Le ministre de la Santé publique M. Mano Aghali a animé, hier après-midi, une conférence de presse pour donner la dernière situation en ce qui concerne l'épidémie de méningite qui sévit au Niger, et annoncer par la même occasion l'arrivée de nouvelles doses de vaccins. La conférence de presse s'est déroulée en présence des partenaires techniques et financiers qui appuient le Niger dans la lutte contre cette maladie, ainsi que des représentants de la société civile.
En ce qui concerne la situation épidémiologique, le ministre de la Santé publique a précisé que du 1er janvier au 4 mai 2015, un total de 3.656 cas suspects ont été enregistrés, sur l'ensemble du pays, dont 265 décès, soit une létalité de 6,6%. La tranche d'âge la plus affectée par la maladie est celle de 2 à 15 ans. Cinq des huit régions du pays, notamment
Niamey, Dosso, Tillabéri, Tahoua et Maradi sont particulièrement touchées par cette maladie mortelle, a ajouté M. Mano Aghali. Et la région de Niamey a le triste record avec à elle seule, 2.637 cas et 135 décès. Les principales souches mises en évidence par le CERMES, le laboratoire national de référence, sont le méningocoque des séro-groupes C soit 66% et 17% pour W 135.
Face à cette situation la riposte engagée par le gouvernement consiste, selon M. Mano Aghali, en une prise en charge rapide des cas suspects ainsi que la vaccination, surtout auprès de la cible 2 à 15 ans qui est la plus touchée. Cependant, a relevé le ministre de la Santé publique, malgré la mobilisation de ses partenaires, le Niger est confronté à une pénurie de vaccins sur le marché international. Il a assuré que les efforts se poursuivent pour l'acquisition de tous les vaccins nécessaires. «A ce jour, 300.290 doses ont pu être achetées et sont déjà arrivées à Niamey; de plus,
200. 000 doses sont arrivées du Mali aujourd'hui même et 160.000 autres sont attendues le 10 mai. Ce qui constitue environ 50% de nos besoins pour couvrir notre cible vaccinale dans les zones en épidémie», a annoncé M. Mano Aghali.
Grace à ces efforts, « les séances de vaccination ont pu commencer dans les districts sanitaires les plus touchés. Dans le cadre de cette démarche, une campagne de riposte vaccinale dans 600 écoles des trois districts sanitaires de Niamey 1, 2 et 3 a déjà eu lieu, ciblant les élèves de 2 à 15 ans. Ces vaccinations se prolongent dans les établissements scolaires et les quartiers de la capitale, ainsi que dans les districts sanitaires de Gaya, Doutchi et Kollo. Les enfants non scolarisés et vivant dans les districts sanitaires en épidémie seront également ciblés par les agents vaccinateurs», a-t-il rassuré. Dans le même temps, les dispositifs de la prise en charge des malades ont été renforcés ou mis en place.
«Tous les moyens sont mis en œuvre pour une prise en charge rapide et efficace des cas suspects ou confirmés. Le centre Lazaret à Niamey offre une capacité d'hospitalisation de 200 lits et des traitements gratuits à tous les patients. De nouvelles zones d'accueil pourraient être ouvertes aux patients dans les prochains jours. Ces traitements sont disponibles dans toutes les formations sanitaires du pays », a souligné le ministre de la Santé publique. Cette prise en charge, a-t-il précisé se fait avec un traitement d'antibiotique injectable, (Ceftriaxone). Et, cinq jours sont nécessaires pour guérir totalement de la maladie. Le traitement, a-t-il relevé «est gratuit et très efficace, surtout s'il est administré dès l'apparition des premiers symptômes ».
Aussi, le ministre de la Santé publique a lancé un appel à l'endroit de la population pour la fréquentation des centres de santé dès l'apparition des symptômes comme sont la fièvre, des maux de tête, des vomissements, une raideur de la nuque et, chez l'enfant très jeune, une fontanelle bombée. «Dès l'apparition d'un de ces signes, il est fortement recommandé de se rendre immédiatement au centre de santé le plus proche pour recevoir des soins. Plus vite le malade arrive au centre de santé, plus il a de chance de guérir rapidement. Le ministère de la Santé publique déconseille toute automédication », a-t-il lancé, avant de demander à toute la population de partager l'information.
A cette occasion, un représentant de la société civile, en l'occurrence M. Moustapha Kadi président de RASCONI, a annoncé de la part du groupe AL Izza un don de 2.500.000 FCFA et 1.100 doses de vaccins du groupe Rimbo, en vue d'appuyer le gouvernement dans la lutte contre la méningite. Il a aussi demandé aux autres opérateurs économiques de participer à la constitution d'un fonds dans ce sens.
Il a saisi aussi l'occasion pour appeler les autorités à veiller pour éviter que des personnes en quête de gain facile ne profitent de l'occasion pour vendre les vaccins à des prix exorbitants, ou même escroquer la population. Ce à quoi le ministre de la Santé et la directrice des pharmacies ont apporté des réponses.
Répondant aux questions des journalistes, le ministre de la Santé publique a rappelé tous les efforts qui sont faits pour faire face à l'épidémie. Il a aussi apporté un rectificatif par rapport à certaines informations faisant état d'un manque de médicaments pour la prise en charge des cas. «Les médicaments de prise en charge sont disponibles dans toutes les formations sanitaires. Ce sont les vaccins qui sont insuffisants, car leur acquisition obéit à une procédure», a rectifié M Mano Aghali. Les représentants de l'OMS et de l'UNICEF au Niger, ont appuyé les propos du ministre de la Santé publique, et salué la mobilisation pour faire face à l'épidémie dont la cause est une souche qui n'avait jusque-là pas sévi au Niger.