les années 1990. Donc, il y a eu ce phénomène là qui a eu cette conséquence là que nous continuons à assumer. Nous avions pris des dispositions pour y remédier. Et c'est pour cela nous faisons beaucoup de recrutements, en particulier des recrutements de jeunes diplômés. Nous avons lancé même un appel aux Nigériens de la diaspora pour qu'ils viennent mettre leurs compétences au service du Niger. Mais pour ça, c'est les commissions financières qu'il faut leur faire qui sont extrêmement difficiles.
On a parlé de la question de décaissement des fonds que mettent à notre disposition les bailleurs. Nous avons beaucoup de ministères où parfois, il est difficile de concevoir des projets bancables au niveau des bailleurs de fonds. Nous avons une faiblesse donc de consommation de crédits, nous en avons fait un audit à partir duquel nous avons identifié tous les obstacles de cette faiblesse de consommation de crédits. Parmi ces obstacles, il y a cette faiblesse de capacités. Nous avons beaucoup de programmes de modernisation de l'administration. J'espère que dans les prochains mois, ces programmes et plans porteront leurs fruits.
Vous savez je me suis posé un jour cette question : quelle est la plus belle invention de l'homme ? Je me suis dit que ce n'est pas l'électricité, ce n'est pas l'avion, ce n'est pas l'imprimerie, ce n'est pas le téléphone, ce n'est pas non plus la voiture. La plus belle invention de l'homme, c'est l'Etat ! Et quand l'Etat a des problèmes, effectivement ça se répercute sur les individus. Je me suis mis à comparer l'Etat à un homme. Si on compare l'Etat à un homme, il a une âme qui est le peuple, une tête qui est l'exécutif, un cœur qui est l'assemblée, et les FDS en sont la colonne vertébrale.
Pour répondre à la question que vous posez, il y a les articulations. Les articulations, c'est toutes les institutions, tous les agents et tous les fonctionnaires de l'Etat. Si ces articulations sont faibles, c'est l'Etat qui a des problèmes. On cherche des solutions pour que ces articulations marchent afin que l'ensemble du corps puisse marcher.


Le chemin de fer, un caprice mais un atout économique ?


Dès que le chemin de fer sera terminé, quand vous allez prendre le train pour aller à Dosso, vous verrez que cela vous coûtera moins cher que le bus. Les gens verront l'incidence de chemin de fer sur les coûts des marchandises. C'est une question de temps, soyons patients. Les gens vont se rendre compte que le chemin de fer est une bonne affaire pour le Niger. C'est un projet structurant pour notre pays qui aura des incidences très positives sur le Niger.
Crédibilité des institutions démocratiques républicaines et position sceptique de l'opposition
C'est à l'opposition qu'il faut poser la question. Moi je ne vais pas répondre à la place de l'opposition. Moi ce que je sais, c'est que depuis quatre ans, nous travaillons au renforcement des institutions démocratiques du pays, nous travaillons à la consolidation de la stabilité, de la démocratie au Niger. Nous avons eu beaucoup de réussite, même s'il y a toujours des insuffisances. Il y a des indicateurs, des indicateurs qui ne dépendent pas de nous, qui sont définis par des structures, des gens totalement neutres. Prenons un exemple qui prouve que nous sommes véritablement une démocratie: l'indice de la liberté de la presse. Vous le savez, vous les journalistes, que nous avons amélioré ces indices. Nous sommes le 5ème pays le plus libre d'Afrique. Ça c'est un indicateur très fort de bonne gouvernance politique. S'il y a la liberté, il y a la démocratie. La démocratie, c'est la liberté d'association. Savez-vous qu'il y a eu presque 1500 associations qui se créées en quatre ans au Niger ? Toutes les libertés sont respectées dans le pays. Je prends un autre exemple pour confirmer les efforts que nous faisons dans le domaine de la bonne gouvernance, c'est l'indice de perception de la corruption.
Avant notre arrivée aux affaires, donc avant 2011, le Niger était classé 134ème ; aujourd'hui nous sommes 103ème. Nous avons donc gagné 31 rangs, je ne dis pas que tous les problèmes sont résolus, il y a beaucoup d'efforts à faire dans ce domaine. Je prends un autre exemple. Le conseil de droits de l'Homme des Nations Unies, au cours de la 17ème session, a reconnu le Niger comme un modèle dans le domaine de respect des droits humains. Si je prends l'exemple du département d'Etat américain ; nous sommes classés dans le tiers deux, c'est-à-dire que nous sommes placés en dehors de la zone rouge du point de vue du respect des droits des enfants, de la lutte contre les trafics des enfants et des êtres humains. Et enfin, si je prends le MCC, il y a 17 critères qui sont définis. C'est par rapport à ces critères qu'un pays est éligible ou pas. Nous, nous sommes élus à ce programme tout simplement parce que nous avons promu la bonne gouvernance politique et économique dans le pays. Tout ceci grâce à des institutions comme la HALCIA qui est mise en place pour lutter contre la corruption, comme le bureau de réclamation, d'information et de lutte contre le trafic d'influence. Nous avons mis également des structures contre la traite des personnes et les trafics humains. Le Niger progresse sur la voie de la démocratie et toutes les institutions fonctionnent bien, y compris la Cour constitutionnelle.
Livre blanc de l'opposition sur la Cour Constitutionnelle
Non je n'ai pas de commentaire à faire sur ce livre. Moi, je travaille, je me préoccupe à mettre en œuvre les promesses que j'ai faites aux Nigériens.

