Des milliers de Nigérians ont été sommés de quitter le Niger cette semaine en raison des menaces des islamistes de Boko Haram et certains sont morts de faim et de soif sur le chemin du retour, racontent les personnes évacuées.
Les Nigérians vivant dans le sud-est du Niger autour du lac Tchad ont été évacués dans le cadre de l'offensive menée conjointement par le Niger, le Nigeria, le Cameroun et le Tchad contre la secte nigériane Boko Haram. La secte offre des poches de résistance dans l'Etat de Borno (nord-est du Nigeria) et dans les zones situées dans la région du lac Tchad, ainsi que dans la forêt de Sambisa.
Musa Samaila, un pêcheur de Laléwa, localité du sud du Niger, raconte avoir marché pendant trois jours et que son fils est mort de déshydratation dans ses bras. "Je ne peux pas croire ce qui s'est passé, que le gouvernement du Niger s'est réveillé et a décidé comme ça de nous chasser d'un endroit où nous sommes établis en affaires depuis des années", dit Musa Samaila.
"J'ai compté plus de 50 personnes qui sont mortes alors que nous sortions de la ville de Laléwa et que les soldats nigériens nous poursuivaient comme si nous étions des animaux", déclare pour sa part Ibrahim, 45 ans, qui fait partie d'un groupe originaire de l'Etat de Kebbi au Nigeria.
Le gouverneur de la région de Diffa au Niger a laissé aux Nigérians jusqu'à jeudi soir pour partir, évoquant des raisons de sécurité après une attaque de Boko Haram qui a fait 74 morts. Dans la foule de ceux qui fuient, Hanatu Saidu affirme que son mari a été touché à la jambe par le tir d'un soldat nigérien quand l'armée est arrivée dans leur commune pour leur demander de partir.
Le Premier ministre nigérien affirme que le gouvernement a fourni de la nourriture et des soins à ceux qui sont arrivés dans les camps de N'Guigmi et Bosso, dans la région de Diffa, près du lac Tchad, tandis que des milliers d'autres Nigérians ont été rapatriés. Il n'y a pas de processus systématique de rapatriement des Nigérians, racontent les évacués.
Certains sont chargés sur des camions à la ville frontière de Mainé-Soroa et emmenés dans deux camps du Nigeria, installés à Geidam (Etat de Yobe), l'un dans une école et l'autre dans un petit stade. D'autres ont dû faire le chemin à pied. Selon les chiffres donnés mercredi par l'agence nigériane chargée de la gestion de l'urgence, la Nema, environ 6.000 personnes sont reparties au Nigeria.
"Le gouvernement du Niger voulait mener des opérations militaires dans ces secteurs", a déclaré Charles Otedegba, directeur de la recherche à la Nema. "Il a été proposé de déménager les nationaux nigérians vers une partie des camps de déplacés à l'intérieur du Niger, mais les gens ont refusé et choisi de rentrer chez eux."