Presque 72 heures après la tragique attaque de Boko Haram sur l’île nigérienne de Karamga près de Bosso, le gouvernement n’a pas encore donné de bilan officiel. Tout ce que l’on sait, c’est que les Forces de défense et de sécurité (FDS) ont subi de lourdes pertes.
Les premiers éléments qui filtrent de sources locales ont fait état d’au moins 48 morts et 46 portés disparus dans les rangs de l’armée nigérienne. Toutefois, le bilan définitif n’a pas encore été établi au vu de la difficulté de l’accès à la zone ainsi que des personnes portées disparus.
Selon d’autres sources sécuritaires qui hésitent encore à donner de bilan définitif, un peu près de 150 éléments de la brigade mixte étaient positionnés sur l’île au moment de l’attaque.
Les assaillants étaient venus en nombre à bord de pirogues motorisées et avec tout un arsenal de guerre, ce qui a obligé la brigade mixte de battre en retraite et attendre les renforts.
A la date du dimanche 26 Avril dernier, 35 soldats au moins ont répondu à l’appel dont le commandant. Par la suite, certains soldats, 5 selon les mêmes sources, auraient réussi à s’échapper.
Il convient de noter que dans leur retraite, beaucoup de nos soldats se sont noyés alors que d’autres ont pu s’échapper dans différents endroits.
A la fin du Conseil de sécurité de samedi, le Président de la République a ordonné le redéploiement des troupes pour reprendre l’Ile avec le soutien de l’armée tchadienne mais aussi des militaires français et américains présents aux cotés des FDS.
Ainsi, depuis dimanche, l’île a été reprise et les assaillants encore présents neutralisés. D’après un communiqué du ministère de la Défense nationale, les opérations de ratissage se poursuivaient encore tout le weekend dans la zone.
Devant la gravité de la situation, le Conseil de cabinet vient de se réunir en prélude à un Conseil des ministres convoqué d’urgence afin de décider des mesures urgentes à prendre.
En attendant, les nigériens dans leur ensemble sont aux aguets du bilan officiel du gouvernement alors que depuis les évènements, les rumeurs ne cessent de circuler, ce qui tend à aggraver les inquiétudes des uns et des autres.
En plus des soldats tombés lors de l’attaque du 26 avril, la riposte de l’armée nigérienne et de ses alliés auraient également causée plusieurs pertes, ce qui complique encore la tâche pour l’établissement du bilan.
Il reste que vu la gravité de la situation, le gouvernement aurait pu au moins mieux communiquer pour remonter le moral des troupes et apporter une compassion aux parents des soldats sur le front.
Pour l’heure donc, les nigériens restent dans l’expectative en attendant les dernières informations officielles du front.
Il faut dire que Boko Haram a mobilisé près de 2000 hommes dans la zone pour préparer une offensive destinée à reprendre les localités qu’elle a perdu quelques semaines plutôt à la suite des opérations menées conjointement par les armées nigériennes et tchadiennes. C’est ainsi que plusieurs centaines d’assaillants ont ciblé le Niger, histoire de réaliser un coup d’éclat.
L’attaque pourrait être la plus meurtrière de l’histoire du Niger et le bilan, la plus grosse perte enregistrée par l’armée nigérienne en une journée. Il convient de rappeler que la secte nigériane a tenté par deux fois, en février dernier, de prendre l’île de Karamga sans y parvenir. Selon un haut responsable militaire camerounais joint par téléphone par Afrique progrès magazine, « Boko Haram veut un refuge, une espèce de base arrière d’où partiront les éléments de la secte pour combattre. Ils pensent le trouver en prenant l’île, mais là encore ils se sont trompés ». De quoi pousser les autorités à mettre plus de moyens à la disposition de notre armée, puisqu’au vu de leur dernier assaut, Boko Haram constitue encore une véritable menace sécuritaire pour notre pays et l’ensemble de la région.