De la récusation de la Cour Constitutionnelle par l'opposition


Je ne vois même pas sur quelle base on peut récuser cette Cour Constitutionnelle. Cette Cour constitutionnelle est la cour la plus démocratique du monde. Vous savez comment la Cour Constitutionnelle est composée. Le Président de la République a un représentant, le Président de l'Assemblée Nationale a un représentant, et tous les cinq autres membres de la Cour Constitutionnelle sont élus soit par la société civile, soit par les magistrats. Ils ne sont pas nommés par le Président de la République, ni par quelqu'un de la majorité au pouvoir. Alors que si vous prenez toutes les autres cours constitutionnelles, les membres sont nommés. En France, si je ne me trompe, le Président de la République nomme trois membres, le président du Sénat trois membres, le président de l'Assemblée Nationale trois membres. Ici le Président de la République nomme un seul membre, le Président de l'Assemblée Nationale un seul membre, et tous les cinq autres membres sont élus. Il n'y a pas plus démocratique que la Cour constitutionnelle du Niger. Vous prenez d'autres exemples en Afrique, aux Etats Unis, vous verrez que les membres des cours constitutionnelles sont nommés, ils ne sont pas élus, alors qu'au Niger ils sont élus. Comment voulez-vous que moi je remplace un membre de la Cour Constitutionnelle élu par les avocats ? De quel droit ? La constitution ne me donne pas cette prérogative. Comment voulez-vous que je remplace un membre de la cour constitutionnelle élu par les magistrats ou bien par les enseignants chercheurs de l'université ou par la société civile ? Les textes sont clairs ; il faut respecter la constitution. On ne peut pas nous demander de violer la constitution. Du reste, moi je ne vois pas quel est le problème que pose la Cour Constitutionnelle.

Lutte contre la corruption


Nous avons des lois qui punissent la corruption. La corruption c'est un crime dans nos textes législatifs et toutes les actions que mène la HALCIA tombent entre les mains de la justice et elles sont jugées conformément aux lois.
Le sort des recommandations issues de la Conférence des cadres de commandement sur la gouvernance locale
Oui, nous avons effectivement fait cette rencontre des cadres de commandement à Maradi. Cette conférence s'est penchée sur la question de la gouvernance locale sur la question de la décentralisation etc. Des recommandations ont été faites, et ces recommandations ont été mises en œuvre pour renforcer les capacités de l'administration au niveau local, pour renforcer les capacités des communes et des régions. Beaucoup de problèmes qui ont été signalés d'ailleurs par les cadres à l'occasion de cette réunion importante ont été réglés. Les départements avaient beaucoup de problèmes pour fonctionner, ils étaient sous équipés. Et je crois que l'Etat central a fait beaucoup d'efforts pour équiper les cadres de commandement, pour qu'ils aient les moyens de se déplacer. Enfin, en ce qui concerne la décentralisation, nous avons décidé récemment de faire le transfert de compétences du niveau central vers les collectivités dans le domaine de la santé, dans le domaine de l'éducation, et dans d'autres domaines.

L'Etat est-il présent sur l'ensemble du territoire ?


L'Etat est présent partout au Niger ; et d'ailleurs comme vous le savez, nous avons pris une importante mesure, celle d'augmenter le nombre de départements. On a mis en place 27 nouveaux départements. Tous les postes administratifs ont été transformés en départements. Cela pour rapprocher l'administration des administrés. On les a équipés en moyens. Je pense que nous sommes dans la bonne direction.

De la crédibilité des instituions de la République

Les institutions qui sont mises en place dans le cadre de la 7ème République sont des institutions crédibles et fortes. Ce sont des institutions issues d'un vote populaire, le Président a été élu au suffrage universel ; les députés ont été élus au suffrage universel. Nous sommes un pouvoir légitime, un pouvoir mis en place par la majorité des nigériens. Il ya un an et demi, il ya eu cet épisode du gouvernement d'union nationale qui a créé des problèmes à certains partis politiques. Ce ne sont pas des problèmes qui sont voulus. Je n'ai pas souhaité cette situation dans laquelle se trouvent ces partis-là. J'ai une conviction. Cette conviction, je l'ai depuis 1999, soit 10 ans après la mise en place du processus démocratique de notre pays. J'ai vu l'instabilité qui a caractérisé cette période. Et je me suis dit que pour éviter cette instabilité, il faut un temps de transition démocratique pour le Niger. Temps pendant lequel après une élection, le vainqueur doit rassembler pour travailler dans l'intérêt du pays. Vous reprenez mes interventions de 1999, vous allez retrouver ces positions. Vous reprenez toutes mes interventions depuis cette date, j'ai été constant, et je suis toujours sur cette conviction, que le Niger pendant un certain temps a besoin de rassemblement, a besoin d'unité ; parce que notre pays est fragile. Et cette unité doit se réaliser autour du Président de la République élu. Aujourd'hui, c'est moi. Demain, ça sera un autre. Et le conseil que je donnerai au prochain Président, ce sera toujours de veiller à rassembler les Nigériens. Donc moi, c'est ce que j'ai essayé de faire au mois d'août 2013.
Au départ on a pu trouver un accord. Tous les partis politiques étaient d'accord. En cours de route, certains ont changé de position, ils ont changé la position de leur bureau politique. Leurs camarades ont dit qu'ils ne sont pas d'accord, le bureau politique a décidé, et à partir du moment où le bureau politique a décidé, eux ils rentrent dans le Gouvernement. Nous avons un Gouvernement qui est normalement constitué. Encore une fois, l'objectif, c'est de rassembler les Nigériens. Vous faites allusion à l'Assemblée Nationale ? A ce que je sache, il n'y a pas de problème à l'Assemblée Nationale. C'est une institution qui marche bien. Je ne comprends pas votre obsession sur la Cour Constitutionnelle. Je vous ai dit clairement qu'il n'y a pas de Cour constitutionnelle plus démocratique que celle qu'on a actuellement au Niger.

