La lutte traditionnelle, le sport roi au Niger est aujourd’hui en train de se muer en tournoi de la discorde et de la zizanie. De l’histoire de la lutte traditionnelle au Niger, jamais championnat n’a été autant controversé que celui qui vient de se dérouler à Niamey sous une apothéose catastrophique et divisionniste.
Pourtant, les prémices d’une telle dérive s’étaient déjà manifestées à Maradi en 2011 et on s’attendait à ce que la FENILUTTE prenne des gardes fous suffisamment concoctés pour éviter tout dérapage. Mais non. Au lieu de cela, le staff a passé tout son temps à se promener à l’intérieur du pays, à effectuer des descentes onéreuses pour rencontrer les différentes délégations avec en toile de fonds une déperdition de billets de banque sous les yeux affamés du commun des mortels. Un jury limité, un staff aveugle, voilà pratiquement ce qui a conduit au cafouillage observé cette année. Si non, comment comprendre que des clauses quasi nulles comme cet article qui prévoit un match nul en demi-finale ait été acceptée ?
Il fallait être borné et avoir l’esprit ailleurs pour ne pas voir les dangers que présente cet article. Au fait, rien n’étonne désormais quand on voit les fonds colossaux que brasse la lutte traditionnelle de nos jours. Et, dans toute institution où c’est l’argent qui est mis en avant, il se produit une myopie to- tale quant à la réussite des activités. On ne voit que l’argent, lui encore et toujours. Et le résultat est là, patent, un échec total qui n’a pas encore donné la mesure de toutes ses conséquences. Attendons le retour des délégations chez elles pour voir quelles décisions elles vont prendre.
C’est le lieu ici de rappeler aux uns et aux autres que dans la situation actuelle de notre pays, cette bourde est un crime qu’il faut sanctionner à juste titre. En effet, nul n’ignore que nous vivons une situation sécuritaire très précaire qui impose à tous, une cohésion totale. Les enfants du Niger doivent se serrer les coudes pour une unité sans faille afin de faire échec à toute infiltration, à toute manoeuvre divisionniste. Et c’est ce moment que certains choisissent pour allumer et attiser la flamme de la discorde entre les citoyens en concoctant des articles scandaleux pour régir le sport le plus populaire au Niger.
Il faut rappeler qu’en instituant et en pérennisant ce sport, feu Général Seyni Kountché avait trouvé par là l’occasion qu’il faut pour les fils du pays de se retrouver et de se sentir concernés par un seul idéal ne serait-ce qu’en l’espace de deux semaines. Et c’était bellement réussi à chaque fois que ce championnat c’était tenu. Nous disons à chaque fois sauf bien sûr ces deux dernières années où le démon, l’argent a été mis au-devant de la scène. Certes, les lutteurs et tous les acteurs qui oeuvrent dans ce sport doivent tirer leur épingle du jeu. Cependant, à bien observer la manière avec laquelle l’argent circule et est dépensé dans cette activité, il fallait bien s’attendre à ce fiasco. Il est donc temps qu’une enquête soit diligentée pour démasquer tous ceux qui ont contribué à cet échec.
D’abord le corps arbitral qui a fait preuve de lâcheté à tous égards. Comment comprendre que des arbitres recommandent d’aller visionner la vidéo sur la réclamation de Maradi pour le genou présumé avoir touché le sol de Yacouba Adamou ? Il était clair aux yeux de tous qu’à partir de cet instant, on sentait déjà que Maradi voulait semer la pagaille. Et vu le désordre de la veille, il aurait fallu que tout le staff se rende à la délégation de Maradi et de Niamey pour rappeler aux uns et aux autres leurs responsabilités. Au lieu de cela, on a attendu le jour même pour négocier Maradi de laisser son lutteur compétir. Pourquoi ne l’avoir pas fait la veille ? Décidément, il y a trop de non-dit dans cette affaire.
Une enquête doit être diligentée au plus vite pour situer les responsabilités. En attendant, le staff de la FENILUTTE doit démissionner. Et, entre nous, il y a trop d’illettrés dans cette affaire. Il faut penser à moderniser notre sport roi.