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Niger : L’épidémie de méningite a fait, du 1er janvier 2015 au 15 mai 2015, 443 morts sur un total de 6.609 cas suspects sur l’ensembledu territoire national (Ministre)
Publié le vendredi 22 mai 2015   |  Tamtaminfo


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© Le Sahel
Journée mondiale de la vue : Le ministre de la Santé Mano Aghali invite les personnes affectées à se faire examiner
Photo : M. Mano Aghali, ministre de la Santé


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Monsieur Mano AGHALI, Ministre de la Santé Publique du Niger, est l’invité de Niger Voice. Il s’explique sur le caractère inédit de la nature de l’épidémie de méningite qui sévit dans le pays. Mohamed SEIDOU: Nous savons que le Niger est confronté à une grave épidémie de méningite et de rougeole. Pour en parler nous recevons ce jour 17 Mai, Monsieur Mano AGHALI, Ministre de la santé du Niger. Monsieur le Ministre, Bonsoir !

Mano AGHALI : Bonsoir.

Mohamed SEIDOU: Monsieur Mano AGHALI, vous êtes le Ministre de la Santé Publique du Niger, Vous êtes Responsable d’une ONG, « Hed Tamat ». Vous étiez du Moden/FA Lumana et tout récemment, vous avez pris la carte du PNDS-Tarayya. Merci d’être notre invité du jour. Monsieur le Ministre, comment évoluent les épidémies de la méningite et de la rougeole au Niger.

Mano AGHALI : Merci pour cette interview et merci pour votre invitation. Les choses sont entrain de rentrer dans l’ordre par rapport à l’épidémie de méningite. L’épidémie est entrain de s’estomper surtout à Niamey. Nous avons enregistré les premiers cas de méningite, en début janvier 2015 et depuis lors la région de Niamey, Dosso, Tillabéry, Tahoua, Maradi et Agadez ont enregistré des cas aussi, mais les régions les plus touchées restent et demeurent Tillabéry, Niamey et Dosso avec 59% des cas au niveau de Niamey.

A la date du 15 Mai 2015, nous avons enregistré 6 609 cas suspects dont malheureusement 443 décès, soit une létalité de 6,7%. Aujourd’hui, grâce à la prise en charge des malades, grâce aux opérations de vaccination, grâce à la sensibilisation et à la communication, l’appui de nos partenaires et tous les efforts déployés par l’Etat, nous pouvons dire que la situation est sous contrôle surtout au niveau de Niamey où le nombre de cas a baissé. D’habitude on enregistrait jusqu’à 200 à 250 cas par jour, mais au 15 mai dernier, on a pu compter 104 nouveaux cas qu’on a enregistré au niveau des deux sites de Lazaret.

Mohamed SEIDOU: En principe, des maladies, comme la rougeole et la méningite, dont on a l’habitude de prévenir chaque année, ne doivent pas faire autant de victimes auxquelles nous assistons ! N’est-ce pas ? Mano AGHALI : Effectivement, c’est ce qu’il faut expliquer à l’opinion nationale et internationale. Le Niger a fait des opérations de vaccination contre la souche A de la méningite qui a pu être éliminée. Aujourd’hui, ce qui est inhabituel sur toute la ceinture de la méningite qui en Afrique compte 21 pays, du Sénégal en passant par le Mali, le Niger jusqu’en Ethiopie, c’est l’apparition d’une épidémie à partir des souches C et W.

Ces 21 pays-là, il n’y a jamais eu d’épidémie de la forme C et W. A l’échelle mondiale on n’a jamais connu ça et, aujourd’hui, l’épidémie qui sévit au Niger est de forme C et W. Ce n’est pas un manque de prévision, mais le fait d’une transformation de l’agent causal de la méningite. Le gouvernement avait pris les dispositions depuis le 14 septembre 2014, les médicaments ont été prépositionnés dans tous les centres de santé. Mais cette année, il y a eu une flambée. Regardez la situation au niveau de Niamey, dans la Commune 2, c’est la forme W et C qui sévissent.

Nous menons la lutte avec nos partenaires, notamment l’OMS, l’Unicef, le MSF et le CDC d’Atlanta qui nous aident à comprendre ce qui se passe actuellement. Il ne s’agit pas d’une lenteur ou d’une négligence, encore moins d’une imprévision de notre part. C’est une surprise qui peut intervenir partout dans la ceinture de la méningite. En France et aux USA ces formes de méningites qui sont liées aux grands voyageurs existent. Voilà la situation qui sévit au Niger.