Recul de la liberté de la presse au Niger


Je veux vous répondre de manière brève. On régresse, ce n'est pas ma faute, c'est la faute des journalistes. Même Reporters Sans Frontières a dit la régression du Niger est liée au comportement des journalistes. Parce qu'être journaliste incarne une responsabilité, faire du journalisme avec responsabilité en respectant la déontologie de votre métier. En tout cas, ce qui a été retenu, c'est que le Niger a reculé par la faute des journalistes. L'objectif est toujours le même, mon objectif est impunité zéro. Je reconnais que c'est difficile, je reconnais que ce n'est pas facile, mais je n'abandonne pas ce chantier, je n'abandonne pas le combat, je vais le poursuive avec beaucoup de patience, avec beaucoup de méthode, avec beaucoup d'intelligence. Et je poursuivrai le combat parce que dans mon programme, vous voyez un des objectifs que je me suis fixé, c'était l'efficacité de la défense publique. D'abord, le monopole fiscale de l'Etat ; on sait un peu ce qui se passe au niveau de certaines régies financières, il y a beaucoup de perte de recettes par la faute de certains agents de l'Etat. Une fois que des recettes entrent dans les caisses de l'Etat pour les dépenses, on ne les dépense pas efficacement au service de la collectivité, au service du peuple nigérien. Donc, ces objectifs, je les poursuis toujours ; je reconnais que c'est extrêmement difficile, mais cela ne doit pas m'amener à baisser la garde. Je poursuivrai le combat avec beaucoup de détermination, avec beaucoup de méthode et d'intelligence.

Qu'est-ce qui explique votre mutisme sur les questions qui divisent les Nigériens. Cela ne vous éloigne-t-il du Niger profond ?


D'abord je ne vois pas les questions auxquelles vous faites allusion et qui ont divisé les Nigériens par rapport auxquelles je n'ai pas pris position. Ensuite, quant aux visites en profondeur du Niger, je ne sais pas si vous vivez au Niger ou ailleurs. Moi, je suis tout le temps en profondeur du Niger. Je connais, comme vous le savez, avant d'arriver au pouvoir, la plupart des villages du Niger, je connais les problèmes. Et d'ailleurs, une fois il y avait un journaliste que j'ai entendu parler à la radio. Un jour, il est venu me voir et il m'a dit ''les hommes politiques du salon''. Ce journaliste, j'ai fait une sortie du terrain avec lui sur Téra pendant six jours, du matin au soir, on était dans le village. Il a abandonné le terrain pour rentrer à Niamey. Non, moi, je suis un homme du terrain.
Vous prenez la région de Tillabéri. J'ai visité tous les chefs-lieux des départements de Tillabéri. Vous prenez la région de Dosso, j'ai visité tous les chefs-lieux des départements de la région. Il y a des régions où je n'ai pas visité tous les chefs-lieux des départements : Maradi, Zinder, Agadez et Diffa. Mais la plupart des chefs-lieux des départements, je les ai visités. Je suis un homme de terrain, rassurez-vous.
Non intervention du Chef de l'Etat suite au blocage survenu à l'Assemblée national...
Mais, il y a la séparation des pouvoirs ! Vous voulez que je viole le principe de séparation des pouvoirs? Non ! Moi je ne me mêle pas des affaires de l'Assemblée nationale comme je ne me mêle pas des affaires de la justice. La Constitution est claire et elle consacre la séparation des pouvoirs entre l'Exécutif, le Législatif et le Judiciaire.

Du concassage des partis politiques...

Moi je suis totalement surpris que l'opposition parle de concassage des partis politiques, parce que pour qu'il ait concassage des partis politiques, il faut qu'il ait un concasseur. Moi je ne vois pas qui concasse les partis politiques. Ça arrive que des organisations se divisent. Et quand on se divise, il faut toujours regarder à l'intérieur, il ne faut pas regarder à l'extérieur. Les causes de division sont toujours internes et non externes. Voilà le commentaire que je peux faire par rapport à ça.
Pourquoi ne réagissez-vous pas aux attaques de l'opposition contre vous-même et contre certaines Institutions de la République ?
Moi, je ne vois pas pourquoi les gens veulent que je réagisse. Quels sont les problèmes que pose l'opposition? L'opposition, vous savez, a un statut. C'est la première fois, me semble-t-il, que l'opposition a un statut, que le chef de file de l'opposition a le rang de chef d'institution. Je suis ouvert au dialogue. Vous voyez que je reçois régulièrement le chef de file de l'opposition ; même demain, je suis prêt à le recevoir. Il n'y a pas de problème. C'est normal dans une démocratie que les uns s'opposent aux autres, c'est normal dans une démocratie que cette rivalité des partis que les gens peuvent avoir recourt à tous les arguments possibles. Tout cela, je le comprends et parce que je le comprends, parfois je n'interviens pas.

