C’est bien dommage que l’homme politique au Niger ait toujours manqué de réalisme tant lorsqu’il s’agit de faire son propre bilan que lorsqu’il s’agit de faire le bilan de l’autre. Cette tendance maladive à refuser l’évidence, à démontrer 100% de réussite ou 100% d’échec de l’autre n’est pas de nature à faciliter la solution des problèmes et difficultés réelles que vit notre peuple.
Plus on refuse de reconnaitre les erreurs, plus on persiste à en commettre. Et plus on continue de nier l’existence des difficultés plus on en créé davantage. En tant qu’acteur de la Société civile et observateur attentif de l’évolution sociopolitique et économique du Niger, le MOJEN en toute impartialité et dans une approche critique, fait la déclaration qui suit :
En effet, au plan sécuritaire, car sans sécurité on ne parlera ni de société moins encore de développement, notre pays, malgré les déplorables pertes en vies humaines suite aux attaques terroristes on peut dire que notre vaillante armée a réussi à reprendre la situation en main. C’est le lieu ici de lui rendre un vibrant hommage et d’exiger la dotation de nos FDS en moyens sophistiqués pour davantage défendre la patrie.
Sur le plan éducatif, des infrastructures ont été construites mais la qualité de l’enseignement reste à désirer eu égard aux multiples grèves des scolaires et enseignants ayant affecté toutes ces années.
Au plan sanitaire la situation n’est guère reluisante même si on ne peut pas dire que l’Etat n’a rien fait. La santé de base constitue une préoccupation puisque malgré la création des nouvelles infrastructures et le recrutement des infirmiers les besoins sont loin d’être couverts.
Au plan hydraulique, si des forages et puits ont été réalisés un peu partout dans le pays, la politique hydraulique n’a pas mis l’accent sur des véritables opérations de retenues d’eau et de barrage.
Au plan de gestion des ressources naturelles, nous assistons à une véritable catastrophe. En effet, le peuple nigérien sait que l’or, le pétrole, et l’uranium sont exploités et vendus et que des permis de prospection sont attribués sans qu’il ne soit informé. Quelles en sont les quantités exploitées ? Quelles sont les parts du Niger ? Qu’est-ce qui rentre au trésor national ? Quelles sont les conséquences environnementales et les mesures palliatives prises ? De quoi profitent les populations environnantes ? Quels sont les contenus des accords signés avec les différents partenaires? Malheureusement à toutes ces questions que se pose le peuple nigérien, il n’y a pas de réponse.
Au plan alimentaire et produits de première nécessité constatons la cherté de la vie. C’est le lieu d’attirer l’attention du régime sur le risque de voir la hausse des prix des vivres avec les nouvelles exigences dénoncées par le syndicat des commerçants il y a quelques jours.
Au plan des infrastructures, outre les classes, les puits et forages, les infrastructures sanitaires dont l’hôpital de référence en voie de finition, des routes rurales et bitumées ont été réalisés un peu partout au Niger. La fête tournante a permis de doter la ville de Dosso des infrastructures de rêve qui reste à pérenniser. La ville de Niamey n’a pas moins été gâtée à travers la réalisation des échangeurs et des voies bitumées. Une certaine amélioration dans la préparation de la rentrée scolaire de l’année en cours a été également constatée.
Au plan de la lutte contre l’impunité malgré l’existence de HALCIA et de la ligne verte, le laisser aller a fait corps avec la société. La corruption et le détournement des deniers publics sont des pratiques quotidiennes.
Au plan judicaire Les pressions et les tentatives de muselage de la justice sont aussi monnaies courantes dénoncées par le SAMAN et la Société Civile. La presse publique est toute entière au service de l’Etat et les quelques organes de presse encore indépendants sont sous des menaces et harcèlements on ne sait plus si c’est la table de la Montagne ou la montagne de la table.
Au plan politique nous assistons à un démolissage des partis politiques par un système de mercenariat dont le dessein à peine voilé vise à l’instauration de la pensée unique. Les institutions démocratiques sont vidées de toute substance et s’apparentent à des coquilles vides suscitant un émoi généralisé sur la reculade de notre démocratie
Au plan social on assiste à des multiples grèves handicapantes où se relayaient les syndicats de tous les secteurs pour dénoncer soit des recrutements favoritistes, des abus des biens publics utilisés à des fins familiales, soit le non respect des accords signés avec l’Etat et autres engagements mis sous le boisseau. le favoritisme, le népotisme, le clientélisme bref des maux et pratiques qui rendent compte de la mauvaise gouvernance, de la mal administration, de la mauvaise administration, et de la perte du sens du service public. Conséquence logique et tragique de la politisation de l’administration et de la fonctionnarisation de la politique.
Nous ne saurons terminer cette déclaration sans exiger:
-l’audit systématique des sociétés et de la fonction publique ;
-l’arrêt immédiat d’atteinte à la stabilité des institutions décentralisées à travers les limogeages injustifiables des élus et conseils municipaux ;
-l’arrêt immédiat de l’escroquerie par les sociétés des téléphonies mobiles à travers un audit effectif ;
-l’organisation d’un forum national sur la gestion de nos ressources naturelles ;
-la rupture immédiate du contrat qui lie le Niger à la SGS et Intertek afin que l’Etat contrôle lui-même la certification de la conformité de tous les produits importés ;
L’ouverture d’une enquête judiciaire sur l’affaire de l’assassinat du feu General Baré Mainassara ;
-une préparation conséquente et transparente des élections dans le respect strict du calendrier électoral ;
En fin, l’arrêt immédiat de toute campagne électorale anticipée préjudiciable à notre démocratie.