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Issoufou Mahamadou : Quatre ans, un bilan des rêves…
Publié le vendredi 24 avril 2015   |  Nigerdiaspora


SEM.
© Autre presse par DR
SEM. Issoufou Mahamadou,Président de la République du Niger


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Le Guri, c’est cette gouvernance des socialistes Nigériens qui avaient eu des ambitions somme toute louables mais démesurées et irréalistes pour les tenir dans un pays aux défis immenses et surtout aux aléas imprévisibles. Ces paramètres auraient pu permettre aux socialistes Nigériens de concevoir leur programme de société avec humilité et pragmatisme.
Hélas pour le faire, il ne faudrait pas compter sur ces gens plus versés sur la « starmania » comme pour montrer qu’ils sont exceptionnels. Certes, de son bilan, il peut se targuer d’avoir construit quelques routes qui viennent renforcer le réseau existant, quelques classes pour les écoles, un « pont sec » qui surplombe une des avenues de la capitale.

Mais dans la balance, ce qu’il a pu réaliser ne fait pas le poids par rapport à ce que le pays a perdu : sa paix sociale, sa démocratie apaisée, sa cohésion nationale et la santé relative de son économie. Quel bonheur les Nigériens tireront de leur pays quand ils ont appris à se détester, quand depuis de longs mois, le régime s’active à cultiver la haine dans les coeurs de ses enfants ? Le Niger ne s’est jamais aussi mal porté politiquement, socialement et économiquement. D’ailleurs, il se trouve que ce régime a plus misé sur des infrastructures dont la conception ne se repose généralement sur aucune pertinence sinon que d’exiger des milliards colossaux pour leur réalisation afin d’en tirer des dessous de table qui ont permis à la camarilla rose de s’enrichir et de faire naître en son sein une nouvelle classe bourgeoise qui ne peut que ressentir de la honte à relire les préceptes du socialisme qui lui servaient de boussole. Le socialisme nigérien a préféré ces projets au détriment du social et pire, en mettant en stand-by des projets porteurs comme le barrage de Kandadji qui est aujourd’hui presque saboté car comment peut-on jeter des milliards pour nous polluer davantage dans une centrale sachant bien que son énergie coûtera cher – 200F le Kilowatt heure – pendant qu’avec Kandadji l’électricité ne coûtera que 15F ? Et ça c’est le président lui-même qui le dit aux Nigériens.

Pourtant le choix entre ces deux sources d’énergie ne devait pas amener à tergiverser. Mais les Nigériens se demandent pourquoi, encore une fois, Kandadji doit attendre des années, quand, il était possible de le mettre en oeuvre pour qu’il finisse dans des délais raisonnables ? Pourquoi vouloir imposer aux Nigériens l’énergie la plus chère ? Est-ce cela le socialisme ? Sans doute qu’en faisant de tels choix impertinents, l’on est tenté de croire que le socialisme nigérien est de la contrefaçon. Surtout aussi que le projet fanfaron des 3N de la Renaissance ne pouvait avoir sens qu’avec Kandadji. Il se trouve que le bilan de la mise en oeuvre des 3N selon le président est des plus réussis car, ce projet aurait permis de stabiliser les populations qui n’iraient plus à l’exode ? Comment peut-on croire à cette assertion quand on sait qu’aujourd’hui encore et comme hier que le pays importe du riz, du maïs et du mil ? Est-ce les Nigériens de la diaspora qui les produisent pour nourrir les Nigériens du pays ?
Non ! Les 3N, jusqu’à preuve du contraire n’ont encore rien changé de significatif dans la vie des Nigériens. Même par rapport à l’exode dont il aurait diminué les flux, la vérité est que les Nigériens migrent encore aujourd’hui surtout que dans bien de contrées du pays, la saison des pluies a été catastrophique. Depuis des mois, l’on parle du rapatriement de plus de deux mille Nigériens de l’Algérie. L’on sait que c’est parce que ces derniers ne se retrouvent plus dans leur pays, qu’ils ont choisi les durs chemins de l’exil. Depuis que certains sont ramenés au pays, l’on apprend par la presse que faute de politique nationale d’insertion, il y en a qui n’ont pas voulu perdre leur temps, et sont repartis. C’est dire que les 3N sont loin d’avoir permis de stabiliser les populations pour les maintenir dans leur terroir, ainsi qu’on l’aura rapporté aux Nigériens.