L'initiative 3N a-t-il suscité l'adhésion des populations ?


Avant de répondre directement à votre question, je voudrais faire un petit commentaire sur les investissements qui sont réalisés dans le cadre du Programme de Renaissance. Actuellement au Niger, nous avons un taux d'investissement de près de 39%. C'est sans précédent dans l'histoire du Niger. C'est certainement parce que nous avons investi que nous avons un PIB, une croissance de PIB qui est assez forte, au point où en dépit de taux démographique très élevé du Niger, nous avons une augmentation du PIB par habitant. Sur les 4 années, le PIB par habitant a augmenté de 4,5%, alors que sur les 20 dernières années, le PIB par habitant a diminué de 1%, c'est-à-dire que les Nigériens se sont appauvris sur les 20 dernières années, alors que depuis 4 ans, les Nigériens s'enrichissent par habitant.
Maintenant, en ce qui concerne l'Initiative ''3N'', c'est vraiment l'un des projets phares pour le Programme de Renaissance. J'avais promis que désormais au Niger sécheresse ne serait plus synonymes de famine. Je veux vous raconter une anecdote, en 2001 c'était au mois d'août, j'avais beaucoup d'inquiétudes, j'avais beaucoup d'angoisse quant à l'évolution de la saison des pluies.
Chaque fois je scrutais le ciel, je scrutais le mage ; va-t-il pleuvoir, ne va-t-il pas pleuvoir. Et puis un jour, je me suis libéré de ça. Mettons tout de suite en œuvre l'initiative ''3N'' et après cela qu'on a mis en place ce programme d'urgence de manière anticipée, parce que c'est dès le mois d'août qu'on a pris la mesure. Déjà, cette première année nous a permis de constater que l'initiative ''3N'', c'était ça la vie, c'était ça la réponse structurelle à ce problème structurel de sécheresse récurrente qui se transforme en famine dans notre pays. Vous voyez, pendant 4 ans, il y a des sécheresses, mais il n'y a pas eu des famines pourquoi ? Parce que nous avons beaucoup investi dans le soutien aux producteurs. Nous avons beaucoup investi pour mettre à la disposition des producteurs des intrants, des semences, des petits matériels agricoles, des pesticides, tout ce qu'il faut pour produire, déjà pour les cultures pluviales, mais ensuite nous avons décidé de ne pas arrêter l'agriculture à la fin de la saison des pluies, et nous avons décidé de promouvoir l'irrigation. Là aussi, nous avons mis à la disposition des producteurs tous les intrants nécessaires. Notre objectif, c'était de faire passer la production de 3 millions de tonnes à l'époque en 2010, à 5 millions de tonnes.
Aujourd'hui, nous sommes à une production de 4,5 millions de tonnes. Cet accroissement de la production est essentiellement lié à la qualité de semences que le Gouvernement met à la disposition des producteurs. Ce sont des semences améliorées ; et à la qualité d'engrais mis à la disposition des paysans. Ça c'est pour les cultures pluviales, et pour les cultures irriguées, nous avons beaucoup mis l'accent sur la maîtrise de l'eau, les semences et les engrais. Ça c'est l'agriculture. Dans le domaine de l'élevage, nous avons pris les mêmes dispositions. Si vous comparez les chiffres des semences qu'on met à la disposition des agriculteurs depuis 4 ans, il y a des semences mises à la disposition des agriculteurs avant nous, je n'ai pas dit les chiffres, vous verrez la comparaison. Si vous prenez également l'exemple des aliments pour bétail entre ce que nous faisons et ce qui était fait, c'est le jour et la nuit, je ne donnerai pas des chiffres vous pouvez chercher les chiffres auprès des différents Ministères pour les années avant 2011 et après les années 2011. Cette révolution, parce que c'est une révolution, est une véritable réussite. Cette révolution qui est l'initiative ''3N'' est une véritable réussite.

Mon ambition n'est pas toujours très bien suivie par rapport à l'initiative ''3N''. Mon ambition, c'est l'élargissement de la classe moyenne. Je veux que la classe moyenne soit forte en milieu rural. Tout simplement parce qu'aujourd'hui, on sait que la pauvreté est d'abord rurale. Il y a 3 pauvres sur 4 qui vivent en milieu rural. On sait que d'abord la pauvreté est féminine. On a 3 pauvres sur 5 qui sont des femmes. On a ciblé ces objectifs dans le cadre de l'Initiative 3N. C'est pour cela que nous faisons beaucoup d'efforts pour appuyer les femmes. Et notre objectif, c'est de faire accroître la classe moyenne en milieu rural. On ne va pas oublier les villes, mais comme la pauvreté est rurale, nous mettrons d'abord l'accent dans le secteur rural. Et c'est un des objectifs de l'Initiative 3N qui est une parfaite réussite.

