DÉCRYPTAGE Sécheresse, récoltes impossibles suite aux attaques de Boko Haram, éducation défaillante... Benoît Thiery, du Programme alimentaire mondial, alerte sur les risques humanitaires et sécuritaires aux alentours du lac Tchad.
Deux millions et demi de personnes touchées par la faim : c’est l’estimation donnée par les autorités de Niamey. La précarité alimentaire touche ainsi une nouvelle fois les zones rurales et frontalières du bassin du lac Tchad. Le déficit céréalier, lié aux faibles pluies, comme en 2009 et 2010, est aggravé par l’afflux des réfugiés du Nigeria.
Ces derniers, principalement rassemblés dans la région de Diffa, à l’extrême Est du pays, au pli des frontières Nigeria-Tchad-Cameroun, sont estimés aujourd’hui entre 60 000 et 70 000 après un pic de près de 100 000, fin 2014. C’est sur cette zone semi-désertique que se sont déroulées les premières attaques de Boko Haram (qui se présente désormais sous le nom de «Province ouest africaine de l’Organisation de l’Etat islamique»), côté Niger, les 6 et 7 février, avec pour conséquence immédiate un exode qui a jeté réfugiés et populations locales sur l’axe routier Diffa-Zinder, long de 470 km, dans un dénuement complet et une panique totale. «Malheureusement, la région la plus touchée par cette nouvelle insécurité alimentaire est justement la région de Diffa où elle se combine à la crise sécuritaire», analyse Benoît Thiery, représentant du Programme alimentaire mondial (PAM) à Niamey.