Le Niger doit immédiatement libérer un défenseur des droits humains arrêté à la suite de ses prises de position sur l’inculpation de six chefs de villages pour « refus de collaborer » avec les autorités dans le cadre de la lutte contre Boko Haram, a déclaré Amnesty International aujourd’hui.
Moussa Tchangari, secrétaire général de l’organisation de défense des droits humains, Alternatives Espaces Citoyennes (AEC), a été arrêté lundi 18 mai par des éléments de la brigade anti-terroriste de Niamey. Il rendait visite aux chefs de villages qui y étaient détenus depuis vendredi.
Des attaques menées par Boko Haram ont créé une instabilité dans la région de Diffa, au sud-est du Niger. Des éléments de Boko Haram avaient, le mois dernier, attaqué une île située sur le lac Tchad faisant de nombreux morts dont des civils et des militaires. La situation avait poussé le gouvernement à évacuer les populations des îles situées le long du lac. L’organisation AEC a publié deux rapports sur les allégations d’attaques contre des civils durant la période d’évacuation.
La lutte contre Boko Haram et les exigences de sécurité nationale ne doivent pas constituer un prétexte pour mener des arrestations qui ne sont pas fondées sur une base légale solide et sur le respect des droits humains. Les arrestations arbitraires et la détention sans inculpation ne doivent pas être l’arme qui réduit au silence ceux qui exercent pacifiquement leur droit à la liberté d’expression.
Gaëtan Mootoo, chercheur d’Amnesty International pour l’Afrique occidentale et centrale « Le droit à la liberté d’expression est un droit individuel fondamental et le fait de se prononcer sur les accusations contre ces six chefs de villages ne doit pas conduire à une arrestation d’un individu. Les autorités nigériennes doivent immédiatement libérer Moussa Tchangari ».
Selon des informations recueillies par Amnesty International, Moussa Tchangari n’a pas encore été inculpé mais est actuellement détenu dans les locaux de la brigade anti-terroriste. Le gouverneur de Diffa avait décrété l’état d’urgence et interdit la circulation jour et nuit des véhicules à deux roues. Une mesure qui a empêché les populations de se déplacer et certains agriculteurs d’exporter leurs produits vers les marchés de l’intérieur du pays, selon les informations recueillies par Amnesty International.
L’organisation AEC a reproché aux autorités nigériennes d’avoir pris des mesures préjudiciables aux populations en violation des dispositions du Pacte international des droits civils et politiques (PIDCP). Amnesty International appelle les autorités du Niger à protéger les populations civiles déplacées des îles du lac Tchad et à prendre toutes les dispositions nécessaires pour leur accueil et leur réinstallation dans des conditions dignes et sans aucune violation de leurs droits fondamentaux.