Mohamed SEIDOU: Au 1er Avril 2015, vous avez parlé de ce type de méningite qui sévit au Niger. Pourquoi à ce jour, les vaccins n’ont pas été produits et mis à la disposition de la population ?

Mano AGHALI : A ce niveau, au moment où nous sommes entrés en épidémie, nous avons demandé et à l’échelle mondiale il n’existait que 200 000 doses au niveau de l’ICG qui compte l’OMS, MSF, la Fédération internationale de la Croix Rouge et du Croissant Rouge. L’ICGE stocke les vaccins. Pour la forme qui sévissait au Niger, il n’yavait de disponible que 200 000 doses et le Niger a pris le maximum, soit près de 80% du stock. Nous avons même demandé à des pays voisins comme le Mali de nous a donné près de 200 000 doses, sous forme de prêt.

La commande peut prendre un temps de trois mois avant d’être livrée et la nôtre va arriver le 22 mai 2015. Il n’y a eu aucunement une négligence ou un retard. Il faut que l’opinion soit éclairée dans ce sens. Il s’agit d’une surprise et vous rendrez service au pays et à la communauté internationale en faisant passer ce message car la crise est due à une rupture de vaccin à l’échelle mondiale. Aux USA, après l’épidémie du Niger, le prix d’achat est monté jusqu’à cent dollars contre seulement deux dollars et démi avant.

Les prix ont aussi flambé, mais malgré tout le Niger a passé une grosse commande grâce à l’appui de ces partenaires techniques et financiers. Et pour ces vaccins qui sont dits tri ou tétravalents, il n’y a pas de pays qui ont eu à faire de grands stocks parce qu’il n’y a jamais eu d’épidémie.

Nous, au Niger nous avons un stock, mais ça ne suffisait pas pour couvrir les besoins qui étaient de 1 200000 au début de l’épidémie. C’est pourquoi nous avons fait appel à des pays voisins, à des organisations comme l’Organisation Ouest Africaine de la Santé (OOAS), l’OMS, l’Unicef, MSF et bien d’autres. Nous sommes partis racler les derniers vaccins à l’échelle mondiale que ce soit à Copenhague ou à Cuba. On est parti jusqu’à Cuba chercher le tout dernier vaccin qui existait encore sur le marché mondiale et nous avons acheté, grâce à l’appui de nos partenaires, à un prix fort de 25 dollars l’unité.

Mohamed SEIDOU: Merci, Monsieur le Ministre pour ces efforts-là. Parlons du budget de la Santé. Nous savons qu’en 2013, le Niger réitérait à Abuja son engagement, au cours d’un Sommet de l’Union Africaine sur la Santé, à affecter au moins 15% de son budget à la Santé publique d’ici à 2015. Où en est-on par rapport à cet engagement? Est-ce une réalité? Sinon, qu’elle est le pourcentage du budget national qui vous est alloué au Ministère de la Santé Publique ?

Mano AGHALI : Pour la question du budget, l’Etat a déployé de gros efforts conformément à ce que vous venez de dire par rapport à la déclaration d’Abuja. Mais ces efforts sont encore à améliorer et nous sommes entrain de voir un collectif budgétaire dans lequel la santé va avoir un maximum. Il est vrai que la Déclaration d’Abuja recommande un minimum de 15 % du budget alloué à la santé. Pour 2015, je ne puis vous donner encore un pourcentage dans l’attente du Collectif budgétaire. Pour les autres années, il y a eu une progression perceptible. De 2011 à 2015, et il faut faire la part entre le budget de la santé et toutes les dépenses effectuées en rapport avec la santé qui engagent d’autres ministères.

Mohamed SEIDOU: La société civile pense que vous ne contrôlez pas la situation de l’épidémie et que vous devez rendre le tablier. Qu’endites-vous?

Mano AGHALI : La société civile qui parle ainsi est motivée par qui ? C’est là la question ! Quelle est sa motivation ? Quand on vous dit qu’il faut vacciner de deux à quinze ans, certaines personnes vous disent qu’il faut vacciner toute la population. Quand on vous prescrit de la nivaquine, certains vous disent qu’il vous faut un vaccin et se mettent à la place de l’infirmier ou du médecin. C’est ce qu’il faut éviter. Il faut éviter d’être expert en tout surtout en matière de santé. Faut-il écouter les spécialistes ou quelqu’un qui vient dire ce qu’il veut devant un micro.