Pourquoi ne pas orienter l'Initiative 3N vers l'exploitation de toutes les potentialités qu'offre notre pays en termes de vallées et autres surfaces irrigables ?
C'est ce qu'on est en train de faire ! Les vallées que vous citez, c'est des vallées que nous avons l'objectif de mettre en valeur. On a déjà beaucoup d'entre elles qui sont mises en valeur. Notre objectif, c'est que progressivement l'irrigation l'emporte sur les cultures pluviales. A terme, notre objectif, c'est qu'il y ait au moins 50% de notre production qui viennent des cultures irriguées, c'est seulement 50% de cultures pluviales. C'est cela qui va libérer les Nigériens de l'aléa climatique des sécheresses récurrentes. Votre question contient déjà la réponse. C'est exactement ce que nous sommes en train de faire. C'est ça notre objectif.

Recouvrement entre l'Initiative 3N et les réponses d'urgence


Pas du tout ! On a prévu tout ça. On a prévu qu'il y avait un recouvrement entre l'Initiative 3N et les réponses d'urgence qui sont apportées à l'occasion des sécheresses, des crises et des catastrophes. Il y aura un certain nombre d'années où ce volet d'urgence va être important, mais au fur et à mesure qu'on va avancer, c'est la réponse structurelle que constitue l'Initiative 3N qui va l'emporter. C'est pour cela que j'ai dit tout à l'heure, que les campagnes agricoles soient bonnes ou mauvaises, nous cherchons toujours à progresser dans le domaine de l'irrigation, pour que l'irrigation l'emporte sur les cultures pluviales. Et vous verrez, quand on arrivera à la situation où l'irrigation l'emporte sur les cultures pluviales, eh bien, les actions d'urgence, les actions humanitaires vont se réduire. Vous avez raison, on a des années de sécheresse ces quatre dernières années, on a beaucoup mobilisé des ressources pour venir en aide aux personnes vulnérables. Je crois que sur les 4 ans, environ 800 milliards ont été destinés au monde rural. C'est les ventes à prix modéré, ce sont les distributions gratuites, c'est le travail contre nourriture. Mais l'objectif, c'est de supprimer les interventions d'urgence.

Réalisations dans le volet Hydraulique


En ce qui concerne le secteur de l'eau, on a fait des promesses précises en ce qui concerne l'hydraulique rurale, l'hydraulique pastorale et en ce qui concerne l'hydraulique urbaine. Par rapport à l'hydraulique rurale, nous avons promis de réaliser 14.000 équivalents points d'eau avec précision. 2.000 équivalents points d'eau la première année, puisse qu'il faut commencer, et 3.000 équivalents points d'eau les années suivantes. A la fin 2014, nous sommes à 7.000 équivalents points d'eau. Actuellement, sont en cours de réalisation ou en cours d'être lancés près de 8.000 équivalents points d'eau, c'est-à-dire que nous tiendrons notre promesse de réaliser les 14.000 points d'eau. Nous allons dépasser notre promesse parce que compte tenu de ce qui est en cours d'être lancé, nous serons à 15.000 équivalents points d'eau. Je ne sais pas si je me trompe, le ministre de l'Hydraulique est là, il ne va pas me contredire. C'est à peu près 15.000 équivalents points d'eau qu'on va réaliser. Je voudrais vous dire que de 2000 à 2010, il a été réalisé 1.500 équivalents points d'eau en 10 ans. Et nous, en 5 ans, on va réaliser 15.000 équivalents points d'eau, ça fait 10 fois plus que ce qui a été réalisé en 10 ans. Je pense que c'est une bonne réponse qui va vous éclairer.
Le problème d'eau à Zinder sera bientôt réglé, les travaux sont en cours. L'objectif, c'est de couvrir les besoins en eau de la ville de Zinder jusqu'en 2025-2030. Le projet est fortement avancé, mais déjà on a trouvé une solution intermédiaire en attendant la solution définitive, c'est qu'on approvisionne Zinder à partir de la SORAZ.

Approvisionnement en eau de la ville de Téra


La ville de Téra n'a pas été oubliée. Dans ce domaine, le Ministère a fait un programme très intelligent. Nous avons les zones du socle, c'est les zones du fleuve où on ne peut pas trouver des nappes avec des débits importants. Là, ce qu'on a prévu, c'est de faire des stations de traitement des eaux du fleuve pour envoyer l'eau jusqu'à Téra et de servir tous les villages. De la même façon qu'à Zinder par exemple qui est une ville bâtie sur le socle, on est obligé d'aller à plusieurs dizaines de kilomètres pour forer en nappe profonde afin d'alimenter Zinder en eau. C'est la même chose qu'on va faire pour les zones du fleuve. Partout où il y a des cours de surface, c'est la solution qu'on a trouvée, traiter les eaux des surfaces et alimenter les villages. Et maintenant, là où il y a des nappes en eau profonde, on fait des forages multi villages. C'est le cas dans la région de Tahoua, dans la région de Maradi ; c'est le cas dans toutes les régions où les nappes sont très profondes.

