La classe politique nigérienne, ou du moins une partie d’elle, est-elle logique avec elle-même ? Pour qui ces hommes et femmes qui animent les formations politiques prennent-ils les Nigériens. Tenez bien : dans une interview parue dans la presse, Mahamane Hamissou, responsable du PJD Hakika, une petite formation politique de l’opposition dit avoir un plan pour débarrasser le Niger de Mahamadou Issoufou.
Mais sa proposition est totalement bancale, ridicule et contradictoire. Elle est antinomique comme ont dit en logique. Pire, lui-même ne croit pas à ce qu’il dit: «Je suis sûr que certains vont refuser, certains vont saboter». En clair une proposition mort-née, ce genre de trucs qui viennent a l’esprit des agités et névrosés de sa trame.
«La nécessité d’une candidature unique s’impose à nous, et nous allons trouver celui qui sera en mesure d’aller contre Mahamadou ISSOUFOU et d’en finir avec lui de manière démocratique», a déclaré ce lugubre illuminé issu de la société civile, M. Mahamane Hamissou, Président du PJD HAKIKA dans un entretien avec nos confrères d’Actuniger. Ce donneur de leçons qui voudrait passer pour un saint, une personne vierge, une feuille blanche. Pourtant, il est bien connu d’abord dans le milieu enseignant comme un corrompu de la pire espèce. Il sait faire des démarches administratives avant avec des pièces sonnantes et trébuchantes, il peut vous accompagner a faire aboutir un dossier administratif. Ensuite dans la société civile, on sait pour qui il roulait. Dans cet art de démarcheur, il l’a prouvé éloquemment avec le dossier des déguerpis. La aussi allez y savoir comment les choses se sont terminées.
Dans ses critères du candidat unique, l’homme qui répond a son profil c’est bel et bien le fugitif dont il était le bras armé quand il était « apolitique » ( ?). Ses démêlés avec Issoufou ? Ce n’est autre chose que le refus de Issoufou de le nommer président de la HALCIA après ses tentatives infructueuses de vouloir forcer la main au PR parce qu’il estimait être plus méritant que le magistrat qui occupe ce poste de président de la HALCIA. Avec un discours révolutionnaire devant l’eternel, ce démagogue qui voudrait tout changer sauf lui-même, est connu comme un individu très dangereux parce qu’il a habitue ses amis au double jeu. Il est avec toi la journée, la nuit il est contre toi. Le volt face c’est son trait de caractère. Il est imprévisible. Et observez bien sa démarche, son parcours vous aurez une idée des incohérences de celui que certains observateurs n’ont pas tardé a qualifier de « tchali tchali’ politique, ce genre de comédiens qui égaient les gens pendant la lutte traditionnelle.
Démêlés avec la justice
Candidature unique de l’opposition et patati et patata. Mais le président de Hakika prend d’emblée ses distances avec la principale coalition de l’opposition, l’ARDR et son leader M. Seini Oumarou. «Pour des raisons de principe, nous avons décidé de ne pas faire partie de l’ARDR car il est hors de question pour nous de rester sur la même table que certaines personnes qui ont à un moment donné participé à la destruction du cadre démocratique dans le pays notamment la constitution de la cinquième république». On comprend aisément qu’il parle du MNSD-Nassara aile Seini Omarou. Car ce dernier était premier ministre et président de l’Assemblée Nationale pendant le régime de Tanja Mamadou, de l’ère Tazartché. C’est de la pure démagogie, du vernis pour couvrir sa préférence pour le fugitif à Seini Oumarou.
Mais dans le même temps le président de cet embryon de parti, sans aucune assise dit avoir pris des contacts avec M. Mahamane Ousmane et Hama Amadou. Dans tous les cas, le leader du FA-Lumana, pour qui il roule, est en fuite depuis plus un an et n’est pas prêt à rentrer au bercail de sitôt. Le Président Mahamane Ousmane quant à lui se cherche. Il est dans une déréliction totale. Rattrapé par sa boulimie politicienne et egocentrique.
On est en droit de se demander, qui est ce candidat idéal dont il parle puisque objectivement Hama est un outsider, un loser en position de hors jeu evident. Lui, même ces partisans réalistes commencent a ne plus le compter dans la course a la présidentielle 2016. Cette question de candidature unique est d’autant plus pertinente quand on sait que le discours révolutionnaire tenu par Mahamane Hamissou jette le pavé dans la marre et renvoie toute la classe politique dos à dos. «Nous disons au peuple qu’il faut renouveler la classe politique de notre pays car vous le savez bien depuis pratiquement plus de 30 ans c’est la même classe qui dirige le pays, les mêmes acteurs qui bloquent le développement socioéconomique et le fonctionnement de la démocratie », dit-il.
«Il faut des hommes intègres pour ce pays. La majorité des hommes politiques de ce pays ont des choses à se reprocher, tous ont eu des démêlés avec la justice et tous pour des raisons de détournement des fonds publics», précise-t-il.
J’ai franchement cherché à comprendre cet homme, mais je n’ai rien compris. Vouloir une chose est son contraire. Une antinomie déroutante. Peut-on en effet «débarrasser» le Niger du Président Mahamadou Issoufou de manière démocratique, lorsqu’on est un leader marginal, incohérent, discourtois, pressé et evidemment lorsque ses militants et sympathisants se comptent au bout du doigt. De même, peut-on imposer un candidat unique à l’opposition, fut-il idéal lorsqu’on ne représente que soi-même. La politique est aussi une question de rapports de force. Et de toute évidence, le président du PJD n’a ni le poids ni les moyens de mise en œuvre de ses fantasmes. Ce qu’il s’apparente à du défoulement et du délire. Nous lui reconnaissons au moins dans ses divaguations le mérite d’interpeler l’opposition sur l’attitude a adopter pour faire face au président Issoufou. Candidature unique? Aller en rang dispersé comme l’envisage Hama Amadou?
Dans tous les cas, nous sommes loin de l’arithmétique de celui que notre consœur Oumou Gado a qualifié d’outsider, selon laquelle Issoufou ne pèse que 25% de l’électorat nigérien. Ce chiffre est déjà faux confronté à la vérité des résultats électoraux passés. Ce qui est vérifiable par tous. Nous disons simplement que a ce niveau le fugitif a fait un gros mensonge puisqu’il a dit ce qui ne correspond pas a la vérité.
Moralité : même quand on parle a des organes de presse étrangers, ayons au moins a l’esprit que les Nigériens auront accès a ce qu’on raconte. Nous sommes dans un village ( !). Dans tous les cas candidature unique ou non : l’ARDR et Mahamane Hamissou ont une grande équation à résoudre. Toute la gravite de la question revient au mentor de Mahamane Hamissou alias le plus célèbre fugitif de l’histoire contemporaine du Niger : entre Hama Amadou et Mahamadou Issoufou lequel a un avenir problématique? Le temps nous le dira. Très certainement.