Le journaliste et responsable d’ONG Moussa Tchangari a été arrêté lundi après des propos critiques de son organisation sur la situation humanitaire dans le sud-est du Niger, où l’armée nigérienne combat Boko Haram, a annoncé mardi l’un de ses proches.
"Il a été arrêté hier (lundi) vers 12H30 locales à la Cellule antiterroriste", a déclaré à l’AFP Souley Adji, un membre de "Alternative espace citoyen", l’ONG de M. Tchangari.
Cet interlocuteur de la presse nigérienne et internationale "apportait un repas à 6 ou 7 chefs de villages de Diffa (sud-est) détenus pour +refus de collaborer avec les forces de l’ordre+ lors de l’évacuation des habitants des îles du lac Tchad" lorsqu’il a été interpellé, a-t-il raconté.
L’AFP n’a pu joindre une source officielle pour confirmer l’arrestation.
Début mai, "Alternative espace citoyen" a produit un rapport jugé accablant contre les autorités nigériennes, qui ont fait évacuer quelque 25.000 résidents des îles du lac Tchad par crainte de nouvelles attaques de Boko Haram, après un assaut meurtrier des islamistes nigérians fin avril.
"Aucune disposition n’a été mise en place pour (l’)accueil" de milliers d’"hommes, femmes, enfants et vieillards" arrivés "exténués, affamés, assoiffés"après avoir "marché plus de 50 km à pied", avait dénoncé M. Tchangari lors d’une conférence de presse.
Le Premier ministre Brigi Rafini, lors d’un déplacement auprès des personnes déplacées début mai, avait également fustigé la gestion de leur accueil par les autorités locales, selon la presse nigérienne, ce qu’avait confirmé une source onusienne à l’AFP.
"La lutte contre Boko Haram ne doit pas servir de prétexte pour violer la liberté d’expression", a regretté Amnesty international mardi soir dans un communiqué, appelant les autorités nigériennes à "immédiatement libérer Moussa Tchangari".
Des ONG nigériennes ont également réclamé mardi "la libération sans conditions et sans délais" de M. Tchangari "et de toutes les personnes arbitrairement arrêtées, notamment les pauvres chefs de village", dans un autre communiqué.
Un assaut de Boko Haram le 25 avril contre une position militaire nigérienne située sur une île du lac Tchad avait fait au moins 74 morts, dont 28 civils, et 32 disparus.
Ces pertes sont les plus lourdes subies par le Niger depuis que le pays est entré en lutte contre le groupe armé nigérian islamiste début février.