Infrastructures routières


En ce qui concerne les infrastructures routières, nous avons réalisé ou avons en cours de réalisation près d'un millier des kilomètres en termes de routes bitumées, plus précisément, je crois, 940 kilomètres réalisés ou en cours de réalisation. Nous avons prévu cette année de lancer d'autres chantiers. Il y a des chantiers pour lesquels les études sont terminées et il y a des chantiers pour lesquels les études sont en cours.
Notre objectif, c'est de pouvoir lancer 1600 kilomètres de routes bitumées. Ce qui fera, si vous faites la somme, à peu près 2500 kilomètres de routes réalisées, soit en cours de réalisation. C'est ça notre objectif d'ici la fin du mandat. Nous avons également les routes rurales pour lesquelles des actions importantes ont été faites. Là nous avons prévu de faire, je crois, 2 500 kilomètres des routes rurales. Je n'ai pas des chiffres exacts du taux de réalisation, mais nous sommes également très avancés dans la réalisation.
Et nous lions encore une fois ce problème relatif aux infrastructures à l'Initiative ''3N''. Vous savez ce que nous sommes en train de faire, c'est de lier les centres de production aux marchés. Donc, il faut faire des routes, soit des pistes rurales, soit des routes bitumées, là où c'est nécessaire. Bientôt, nous avons un certain nombre des routes à lancer. Nous allons lancer la route Istanboullawa qui fait, je crois, 450 kilomètres. Nous avons également lancé un certain nombre de routes comme Tchadoua-Mayahi-Tessaoua, comme Hamdara-Wacha-Doungass, etc. Récemment, on a lancé la route Filingué-Loga, et bientôt on va lancer Balleyara-Filingué également. Je ne peux pas vous citer tous les projets qui sont en cours dans toutes les régions. Ça c'est pour vous donner quelques exemples.
Routes à Niamey à travers le programme ''Niamey Nyala''


Par rapport à ça nous tiendrons notre promesse. Nous continuons ce projet. Si on a décidé d'appeler ça ''Niamey Nyala'', c'est parce que nous savions que Niamey n'a pas la physionomie d'une capitale digne de ce nom. C'est pourquoi il fallait faire des investissements importants dans les échangeurs. On a déjà fait l'échangeur Mali Béro, actuellement l'échangeur de la Place des Martyres est en cours. J'espère pouvoir l'inaugurer en Octobre, Incha Allah. Ensuite, nous allons lancer l'échangeur de l'Ecole Diori, qui portera d'ailleurs, le nom du 1er Président du Niger, ça sera l'Echangeur Diori Hamani, car il faut honorer le père de l'indépendance du Niger. Vous allez voir que ce quartier va être totalement transformé. Et pour ça, le financement est totalement acquis. Nous avons également le financement acquis en ce qui concerne les voiries de Niamey. Il y a quelques semaines, nous avons eu à lancer d'ailleurs le 1er tronçon des 22 km des voiries pour la ville de Niamey. Nous avons la corniche également que nous allons aménager de part et d'autre des deux (2) rives du fleuve. Je ne sais pas si vous avez remarqué récemment que beaucoup de Niaméens sortent au bord du fleuve pour se recréer. Nous allons faire des aménagements pour leur permettre de se recréer dans des bonnes conditions. Donc le programme Niamey Nyala va se poursuivre.
Par rapport à la Route Niamey Nyala, je suis d'accord avec vous, les travaux ont été mal exécutés et on a des comptes à demander à l'entreprise qui a exécuté ces travaux.

Du recours éventuel aux énergies solaires et éoliennes pour assurer l'indépendance énergétique
Je vous ai dit quand nous avons rédigé le programme, nous avions passé en revue toutes les sources d'énergie, l'eau, le charbon, le fuel, le vent, le gaz, l'uranium. Pour le vent, il faut une certaine vitesse pour faire de l'énergie éolienne. On a toujours cette vitesse au Niger. Vous pouvez aller dans l'Aïr, là vous avez la bonne vitesse de vent supérieur à 5 mètres par seconde pour avoir de bonnes possibilités d'exploiter de l'énergie liée au vent. Maintenant, par rapport à l'énergie solaire, le Niger est le pays le plus ensoleillé au monde. Mais le problème de l'énergie solaire, c'est sa compétitivité. On ne peut pas perdurer un kilowatt/heure solaire à un coût par exemple inférieur, ou bien comparable, au coût dans les conditions techniques actuelles, comparable au coût du kilowatt/heure du Barrage de Kandadji ou du coût de kwh de la centrale thermique de Salkadamna. Mais ça viendra, la tendance de coût de l'énergie solaire est à la baisse. Quand l'énergie solaire sera compétitive, vous allez voir, le Niger va recourir à cette source d'énergie inépuisable.


A quand la reconstruction du Petit marché ?


On a prévu de construire beaucoup de marchés, parce qu'avec ''Niamey Nyala'', on ne peut pas concentrer les marchés de Niamey en un seul endroit. Nous avons un programme de réalisations de marchés par commune. Et c'est dans ce schéma là que nous sommes en train de progresser.

Pourquoi le train n'a pas sifflé à Dosso, le 18 décembre dernier ?


