Plusieurs centres d’accueil vont ouvrir au Niger, étape importante pour les immigrés clandestins africains, afin de les dissuader de poursuivre leur route vers l’Europe en leur proposant des alternatives économiques sur place, a annoncé vendredi à Niamey le ministre français de l’Intérieur.
"Les centres que l’Union européenne se propose de mettre en place dans le cadre d’une démarche conjointe avec le Niger doivent être l’occasion de porter des politiques ambitieuses de développement pour les migrants et pour les Etats", a expliqué Bernard Cazeneuve à la presse après s’être entretenu avec le président nigérien Mahamadou Issoufou.
La Commission européenne a dévoilé mercredi un plan d’action pour l’immigration et l’asile, prévoyant notamment l’ouverture d’ici la fin de l’année d’une structure d’accueil pilote au Niger.
Ce centre devrait ouvrir à Agadez, la capitale du nord du pays, grande zone de transit des migrants à destination de la Libye, alors que d’autres pourraient suivre à Arlit (nord) et Diffa (sud-est), explique-t-on dans l’entourage du ministre.
Ni la nature de ces programmes, ni leur ampleur, ni la question clé du financement ne sont toutefois tranchées. Des fonds européens pourraient être mobilisés, de même source.
Le président Issoufou s’est félicité de cette annonce, en soulignant qu’il fallait "attaquer le mal à la racine" et que "la solution de fond, c’est le développement".
"Ces problèmes de grandes migrations ressemblent beaucoup à ceux de l’exode rural. Les gens quittent les campagnes pour les villes poussés par la pauvreté, de la même façon les gens quittent les pays pauvres pour aller vers les pays riches, tout simplement parce que leur situation est intenable", a-t-il souligné.
Le Niger est un Etat-clé sur la route migratoire vers l’Europe, qui voit transiter plus de 60% des candidats à l’exil ouest-africains cherchant à gagner l’Italie via la Libye.
Il faut "faire en sorte que ceux qui relèvent de la protection, de l’asile, puissent être protégés, et que ceux qui relèvent de l’immigration économique puissent rester dans leur pays pour y développer des projets", a martelé Bernard Cazeneuve.
Confrontée à une pression migratoire croissante et favorisant le trafic d’être humains, l’UE cherche à convaincre les migrants potentiels de ne pas tenter la traversée, toujours plus meurtrière: 1.800 personnes ont péri en Méditerranée dans des naufrages depuis le début de l’année.