L’un des derniers prêts de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) au Mali pour la réalisation du tronçon Bamako-Koulikoro (route à quatre voies et un pont) présente un aspect spéculatif.
Le prêt en question est de 20 milliards de FCFA consenti à un taux de plus de 7% avec un différé de trois ans. Le reste du financement, soit 100 milliards de FCFA, est à lever auprès des banques locales. Celles-ci s’aligneront naturellement au dessus de la Banque de Développement en exigeant un taux plus élevé et en demandant des garanties. Le rythme de remboursement risque d’être indigeste pour le trésor malien.
En général, les projets d’infrastructures routières, d’agriculture et de développement rural sont financés par la BOAD sur des ressources concessionnelles. Toutefois, précise une source de la banque en question, «nous sommes dans un contexte de raréfaction de ce type de ressources, alors que les besoins d’investissement des Etats sont très importants.
Pour remédier à cette situation, la BOAD propose parfois aux Etats de soutenir certains de leurs projets sur des ressources qu’elle lève sur le marché. «Il s’agit, indique-t-on, de «prêts souverains à condition de marché. Cela a évidemment une incidence sur le taux d’intérêt appliqué au prêt. La BOAD veille cependant à ce que les projets financés à ces conditions, soient à fort impact économique».
Du côté malien, l’on confirme en effet qu’un tel financement est à fort impact économique. Ce n’est pas ce qu’en pense les experts de l’un des cabinets qui ont étudié le projet. «Sa rentabilité est compromise dès lors que le taux de remboursement est supérieur à 5,6%». Ce projet malien illustre les limites des interventions de la BOAD quand celle-ci est obligée de lever des fonds aux conditions du marché.
Aucune banque de développement ne peut prospérer en levant ses ressources sur le marché à des conditions onéreuses et en les allouant à des conditions pour le moins spéculatives dans le cas malien.
Créée dans les années 70 pour donner à l’UEMOA un contenu autre que monétaire, la BOAD est sensée utiliser une partie des excédents de la BCEAO pour la
réinvestir dans l’économie réelle. Si les interventions de la banque se font aux conditions du marché, c’est toute la pertinence du modèle qui est remise en question.