Très attendue, la 1ère session ordinaire 2013, la 3ème du genre depuis l’installation de l’Assemblée nationale, s’est ouverte l’après midi du lundi 04 Mars à l’hémicycle. Une fois encore, le président de l’institution n’était pas au rendez-vous à la place précise où on l’attendait.
Ceux qui espéraient fébrilement des annonces du N° 2 de la renaissance, sur l’éclatement de l’alliance au pouvoir sont déçus. Mais comme toujours, le discours a été musclé avec cette fois la presse comme cible choisie. Selon le président Hama, ce sont les médias qui entretiennent le climat propice à une instabilité politique en semant la suspicion et le doute au sein de la classe politique. Même si Hama a relativisé en mettant en exergue ceux qu’il qualifie de faux journalistes.
« Il n’est pas admissible en effet, que la désinformation systématique, l’intoxication délibérée comme la propagation consciente et volontaire de la rumeur mensongère continuent de servir de fonds de commerce aux faux journalistes réfugiés dans le métier, pour exclusivement se faire de l’argent à n’importe quel prix ou nuire au pays, sinon discréditer systématiquement et régulièrement les hommes politiques afin de convaincre l’opinion publique et ceux qui ont les moyens de la force, qu’il faut changer la classe politique par décret et ouvrir peut-être ainsi faisant des perspectives aux recalés de la démocratie. » dira t-il Concernant la santé de la majorité au pouvoir, le président du MODEN Lumana FA se veut péremptoire :
« Afin de lever toutefois toute équivoque sur les intentions sournoises qu’on nous prête, je voudrais réaffirmer à nos concitoyens que personnellement conscients du grand danger que représente l’instabilité politique à répétition dans un pays comme le nôtre, parce que non seulement elle ternit gravement l’image de la classe politique, mais parce qu’elle dessert surtout la crédibilité extérieure du Niger, nous ne prendrons jamais l’initiative de compromettre les fondations de sa stabilité institutionnelle actuelle sans un motif grave touchant la loi fondamentale ou résultant de l’exercice du pouvoir à des fins personnelles ou partisanes susceptibles de frustrer l’intérêt national» averti le président de l’Assemblée nationale.
Et plus loin, Hama promet : « en ce qui nous concerne en tout cas, je tiens à l’affirmer solennellement, cette session ne connaîtra de notre fait aucune crise, ni aucun bouleversement politique quelconque. » On retient du discours de Hama Amadou qu’il n’a pas démentit les rumeurs qu’il a condamnées. Ce qui laisse penser qu’effectivement il y a de sérieux problèmes à la Mouvance pour la renaissance du Niger (MRN, majorité). Mais pour l’heure, on peut dire que la cassure n’est pas consommée. Même si à ce niveau il faut être très prudent. Pour tous ceux qui se rappelle de l’année 2008, Hama avait dans un premier temps animé une conférence de presse pour démentir les rumeurs qui voulaient que Tandja et lui ne se regardaient plus même en chien de faïence.
Hama avait alors soutenu que lui et Tandja, c’est une amitié vieille de 35 ans qui survivra à toutes les épreuves. 2 jours plus tard, le même Hama revient pour déballer des choses et annoncer que le président Tandja, son « compagnon politique » voulait sa perte et que c’est lui qui était à la base du renversement de son gouvernement en mai 2007. Aujourd’hui, en affirmant que lui et son parti « ne prendrons jamais l’initiative de compromettre les fondations de sa stabilité (ndlr : du Niger) institutionnelle actuelle» tout en posant des conditions « sans un motif grave touchant la loi fondamentale ou résultant de l’exercice du pouvoir à des fins personnelles ou partisanes susceptibles de frustrer l’intérêt national », le président de l’Assemblée ne nous apprend rien de nouveau.
Au contraire, il laisse les choses en l’état avec une porte entrouverte qui peut grandement s’ouvrir à tout moment. En s’en prenant à la presse, qui relais « les rumeurs » ce qui est sûr, le président Hama veut aussi détourner l’attention, réorienter le débat public. Il sait qu’en disant ce qu’il a dit, la presse ne lui fera pas de cadeau. Elle ne manquera pas de le présenter comme le bourreau de la liberté d’expression. La contrepartie pour le N° 2 du régime sera de donner un peu de répit à la majorité au pouvoir. Du coup, rassurer les partenaires du Niger que la crise politique annoncée et attendue n’est pas pour demain. Le temps de poursuivre les consultations et peut-être surprendre l’opinion le moment venu. Tout va donc pour le meilleur des mondes.
Sauf que dans les faits, les inquiétudes sont bien réelles au sein de la classe politique et de l’opinion. De nombreux partis politiques de la majorité y compris ne croient plus en la capacité de ce régime à répondre aux aspirations du peuple tant il paraît incompétent et dépassé par la tâche. Aussi, des voix politiques chuchotent ne pas trop avoir confiance au PNDS-Tarayya pour organiser les prochaines échéances électorales. De l’autre côté, les citoyens assistent impuissants à la détérioration continue de leur existence du fait de l’immobilisme, du manque d’initiative et de l’esprit glouton de certains gouvernants. Cependant, le souci majeur exprimé par Hama Amadou demeure la stabilité sociopolitique.
En s’adressant à la délégation du Sénégal conduite par l’honorable Awa Guèye, 1ère Vice-présidente de l’Assemblée sénégalaise Hama dira :« C’est donc un réel plaisir pour nous d’accueillir dans cet hémicycle, les représentants d’une nation, qui ont su démontrer au reste du monde, que l’Afrique aussi sait, et de façon exemplaire, pratiquer la démocratie, celle dont l’exercice responsable à travers l’expression de la souveraineté nationale, peut régler les tensions et les crises politiques, sans faire sombrer le pays, dans la guerre civile ou les déchirements sanglants » il salue ensuite le comportement de la classe politique sénégalaise tout en dénonçant les alliances politiques de son pays :
« Rien d’étonnant du reste quand on sait que votre pays de tout temps a su construire sa stabilité et en garantir la pérennité dans le pluralisme le plus effectif, sans jamais tomber dans le piège de l’instabilité découlant de ces alliances de circonstances qui manquent à la fois de la vigueur des convictions et du sens élémentaire de l’intérêt national. Soyez remerciés pour le modèle qu’offre votre pays si humblement au continent africain tout entier. » Ah les alliances de circonstance ! Malgré tout, pas question de remettre en cause la stabilité du Niger. Donc, il n’y aura pas de bouleversements politiques imminents, c’est du moins ce que tente de nous dire le président Hama Amadou. Et c’est sans doute la meilleure chose pour le pays.