Des milliers de personnes ont prié vendredi dans les mosquées et églises du Niger, à la place du traditionnel défilé du 1er mai, pour les victimes de l’attaque du groupe islamiste nigérian Boko Haram le 25 avril qui a fait au moins 74 morts, a constaté l’AFP.
Vêtus pour la plupart de chemises ou de robes en pagne à l’effigie de leurs syndicats, ils étaient des centaines à se recueillir dans la grande mosquée de Niamey.
"Votre initiative de prier pour les morts est salutaire. Il n’aurait pas été normal que vous fêtiez alors que certaines familles sont en deuil", a déclaré l’imam Jabirou Ismaël après la prière.
"Nous avons prié pour que cette guerre prenne fin le plus vite possible et que Dieu fasse échec à ces sauvages de Boko Haram", a expliqué Soumaila Bagna, un leader syndical.
Au moins 74 soldats et civils ont péri le 25 avril lors d’une attaque de Boko Haram contre une position militaire à Karamga, une île du lac Tchad, qui a également fait 32 disparus.
Ce bilan est le plus élevé enregistré par le Niger depuis que le pays est entré en lutte contre le groupe armé nigérian début février. Niamey a appelé à trois jours de deuil national, qui prennent fin vendredi.
Dans le reste du pays, des milliers de personnes se sont recueillies notamment à Zinder, Dosso et Maradi (sud), selon des sources syndicales.
Dans la capitale, Kiari Falmata, une enseignante d’une cinquantaine d’années, a évoqué le "souvenir de nos vaillants soldats tombés au front".
Des dizaines de chrétiens ont également prié pour les victimes de Boko Haram et leurs familles dans une petite chapelle située dans la cour de la cathédrale de Niamey.
"C’est un privilège d’avoir prié pour ces jeunes dont les familles sont endeuillées", a déclaré le père Maoro, qui a dirigé la messe.
Mais "nous n’avons pas oublié les 800 migrants récemment morts en Méditerranée", a-t-il déclaré à l’AFP. "Personne n’en parle et pourtant la plupart des ces migrants morts sont passés par ici", a-t-il ajouté.
Le nord du Niger est un point de passage presque incontournable pour les migrants subsahariens souhaitant se rendre en Europe via la Libye.
L’émigration est particulièrement massive au Niger. 92 migrants - essentiellement des femmes et des enfants - sont morts de soif en octobre 2013 alors qu’ils traversaient le désert pour rejoindre l’Algérie, une autre destination migratoire. Seuls 21 personnes avaient survécu.