La soixante-huitième Assemblée générale des Nations s’est ouverte hier à New York. L’occasion pour la planète entière, par la voix des différents dirigeants, de débattre des grands sujets de l’heure. De l’Afrique, il en sera bien sûr question. Mais comme c’est le cas dans quasiment toutes les grand-messes du genre, ce n’est pas de l’Afrique rayonnante dont on débattra à New York. On auscultera plutôt celle de la désolation. Et de la plus dramatique des désolations, parce qu’il ne s’agira pas de la pauvreté, du chômage et des voies et moyens d’endiguer ces fléaux sur le continent. On parlera plutôt une nouvelle fois de l’Afrique des conflits, parce que malheureusement le continent-berceau de l’humanité en recèle toujours. Ainsi, on va s’émouvoir du calvaire des millions de réfugiés et des déplacés de guerre dont une majorité d’enfants et de femmes, laissés à la merci de toutes les calamités. Mais en réalité, les grands du monde s’y appuieront surtout pour se valoriser, promouvoir ou jauger leur poids diplomatique ou géopolitique à l’échelle du monde. Vu que c’est l’Afrique francophone qui est le foyer du plus grand nombre de crises ouvertes, François Hollande sera à la pointe des débats africains à l’ONU. Il y est arrivé avec deux dossiers principaux : le succès relatif dans la crise au Mali et la situation préoccupante en Centrafrique.
A propos de ce second sujet, il a donné le ton hier lors de son discours devant l’Assemblée générale. Il sollicite de la communauté internationale qu’elle apporte un peu plus de soutien à la Mission de soutien à la Centrafrique (MISCA). Pour cela, lui et son ministre des Affaires étrangères se sont employés ces derniers temps à donner de la RCA et des rebelles de la Séléka une sombre image. Au point que le secrétaire général des Nations lui-même semble s’être laissé convaincre. La France, galvanisée par le retentissant succès de l’opération Serval au Mali notamment avec l’image que l’ancienne puissance coloniale en tire, voudrait rééditer l’exploit en Centrafrique; mais dans ce dernier pays, la stratégie n’est pas d’y envoyer des hommes. L’option serait plutôt de susciter et parrainer la mobilisation de la communauté internationale. Ainsi, la France, patrie des droits de l’homme, continuera à séduire dans le monde. Parallèlement, François Hollande et les diplomates français essaient de consolider la position désormais acquise dans le Sahel. La France pourrait également être concernée par les tractations en perspective à propos de la crise qui se joue dans la région des Grands Lacs. Mais là, elle ne sera pas en cavalier solitaire. En raison de l’histoire récente de la région ainsi que des enjeux économiques colossaux, d’autres géants du monde seront également aux manettes.
Il s’agit en l’occurrence des Etats-Unis et des Nations unies. L’instance onusienne en particulier promeut une attitude de la part de la communauté internationale dont l’intransigeance et la fermeté contraindraient les signataires des derniers accords au sujet du conflit en RDC de respecter enfin leurs engagements. Dans les conditions normales, la Somalie n’était pas inscrite au sujet des dossiers prioritaires de cette Assemblée générale. Cependant, avec l’attaque meurtrière contre le Westgate par les islamistes shebabs, le terrorisme dans la corne de l’Afrique pourrait bien se retrouver au menu des débats. Le représentant spécial des Nations unies en Somalie, le britannique Nicholas Kay, en a déjà parlé en suggérant les pistes qui, selon lui, permettraient de venir à bout des adeptes de la terreur à grande échelle. Par contre, les participants à l’Assemblée générale des Nations unies semblent avoir estimé que les violences qui couvent en Guinée, à la veille des élections législatives prévues pour ce samedi ne méritent pas qu’on en fasse un sujet de débat à la tribune de l’ONU. Il en est de même de la Guinée Bissau ou encore de l’Egypte. C’est dire que la sélection des sujets d’intérêt obéit à des critères qui ne sont pas forcément universels.