Oui vous avez raison, on avait prévu que les 140 km entre Niamey et Dosso seraient terminés, que le rail serait posé, et que le train allait rouler. Mais le train a sifflé, parce que nous savons qu'une pose de rail a été faite entre Birni et Dosso. Vincent Bolloré est allé à Dosso par le train. Le train a sifflé, moi je n'étais pas allé mais lui, mais il a été par le train. On a tenu à moitié la promesse. Le train a effectivement sifflé. Entre la prévision et la réalisation, il peut y avoir de décalage. Dans le cas d'espèce, on a prévu quelque chose que nous n'avons pas pu réaliser à 100%. C'est rare d'ailleurs dans ce genre de projet très compliqué, techniquement complexe, de réaliser les choses exactement au jour, à l'heure, à la seconde où on l'a prévu. L'essentiel est que le projet continue.
Vous avez entendu Bolloré ce matin dire que d'ici le mois de juillet, le tronçon Niamey-Dosso serait terminé. On ne va pas s'arrêter là, on ira jusqu'à Gaya pour le rail. On signe ce matin avec Bolloré un protocole pour la réalisation du tronçon du chemin de fer entre Niamey et la frontière du Burkina Faso. Notre ambition est de faire toute la boucle ferroviaire depuis Cotonou jusqu'à Abidjan ; ça fera 2.700 km, et quand ça sera réalisé, le Niger, par le train, aura accès à plusieurs ports de la sous-région.

Qu'en est-il de la réalisation de la RTA ?

Le projet de la RTA n'a pas été perdu de vue, nous avons actuellement même un appel d'offres qui est en cours pour commencer certains tronçons. On a eu de financement dans le cadre de négociation qu'on a eu avec AREVA. Nous avons eu un financement d'AREVA de 90 millions d'euros. On va commencer avec ça pour faire un certain nombre de tronçons et des contacts sont en cours également avec un certain nombre d'institutions financières pour pouvoir couvrir le reste du financement de l'ensemble de la RTA qui est un axe prioritaire pour le Niger.
Ce n'est pas une route qu'il faut faire à bi couches comme disent les techniciens ; il faut faire ça en arabe pour qu'elles puissent durer longtemps. C'est un peu ça que nous sommes en train de faire sur le tronçon Béla-Gaya. Vous voyez l'épaisseur des bitumes qui sont très importantes et qui permettront de durer plus longtemps.
Nous avons l'intention de reprendre la RTA, mais il faut que la reprise soit sérieuse pour que la route ne se dégrade pas trop facilement.

Salkadamna


Il n'y a pas de blocage pour Salkadamna. Mais vous savez, parfois quand on n'a pas l'habitude des projets industriels, on pense qu'il suffit de claquer les doigts pour que les choses commencent. Les projets industriels prennent toujours du temps, surtout des projets de cette ampleur. C'est près de 1,5 milliard de dollars qui va être investi dans ce projet de 600 Mgawatts. La dernière information que je peux vous livrer, c'est que le financement est totalement bouclé dans les prochaines semaines les travaux vont commencer.
Barrage de Kandadji


Pour le barrage de Kandadji, vous avez dit qu'il y a eu de péripéties qui étaient indépendantes de notre volonté. Le projet a commencé avant qu'on arrive aux affaires. Le projet a été confié à une entreprise russe qui a été défaillante, entreprise par rapport à laquelle on a été très patient. Mais il est resté deux ans sans rien faire, et on a résilié le contrat, on a repris tout le projet. Heureusement, on a repris tout le projet, parce que le projet a été sous-évalué ; il y a des aspects du projet qui n'ont pas été pris en compte. Par exemple, il n'a pas été pris en compte que la Route de Tillabéry Ayorou va être noyé, donc qu'il faut déplacer la route un peu plus au Nord pour relier Tillabéry à Ayorou, qu'il faut bitumer ce tronçon-là. Ça c'est pour vous donner un exemple d'élément dont il n'a pas été pris en compte au moment où le projet a démarré. Pour répondre à votre question, nous sommes maintenant suffisamment avancés en ce qui concerne le Barrage de Kandadji.
Le déplacement des populations est en cours parce que c'est un facteur important dans l'organigramme de réalisation du Barrage ; le financement est bouclé. C'est 500 milliards qu'on va mettre dans le Barrage de Kandadji, non seulement pour la réalisation du Barrage, mais aussi également c'est un Barrage à but multiple, il y a l'irrigation autour, etc. C'est un projet de 500 milliards et actuellement, je crois que l'Appel d'offres est en cours pour savoir quelle est la société qu'on va choisir pour exécuter le Barrage, et cette fois-ci on fera attention à ne pas se tromper et donner l'exécution des travaux à une société qui n'a pas les compétences. L'inspection d'Etat que nous avons diligentée se poursuit normalement. On attend les conclusions d'Etat.

Volet Emplois


Nous avons promis de créer chaque année 50.000 emplois durant les 5 ans de notre mandat, ce qui fait 250.000 emplois. Mais à l'état actuel, nous avons créé plus de 600.000 emplois permanents et temporaires, dont plus de 140.000 emplois permanents. Donc, je pense que là aussi nous avons tenu notre promesse. Le Programme de Renaissance du Niger, à travers toutes ses réalisations dans l'ensemble du pays, a permis de créer des milliers d'emplois. Par exemple, on ne tient pas compte des emplois créés à travers l'Initiative 3N qui a permis de mettre les producteurs au travail, au-delà des cultures pluviales, alors qu'avant ils se retrouvaient au chômage pendant toute la saison morte.
Enseignement professionnel et technique
En 2011, l'Enseignement professionnel et technique représentait 8% des effectifs du cycle de base ; on s'est fixé comme objectif de porter ce taux à 25% en 2016. A la date d'aujourd'hui, nous sommes à 21%.

