En visite dans la région de Diffa, lundi dernier, le Premier ministre et chef du gouvernement Brigi Rafini, a laissé exploser sa colère à l’étape de N'Guigmi où il est allé s’enquérir des conditions d’accueil et d’hébergement des populations ayant été invitées à vider les villages insulaires en raison des risques d’attaques terroristes de la secte Boko Haram.
A N'Guigmi, chef lieu du département du même nom situé à 150 km de Diffa, Birgi Rafini n’a pas pu cacher son indignation face à ce qu’il a qualifié de « laisser aller » de la part des autorités locales dans l’opération de transport, d’accueil et d’hébergement des populations qui y sont réfugiées. Il s’agit des habitants des villages frontaliers du Nigeria qui ont dû quitter, quelques heures plutôt, les îles nigériennes situées sur le lit du lac Tchad afin de permettre à l’armée de sécuriser ces endroits qui sont régulièrement victimes d’attaques de la secte Boko Haram.
« Ma déception est grande», a clairement affirmé le chef du gouvernement à l’adresse des cadres de commandements de la région. D’habitude calme et mesuré dans ses propos, Brigi Rafini a déclaré « ne pas comprendre comment des responsables soient insensibles à la souffrance de leurs propres populations ».
«Je pars inquiet et déçu de ce que j'ai vu ce matin à N'Guigmi » a finalement reconnu le premier ministre au terme de sa mission. Il a en ce sens instruit le gouverneur de Diffa, Soumana Yacouba Gaoh, de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer un bon séjour ainsi que de bonnes conditions d’hébergement des personnes rapatriées ou en transit sur les différents sites commis à cet effet.
Le sentiment affiché par le premier ministre lors de sa visite sur le camp des réfugiés de N’Guigmi, dénote de l’attitude sévèrement critiquée du gouvernement qui maintenait jusque-là que toutes les conditions sont réunies pour garantir la réussite de cette opération de rapatriement de nos compatriotes des zones cibles de Boko Haram.
Plusieurs associations de la société civile, dont Alternative Espaces Citoyens, avaient déjà tiré la sonnette d’alarme sur les conditions de transport et de regroupement des réfugiés depuis la décision des autorités régionales d’évacuer ces îles après la sanglante attaque de Karamga du 25 avril dernier.
Il faudrait souligner qu’à la suite de la persistance des agissements de la secte Boko Haram, des milliers de réfugiés ont afflué dans les principales villes de la région de Diffa.
Rien que dans les derniers jours, les estimations font état de 30 à 60. 000 réfugiés qui sont arrivés dans la région. Selon le gouvernement, les 2/3 des personnes recensées sont de nationalité étrangère.
Mercredi dernier, l’ONU s’est inquiétée des risques de dégradation de la situation humanitaire dans cette partie frontalière du Nigeria tout en déplorant le manque de soutien de la communauté internationale au Niger et au Tchad qui subissent de pleins fouets les répercussions du contexte sécuritaire sous-régional.