La justice nigérienne a accordé mercredi la liberté provisoire au journaliste et responsable d'ONG Moussa Tchangari, très critique sur la situation humanitaire dans le sud-est du Niger, où l'armée combat Boko Haram, a annoncé l'un de ses avocats à l'AFP.
Arrêté lundi dernier, Moussa Tchangari a été déféré mercredi devant le parquet et entendu par un juge d'instruction du tribunal de Niamey, a souligné l'avocat.
"Le doyen des juges d'instruction a inculpé Moussa Tchangari, mais il l'a laissé en liberté provisoire", a affirmé à l'AFP Me Nassirou Laouali.
Selon l'avocat, le parquet a "requalifié" les charges initialement annoncées à l'encontre de M. Tchangari, désormais "poursuivi pour +atteinte à la défense nationale+".
Le ministre de l'Intérieur avait déclaré à l'AFP que l'activiste était notamment poursuivi pour "association de malfaiteurs en relation avec l'entreprise terroriste Boko Haram".
Nouhou Arzika, une autre figure de la société civile, détenu depuis dimanche a lui aussi "été inculpé" mercredi pour "atteinte à la Défense nationale", et "remis en liberté provisoire", a révélé à la presse le procureur de la République, Boukari Sally Ibrahim.
MM. Tchangari et Arzika "ont tenu (sur les médias) des propos de nature à démoraliser l'armée pendant cette période de guerre contre le terrorisme", a dénoncé le procureur.
"Le juge va instruire le dossier. S'il trouve des charges suffisantes, il va les renvoyer en jugement", a-t-il précisé.
Début mai, "Alternative espace citoyen", l'ONG de M. Tchangari, a publié un rapport jugé accablant et dirigé contre les autorités nigériennes, qui ont fait évacuer quelque 25.000 habitants des îles du lac Tchad par crainte de nouvelles attaques des islamistes nigérians après un assaut meurtrier fin avril.
"Aucune disposition n'a été mise en place pour l'accueil" de milliers d'"hommes, femmes, enfants et vieillards" arrivés "exténués, affamés, assoiffés" après avoir "marché plus de 50 km à pied", avait accusé M. Tchangari lors d'une conférence de presse.
Un assaut de Boko Haram le 25 avril contre une position militaire nigérienne située sur une île du lac Tchad avait fait au moins 74 morts, dont 28 civils, et 32 disparus.
Ces pertes sont les plus lourdes subies par le Niger depuis que le pays est entré en lutte contre le groupe armé nigérian islamiste début février.