Secteur de la Santé

Sur le plan de la gratuité des soins, nous avons fait beaucoup d'efforts en débloquant plus de 25 milliards sur des arriérés de 38 milliards de FCFA. Mieux, le cercle de la gratuité a été élargi aux personnes âgées.
S'ajoutent également les efforts consentis par le Gouvernement dans le cadre du renforcement du plateau technique des centres de santé. D'autre part, on est en train d'accroître le nombre des centres de santé pour permettre aux populations d'accéder aux soins, ce qui fait que le taux de couverture sanitaire qui était de 38% en 2011 est aujourd'hui de 50%, et d'ici la fin 2015, compte tenu des chantiers qui sont en cours, en termes de création de centres de santé et de transformation des cases de santé en CSI, nous comptons porter ce taux à 65%.
Secteur de l'Education
Par rapport aux infrastructures scolaires, nous avons aujourd'hui plus de 14000 classes dont des classes achevées et d'autres en cours d'exécution. Ma promesse était de construire 2500 classes par an dans le Programme de renaissance, et c'est en cours de route que nous avons jugé utile de porter ce nombre à 3000 classes par an. Il faut rappeler qu'en 2000-2010, il a été construit 3000 classes. 3000 classes en 10 ans, c'est ce que nous, nous faisons chaque année. C'est dire qu'à la fin de ce mandat, nous aurions fait 15.000 classes dans le pays.

Promesses tenues sur tous les plans ?

Je suis satisfait de la réalisation du programme. Dans tous les secteurs, nous avons tenu nos promesses. Et c'est d'ailleurs un aspect assez positif d'avoir un programme, ce n'est pas toujours qu'on arrive au pouvoir avec un programme. Nous, nous sommes venus au pouvoir avec un programme très clair avec des objectifs quantifiables et évaluables, et c'est déjà un aspect extrêmement important. Nous ne sommes pas encore à la fin du programme, nous ferons, Incha Allah, un bilan définitif de ce programme le 7 Avril 2016.
A la question de savoir s'il sera candidat à sa propre succession aux échéances électorales de 2016, le Chef de l'Etat a répondu en ces mots : ''Moi ce qui préoccupe aujourd'hui, c'est la mise en œuvre du Programme de renaissance du Niger. C'est une promesse que j'ai faite aux Nigériens et c'est ça qui me préoccupe.

Par rapport à la question de la lutte contre le terrorisme, en rapport au feuilleton Charlie Hebdo
Je suis indigné par des gens qui égorgent leurs propres parents, alors que l'Islam interdit le parricide. Vous savez, dans le Coran, il y a un verset qui dit qu'après la Kama Chahada qui consiste à reconnaitre qu'il n'y a qu'un Dieu unique, c'est Allah, le second devoir du musulman, c'est le respect des parents. Or, vous avez les gens de Boko Haram qui viennent égorger leurs parents, qui boivent du sang humain, alors que le Coran dit que tuer un seul homme, c'est tuer toute l'humanité. Donc, moi je défends ma religion et je refuse que des gens comme ça viennent la salir. La religion musulmane, c'est une religion de paix, et je serai toujours là face aux terroristes. Donc, il n'y a pas d'identification à des blasphémateurs de Charlie Hebdo, ma position, c'est celle-là : je suis contre le terrorisme que ça soit au Niger ou à Paris !
Vous avez vu les milliers de gens qui sont sortis dire non aux terroristes de Boko Haram le 17 février 2015. Hélas, je regrette de voir qu'il y a des gens dans ce pays qui, jusqu'ici, n'ont pas condamné Boko Haram. Là, il faut leur poser la question de savoir pourquoi les 16 et 17 janvier, ils sont sortis pour casser les églises? Ça, c'est contraire à l'Islam, cette religion de tolérance. J'ai toujours dit que les trois religions, à savoir l'Islam, la religion chrétienne et la religion juive, ont les mêmes racines, c'est Abraham, c'est Moïse. Donc, comme je le disais tantôt, en chaque être il y a l'homme et la bête, et les 16 et 17 Janvier derniers, ce n'est pas l'homme qui est sorti, c'est la bête. C'est la bête qui a tué, qui a brûlé, car c'est des gens qui ne sont pas capables de se dominer. Or, être un homme, c'est d'abord être capable dominer ses passions.

Sur la question relative au renforcement de l'équipement de nos militaires engagés dans la lutte contre Boko Haram


Nous avons un programme pour renforcer les capacités de nos forces. Nous avons déjà commencé par l'intervention aérienne, et nous allons le poursuivre avec les autres dimensions aussi pour augmenter les capacités opérationnelles de nos FDS. S'ajoutent également d'autres mesures pour renforcer le moral des troupes, sachant que la guerre, c'est l'affrontement des volontés, que cette volonté de se battre, ce moral-là, existe chez nos soldats.

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