Plus de 2,5 millions de personnes se trouvent en insécurité alimentaire au Niger en raison d’un déficit céréalier lié aux conditions climatiques, une situation aggravée par la présence de quelque 200.000 réfugiés ayant fui les attaques de Boko Haram, a annoncé samedi le ministre nigérien de l’Agriculture.
"Une enquête menée dès décembre 2014 a indiqué que 15,7% de la population, soit 2.588.128 personnes, sont dans une situation d’insécurité alimentaire, dont 410.297 en insécurité sévère", a déclaré le ministre Maïdagi Allambeye devant les députés.
Cette précarité alimentaire, dans ce pays sahélien très pauvre en proie à des crises alimentaires récurrentes, est liée à un déficit céréalier de plus de 230.000 tonnes à l’issue de la campagne agricole 2014, a-t-il expliqué. Le gouvernement impute ce déficit à la sécheresse, aux inondations et à des attaques de chenilles.
"On ne peut pas dire que le Niger est en insécurité chronique mais ce phénomène reste très fréquent", a commenté Vigno Hounkanli, le porte-parole à Niamey du Programme alimentaire mondial (PAM), une organisation onusienne qui compte assister 480.000 personnes à partir de juin.
"Nous faisons des distributions à partir de la période de soudure, quand les greniers sont vides et qu’il n’y a plus rien à manger", a-t-il précisé.
La "soudure" est la période qui sépare la fin de la consommation des récoltes de l’année précédente - marquée par un épuisement complet des réserves -, des nouvelles récoltes. Elle dure plusieurs mois au Niger.
La présence dans le sud-est du Niger de "plus de 150.000 réfugiés" ayant fui les attaques des islamistes de Boko Haram et celle de "plus de 50.000 réfugiés" dans l’ouest, en provenance du nord du Mali -en proie à une insurrection touareg et jihadiste-, a en outre eu un "impact négatif sur la situation alimentaire" de ces régions, a observé M. Allambeye.
Pour tenter de résorber le déficit céréalier, le gouvernement a déjà lancé un programme de cultures irriguées sur 130.000 hectares pour produire 500.000 tonnes d’aliments, a-t-il assuré.
Pays pauvre très aride et à la démographie galopante, le Niger est souvent en proie à des crises alimentaires.
En juin dernier, plus d’un million d’enfants âgés de moins de 5 ans, soit 14,1% de cette classe d’âge, souffraient de malnutrition aiguë, selon une étude gouvernementale.