Pour moi il s’agit d’un non évènement qu’il ne faut pas relayer parce que ce sont les avis de personnes qui ne rendent pas service à leur pays. Le virus, il est dans l’air et il s’attaque à tout le monde de façon indifférenciée. Il ne s’agit pas de s’attaquer à des individus mais de développer des stratégies et celles que nous avons développées en partenariat ont eu des résultats probants.

Nous avons vacciné les enfants de deux à quinze ans, nous n’avons pas suivi les cris et les lamentations, nous avons été sereins et nous avons respecté le protocole conformément aux lois et règlements et à la technicité avérée en la matière. Nous n’avons pas failli par rapport à ça. Il faut plus de contribution et de sensibilisation pour que les populations fréquentent encore et mieux les services de santé le plus rapidement pour que très tôt mesures puissent être prises au lieu de dire que voilà, voilà, voilà.

Mohamed SEIDOU: Récemment, vous avez quitté le Niger en pleine période d’épidémie de méningite pour séjourner en Arabie Saoudite du Dimanche 10 mai 2015 au Jeudi 14 mai 2015. Pouvez-vous nous dire les raisons de ce voyage, c’est-à-dire de votre absence sur le territoire pendant cette crise ?

Mano AGHALI : De mon départ à mon retour, je sais que les dispositions qui ont été prises ont permis que l’épidémie s’estompe. Et c’est le cas. Nous sommes partis dans le cadre d’une mission officielle,
dans le cadre de la coopération entre nous et ce pays. Il ne s’agit pas pour moi de vous faire un bilan mais juste vous dire qu’il s’agit d’une mission officielle. Un ministre assuré mon intérim et les choses se sont bien passées.

Mohamed SEIDOU: Monsieur le Ministre, durant notre premier entretien, pendant que nous préparons cette interview, je vous ai mentionné que les Nigériens vivant aux USA, à travers le Conseil des Nigériens aux USA (le CONUSA), ont organisé une séance de vaccination contre la méningite au quartier aéroport de Niamey où 500 enfants ont été vaccinés en présence des organes de la presse. Mais, vous semblez ne pas être au courant de ce geste de la Diaspora.

Mano AGHALI : Ce n’est pas que je ne suis pas au courant. Je salue toutes les initiatives des nigériens qui sont à l’extérieur, je salue les initiatives des nigériens qui sont au pays, je salue les initiatives des autres organisations qui viennent en appui aux efforts du Niger. C’est le lieu de les féliciter et de les remercier pour tout ce qu’ils font en faveur de la Santé Publique au Niger et d’encourager les autres acteurs à aller dans ce sens. Mohamed SEIDOU: Etes-vous au courant de ce don des Nigériens de la diaspora?

Mano AGHALI : Je viens de rentrer de mission et je vais avoir le compte rendu de la situation. Si vous me le dites, je vous crois !

Mohamed SEIDOU: Monsieur le ministre, vous avez le dernier mot.

Mano AGHALI : Je vous remercie pour votre invitation. Je voudrais appeler les nigériens, qu’ils soient à l’extérieur ou à l’intérieur à continuer à aimer leur pays, à continuer à travailler pour leur pays, d’éviter les polémiques inutiles qui ne font que nous retarder. Pour le cas de la méningite, j’invite les populations à se rendre dans les centres de santé les plus proches dès que les symptômes de la maladie se manifestent, c’est-à-dire la forte fièvre, les vomissements, la raideur de la nuque chez l’adulte, le bombement de la fontanelle chez les jeunes enfants.

Et vraiment, ces genres d’épidémies, nous prions Dieu pour qu’elles estompent et que déjà, nous devons prendre des dispositions pour que l’année prochaine, que ces genres de choses ne se répètent plus au Niger et dans les autres pays qui nous entourent ou de façon générale au niveau de la ceinture de la méningite et dans le monde en général. Que Dieu nous en préserve. Merci.
À propos de l'Auteur
Interview réalisée par Mohamed SEIDOU pour le service de Niger Voice à New York

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