Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Mali    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Art et Culture
Article





  Sondage


 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles



Comment

Art et Culture

Cinéma/ : "Savoir faire le lit", de la réalisatrice Aicha Macky projeté au CCFN Jean Rouch de Niamey
Publié le mardi 19 mai 2015   |  ONEP


Cinéma/
© Autre presse par dr
Cinéma/ : "Savoir faire le lit", de la réalisatrice Aicha Macky projeté au CCFN Jean Rouch de Niamey


 Vos outils




C’était l’occasion idéale le 13 mai dernier, journée nationale de la femme nigérienne pour la projection du film "Savoir faire le lit " de la jeune réalisatrice nigérienne Aicha Macky. Le public, composé d’amis, de réalisateurs et d’enseignants, ainsi que de nombreux cinéphiles curieux d’en savoir au sujet de ce film dont le titre à lui-même est évocateur, a afflué à l’auditorium du CCFN Jean Rouch de Niamey où le film réalisé en 2013 par Aicha Macky pour l’obtention du master 2 en réalisation documentaire de création, a été projeté. La projection a été suivie d’une table ronde animée par Mme Antoinette Tidjani Alou, Mme Latifa Loussahi du NDI, et la réalisatrice Aicha Macky, qui ont discuté avec le public des contours du film.
Documentaire, film d’école, «savoir faire le lit», a de quoi susciter la curiosité, et nourrir l’imagination. La réalisatrice nous fait entrer dans l’économie de son film en ces termes : « Chez moi, au Niger, quand une femme rejoint la demeure conjugale, on l’exhorte à «savoir faire le lit » sans qu’elle sache de quoi il retourne. «En suivant la femme nigérienne que je suis, dans mon parcours d’apprentissage de l’art de la séduction au Sénégal, le film révèle le secret de la préparation du corps à la féminité. En cherchant à comprendre comment deux sociétés africaines toutes musulmanes peuvent percevoir si différemment le corps de la femme, je me réconcilie avec moi-même, avec mon corps en lui faisant découvrir sa grâce inhibée depuis le berceau, mais aussi, j’interroge le tabou et les non-dits dans mon pays» confie la réalisatrice.

Le film d’Aicha Elhadj Macky porte ainsi sur l’éducation, ou plutôt la façon dont la fille, ou la femme est façonnée, mise en valeur dans la société sénégalaise de façon à séduire l’homme, le mari qu’elle doit conquérir, et savoir garder. On découvre à travers les échanges entre les femmes sénégalaises et la réalisatrice, l’art de «savoir faire le lit», auquel la femme doit être préparée du berceau jusqu’à la chambre conjugale. Une conception de la féminité, de la façon d’être de la femme, qui participe d’une « stratégie », visant à satisfaire l’homme. «Tout est fait pour l’homme, qui est pourtant absent dans le film », a relevé Mme Latifa Loussahi du NDI, une des animatrices de la table ronde qui a suivi la projection du film.
Le film, met aussi en valeur l’institution du mariage, car après tout, toute la formation donnée à la femme, qui doit savoir faire le lit est destinée à être mise en pratique au domicile conjugal. À travers le film, les spectateurs ont saisi également le contraste, entre la conception de la manière d’être de la femme au Sénégal, où l’art de la « féminité », et de la séduction est plutôt exposé, alors qu’au Niger, les choses sont sous le sceau du secret, et dans son initiation, la fille répète des gestes sans savoir de quoi ils procèdent.
En fait, dans la société qui l’a vue naître et grandir, précisément Zinder dans l’Est du Niger, tout ce qui est relatif à la sexualité est tabou. Une conception résumée dans le film par cette parole : «La femme ne doit pas être comme la lune qui se laisse découvrir mais comme le soleil qui ne se laisse pas contempler». Des dits, non-dits et tabous que Aicha Elhadj Macky met en lumière avec l’ouverture d’esprit résultant de ses études et de son séjour dans une société un peu différente de celle qui l’a façonnée. «Grâce à l’école, j’ai eu la chance d’en savoir un peu plus de ce que l’on nous disait de l’homme et du sexe. Je dois dire plutôt, plus que ce qu’on ne nous disait pas. Et, que le corps de la femme ne doit pas se laisser admirer. Beaucoup comme toi souffriront encore de ne rien savoir du bonheur que notre corps épanoui peut nous offrir. Je te dirai ce que mes sœurs du Sénégal m’ont révélé du pouvoir que notre corps garde même quand c’est un soleil en éclipse», explique-t-elle.
Depuis sa réalisation en 2013, «savoir faire le lit» a été projeté à la 8ème édition du Forum Africain du Film Documentaire de Niamey en 2013, au Festivals Cinémas d’Afrique de Lausane en
Suisse en 2014 ; au Festival de Saint Louis du Sénégal en 2014, au Festival CortosRek de Dakar en 2014, au Festival des films d’Amiens en 2014, au Festival de Lilles en 2014, puis au Festival first short de Yaoundé en 2015 avec mention spéciale du jury. Et du 25 mai au 1er juin au Festival d’Anger 2015. A trente un ans, Aicha Elhadj Macky est en train de se frayer un passage dans la sphère cinématographique avec une filmographie qui promet, car en plus de " Savoir faire le lit", il faut mettre à son actif, « moi et ma maigreur», la fiction " le dilemme de Binta", ainsi que "L’arbre sans fruits". Les cinéphiles découvriront bientôt " Ziguegué", "Les erreurs" et "Les faux compagnons"qui sont en cours de réalisation.

Souley Moutari (onep)

 Commentaires