Si je suis élu Président de la région de Mopti, je réaliserai un canal reliant le fleuve Niger au Pays dogon.
Je sais, les politiciens pensent que je fais de la politique comme eux, non au grand jamais ! Le développement dont on parle ne peut jamais se produire dynamiquement que si l’on part de la culture de chaque peuple. Ce n’est pas la précampagne électorale encore moins de la campagne pour les régionales prévues en suffrage universel direct après la signature de l’accord de paix et de réconciliation avec ou sans les protagonistes.
Chaque peuple, pour construire sa résilience, a adopté des approches de résistances face aux aléas naturelles. Ici, les dogons du pays dogon comme les pharaons d’Egypte ont su dompter la nature très rude depuis des siècles. Aujourd’hui nous n’allons pas parler de sa cosmogonie assez riche et assez élaborée pas comme les décrivent les ethnologues étrangers comme Griaule après sa fille qui ont contribué à faire connaître le monde Dogon. Mais parler surtout du pays dogon physique et naturel et les stratégies de résilience adoptées au-delà des pseudos technocrates et chercheurs mal ancrés dans les valeurs technico-culturelles des peuples.
Les dogons sont parmi les premiers à organiser une fête appelée « Sigui » tous les soixante ans dans tout le pays dogon. Cette fête a un lien avec l’étoile de Sirius qui tourne autour du soleil pendant soixante ans. L’organisation de cette fête est à la fois culturelle, technique et économique. Comme les fêtes de fin d’années qui mobilisent l’économie mondiale actuellement, le « Sigui » est une fête qui mobilise tout le pays dogon pendant un temps où les échanges entre les dogons sont assez développés.
Le pays produit aujourd’hui l’échalote le mieux prisé du Mali voire de l’Afrique selon une ingéniosité dépassant de loin celle de l’ingénieur agronome du blanc. Sur un plateau de grès, une fine couche de terre et un dosage en eau, le dogon vous fait une production record dépassant le rendement dans les stations de recherche des chercheurs de l’institut de l’économie rurale du Mali. Le paysan dogon a déjà développé un système de transformation de l’échalote dépassant les techniques vulgarisées non adaptées des ingénieurs blanc. C’est la même chose pour la conservation et le stockage.
L’habitat du dogon n’est pas dans les grottes comme disent les ignorants du pays dogon, mais fait d’une ingéniosité combinant les facteurs déterminant de la nature : température, pluviométrie, vent et culture. Là aussi il n’a rien à envier à l’ingénieur de construction civile blanc. C’est tout cela qui a prévalu au pays dogon son classement au fameux patrimoine universel dans le cadre de la gestion inéquitable des biens publics mondiaux (BPM). Biens publics mondiaux, un autre concept de domination des puissants du monde.
La gestion de l’environnement, à travers des règles bien définies est une priorité dans cette partie du Mali dont la nature n’a pas fait assez de cadeaux à travers ses 10% de terres cultivables sans aménagement ingénieux.
La lutte contre l’érosion des sols dans ce plan incliné vers le fleuve Niger ; ils ont battus encore l’ingénieur blanc en adoptant au fil des siècles des techniques de restauration et de défense des sols.
Le pays dogon est le premier producteur de la semence de qualité en mil au Mali. Deux variétés imbattables : le « Torro-nioun » ou le mil adapté au plateau dogon et le « Nioun-kougnoun de Koro » (NKK) adapté au seno, chaque ingénieur blanc a toujours le plaisir de vous les réciter comme un talibé devant la flamme du savoir.
Vous me direz malgré tout cela, pourquoi le pays dogon est l’un des endroits au Mali où on a l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, la pauvreté économique, l’exode rural. La raison est toute simple, c’est l’introduction d’un système d’exploitation agricole étatique inadapté et de prélèvement libre des ressources naturelles à travers des textes législatifs non adaptés. Les textes ne tiennent pas compte des connaissances locales de résilience des peuples. Allez au Japon, TOYOTA ou autres multinationales se sont constituées autour des TOGOGAWA ou les armées autour des samouraïs… Ils ont fermés leurs frontières à l’exploitation et au pompage des énergies internes.
Alors si je suis le président plein pouvoir de la région de Mopti, je réaliserai un canal allant du fleuve Niger pour desservir le pays dogon dans toute sa largeur pour un développement harmonieux et complémentaire. Il n’y aura plus une zone inondée enclavée et une zone exondée sèche sources de tous les conflits. Ce n’est pas un rêve pour les pharaons si la volonté politique et l’engagement des fils des pharaons du Mali. Ce n’est pas une utopie, certains peuples l’ont fait et le font maintenant alors pourquoi pas le Mali et les dogons. Je vois déjà venir les critiques stériles de la lutte des classes et des ethnies (mot inventé par les ethnologues et utilisé que pour les africains).
Si je suis élu président de Mopti, je rassemblerai les fils et les filles de la région de Mopti pour ce projet.
Si je suis élu président de Mopti, je mobiliserai d’abord les ressources internes pour le canal Fleuve Niger-Pays dogon.
Je suis le président de Mopti, je ferai en sorte que les partenaires techniques et financiers s’engeront pour le développement de ce projet dans une véritable vision de développement économique régionale seule gage de paix et de sécurité au Mali. Aujourd’hui c’est le Nord, encore le Macina, demain sera le Kénédougou, le Pays dogon dans la révolte des peuples. Il s’agit d’anticiper dans la gouvernance des peuples et non se conformer aux orientations des autres.
Freud aurait menti en admettant que la psychanalyse était pour « rendre blancs les nègres », je ne suis pas fou, mais je rêve pour la paix par un développement réfléchi.