Niamey - La France souhaite des élections
"transparentes" et "inclusives" au Burkina Faso, où un code électoral
controversé interdit aux partisans du président déchu Blaise Compaoré de
participer aux scrutins d'octobre, a déclaré mardi à l'AFP Annick Girardin, la
secrétaire d'Etat française au Développement et à la Francophonie.
"Ce que la France souhaite, c'est que le Burkina soit au rendez-vous des
élections, et à la bonne date. Elle souhaite que le scrutin soit transparent
et inclusif", a déclaré Mme Girardin, qui s'exprimait à Niamey, au terme une
visite de quatre jours en Côte d'Ivoire, au Burkina Faso et au Niger.
Le président du Burkina, Michel Kafando a promulgué le 10 avril un nouveau
code électoral voté en assemblée, qui rend "inéligibles" les personnes ayant
"soutenu un changement inconstitutionnel portant atteinte au principe de
l'alternance politique".
Cette loi fait référence à la tentative de révision de la Constitution de
la fin octobre 2014, destinée à permettre à M. Compaoré de se maintenir au
pouvoir, et qui avait finalement causé sa chute à l'issue d'une insurrection
populaire.
"La France n'a pas à porter de jugement sur un code électoral", "qui
prévoit un certain nombre d'inéligibilités", dont les critères ne sont "pas
suffisamment définis", a affirmé Mme Girardin.
Les partis pro-Compaoré ont saisi le Conseil constitutionnel burkinabè et
la Cour de justice de la Cédéao (la Communauté économique des Etats d'Afrique
de l'ouest, dont le Burkina fait partie), pour faire invalider cette loi.
"La France attendra l'avis du Conseil constitutionnel et de la Cédéao. Une
fois ces décisions rendues, nous commenterons. Sinon, cela s'appelle de
l'ingérence", a observé la secrétaire d'Etat, qui a félicité le Burkina pour
sa "maturité politique absolument exceptionnelle".
Mi-avril, l'ambassadeur des Etats-Unis au Burkina, Tulinabo Mushingi, avait
appelé à ce que tous les courants politiques soient représentés aux élections
du 11 avril. "Le peuple doit avoir l'opportunité de choisir son candidat",
avait-il affirmé. L'Union européenne avait également demandé des élections
"inclusives".
Les scrutins d'octobre sont cruciaux pour le Burkina Faso, pays pauvre du
Sahel. Ils doivent permettre de le doter de nouveaux dirigeants à l'issue
d'une "transition démocratique" d'un an, mise en place après la chute de
Blaise Compaoré en octobre après 27 ans de règne.
bh-jf/sba