Puis, dans le bilan présenté aux Nigériens, l’on n’a pas manqué de sursauter en écoutant la réponse du chef suprême des armées par rapport à la question d’un journaliste qui est allé au front à Diffa pour voir les conditions de dénuement dans lesquelles se battent nos soldats. Il est donc compréhensible qu’on ait poussé les Nigériens à cotiser pour leur armée et on peut croire que c’était bien parce que les moyens manquent. Lorsque le président, par la voix du journaliste apprend les plaintes des soldats, en réponse, il dit qu’ils ont en vue un programme d’équipement pour l’armée et sachant qu’elle est sous-équipée, les Nigériens ne comprennent pas pourquoi l’on a poussé les enfants du pays dans cette guerre. Ce n’est pas après avoir poussé à la guerre que l’on cherche des moyens ! Cette réponse a fait peur aux Nigériens surtout quand on sait que des engins lourds sont à Niamey alors qu’ils auraient pu mieux servir et protéger le pays et ses soldats à nos frontières menacées. Mais là attention, le politiquement correct voudrait que ce soit de l’ordre du secret…

Sur tout un autre plan, le Président ne reconnaît pas qu’il y a un concassage des partis politiques car pour lui, l’on ne peut parler de concassage que lorsqu’il y a un concasseur. Pourtant la volonté de concasser, de diviser, de fragiliser et sans doute d’anéantir l’opposition est réelle. D’ailleurs comment ne pas croire à la réalité de ce concassage et surtout de l’existence d’un concasseur lorsque de l’aveu de certains dissidents imprudents et indiscrets, l’on apprend des choses qui font froid dans le dos ? On peut en effet se rappeler que c’est le nouveau président de l’Assemblée Nationale qui avait affirmé sans ambages après avoir vécu dans l’anxiété l’attente de sa confirmation à son poste juteux, qu’il se réjouit enfin qu’il soit nommé président et pour ce, ne peut manquer de remercier celui-ci d’avoir tenu sa promesse. Qu’est-ce à dire ? Tout le monde avait compris : Amadou Salifou serait poussé à la rébellion pour en contrepartie occuper le poste de président de l’Assemblée nationale qu’on arrache à Hama Amadou en « l’isolant » et parce que quelqu’un aura dit qu’il ne mérite plus d’être le président de l’Assemblée. Et ce n’est pas tout. Zakaï, autre dissident chassé de l’opposition à coups de menaces, avait aussi porté à la connaissance des Nigériens, non sans en ressentir quelques fiertés, qu’il n’a jamais vu un président qui accompagne quelqu’un jusqu’au pied de sa voiture si ce n’est le Président Issoufou. Qu’est-il parti faire à la présidence pour mériter pareille honneur et privilège ? Dans sa révélation vaniteuse, Zakaï pousse les Nigériens à soupçonner que cette main serait dans la campagne de sape des partis politiques du Niger, surtout ceux de l’opposition.

Il faut également relever que les Nigériens n’ont pas compris pourquoi juste après le président de la République, le premier Ministre se prête aussi au même exercice ? Cela ne permet pas de rassurer. La présidence a un bilan différent de celui du gouvernement ? Un gouvernement est une équipe qui doit savoir parler d’une voix. Mais lorsque plusieurs voix parlent et surtout pour un même sujet cela fait de la cacophonie et souvent traduit aux yeux des observateurs un certain manque de cohésion et d’unité gouvernementale. Mais sans s’intéresser à cet aspect, c’est quand le premier ministre parle de dialogue qui aurait permis de favoriser la paix sociale que les Nigériens ne comprennent pas de quel dialogue il parle. Dans un pays où depuis des mois, le dialogue politique et le dialogue social sont rompus, quand le CNDP ne fonctionne plus dans la civilité qu’on lui reconnaît, de quel dialogue parle-t-on ? Sans doute que les Nigériens ne vivent pas dans le même pays que leurs gouvernants… C’est le temps des ruptures…

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