Quatre-vingt dix manifestants arrêtés dimanche à Niamey lors d'un rassemblement politique interdit par les autorités ont été remis en liberté, a-t-on appris vendredi auprès de l'opposition nigérienne.
"Tous nos militants, soit quelque 90, ont été libérés. Il n'en reste à ce jour aucun en détention", a indiqué à l'AFP Mamouda Mourtala, un responsable du Mouvement national pour la société de développement (MNSD), le principal parti de l'opposition.
Ils avaient été arrêtés dimanche durant une manifestation interdite de l'opposition, au lendemain de deux journées d'émeutes anti-chrétiens qui avaient fait 10 morts et plus de 200 blessés à Niamey et Zinder, la deuxième ville du pays.
Invoquant la crainte d'une nouvelle flambée de violence, les autorités avaient alors prohibé une marche de l'opposition prévue de longue date dans la capitale.
Militants en liesse
"Une trentaine de militants ont été libérés depuis jeudi par la police" et "une soixantaine ont été déférés vendredi au parquet" qui les a rélâchés, a détaillé M. Mourtala.
Des télévisions privées ont montré vendredi soir des images d'une foule de militants en liesse devant le palais de justice après ces libérations.
"Je viens de bénéficier d'une liberté provisoire", s'est réjoui Ousseini Salatou, le porte-parole de l'opposition, arrêté dimanche à son domicile.
La tentative de rassemblement avait donné lieu à des échauffourées entre police et participants, aux tirs de gaz lacrymogènes des uns répondant des jets de pierres des autres.
Vent de colère
L'opposition nigérienne avait exigé lundi la "libération immédiate" et inconditionnelle de ses membres, qu'elle estimait "séquestrés" par le pouvoir du président Mahamadou Issoufou.
"Dans sa recherche de boucs-émissaires, le pouvoir du président Mahamadou Issoufou tente désespérément d'attribuer la paternité de sa grave faute à l'opposition et aux autres acteurs sociaux", avait affirmé l'ex-président Mahamane Ousmane (1993-1996).
Le chef de l'Etat nigérien fait partie des six présidents africains ayant participé à la Marche républicaine le 11 janvier à Paris, après l'attaque terroriste qui a décimé la rédaction de l'hebdomadaire français Charlie Hebdo. Son "Nous sommes tous Charlie", prononcé sur les ondes, a provoqué un vent de colère dans la population, à 98% musulmane.
Des cris "A bas le régime" ont été entendus vendredi dernier à Agadez, dans le nord, où des manifestants ont ensuite mis le feu au siège du parti d'Issoufou.