L’Assemblée nationale s’est dessaisie, le jeudi 23 avril, de l’examen de la proposition de loi portant interprétation dela loi n° 2000-001 du 24 janvier 2000 relative à l’amnistie des auteurs co-auteurs et complices du Coup d’Etat du 09 avril 1999. Les députés nigériens se sont déclaZrés « incompétents » pour examiner cette proposition de loi qui vise à abroger l’amnistie accordée aux auteurs des événements qui ont conduit à la tragique disparition du Président de la République Ibrahim Mainassara Baré et que la famille de ce dernier poursuit pour « assassinat ».
Les parlementaires nigériens ont préféré refiler la patate chaude à la Cour Constitutionnelle, laquelle selon le Parlement, est seule habilitée à se saisir de cette question d’interprétation de texte. Selon un député contacté par actuniger.com, il ne s’agit que d’une question de respect de la Constitution. En somme, le Parlement nigérien a estimé d’abord nécessaire de requérir le point de vue de la Cour constitutionnelle avant de se prononcer. « C’est une affaire très sensible et il est nécessaire de respecter les procédures » explique la même source pour qui cette décision de l’Assemblée n’est point « une fuite en avant des députés ».
Il est vrai que cette décision du Parlement a été des plus paradoxales pour les parlementaires surtout qu’elle a été soumise par le RDP Jama’a, l’ancien parti du président Baré et membre actuel de la majorité parlementaire (MRN). De même, il convient de relever que depuis quelques temps, le dossier a été politiquement récupéré par l’opposition politique (ARDR) qui a fait part de son engagement à soutenir la famille de l’ancien chef de l’Etat (96-99) dans sa quête de vérité sur cette affaire. Logiquement donc, le texte aurait pu connaitre un meilleur sort que cette attitude des députés, lequel à priori, n’est qu’un joli prétexte visant à éviter l’ouverture d’une affaire d’Etat qui reste assez sensible.
La famille Baré soutenue par plusieurs ONG, lutte en effet depuis 14 ans presque pour que la lumière soit faite sur les évènements du vendredi 9 Avril 1999 au cours desquels l’ancien Chef de l’Etat a perdu la vie. Dans ce cadre, plusieurs plaintes ont été déposées au niveau des juridictions nigériennes par la famille Baré, des plaintes classées sans suites jusque-là.
L’engouement que suscite cette affaire ces derniers temps a émergé à la suite des engagements reçus de part et d’autres par les ayants droits de l’ancien Président. Il convient de noter d’ailleurs que le même jour, c’est-à-dire à partir du 23 avril dernier, l’examen du même dossier mais dans une autre procédure, a également débuté au niveau de la Cour de Justice de la CEDEAO.
Selon Djibrilla Mainassara Baré, frère et ancien conseiller spécial de l’ex-Président, c’est après quatorze années de procédures judiciaires internes menées au Niger sans succès du fait de l’existence d’une loi d’amnistie, que la Famille BARE, assistée de son Conseil, Me Abdourahamane Chaibou, s’était résolue à déposer le 12 Décembre 2013, une plainte contre l’Etat du Niger à la Cour de Justice régionale, la CJ-CEDEAO, « sur le traitement réservé au dossier relatif à l’assassinat, le 09 avril 1999, du Président élu de la République du Niger, le Général Président Ibrahim Maïnassara Baré (PSA) et de ses trois (3) compagnons (PAA) d’infortune ».
L’espoir de la famille Baré repose donc désormais sur la procédure régionale en attendant que la Cour Constitutionnelle se prononce, si elle est saisie, de la question ou que le dossier revienne au sein du Parlement.
Du reste et pour beaucoup de nigériens, il est fort probable que les parlementaires nigériens fassent trainer encore longtemps ce dossier qui semble dégager un certain consensus au sein de la classe politique. Il est vrai qu’en dépit des engagements pris, la volonté politique n’y est pas encore. C’est ce qi explique, à tort ou à raison, que certains partis politiques sont suspectés d’être de connivence avec les auteurs des évènements militaires du 9 avril 1999. Pour preuve, la majorité des principaux partis tant du pouvoir que de l’opposition dans la configuration politique actuelle, était à l’époque des faits farouchement opposée au régime de Baré à travers le Front pour la restauration et la défense de la démocratie (FRDD).
En clairs des ennemis aujourd’hui mais hier encore alliés et qui le restent pare sorte de pacte qui assure leur convergence d’intérêts et qui explique certainement le sort que la classe politique réserve à cette page sombre de l’histoire de notre pays.