La chose est aujourd’hui une évidence. Le malaise qui secouait la fédération PNDS de Maradi a fini par se transformer en un mano à mano viril entre deux « clans » qui n’hésitent plus à laver leur linge sale en public. C’est l’arrivée d’Ibrahima Yacouba, accueilli en grande pompe par une frange du Parti, qui a définitivement convaincu les Maradawas que rien ne va plus comme avant au sein de la « roserie régionale ».
En effet le 5 mai 2015, tel un héro de retour, le DIRCABA de la Présidence a été chaleureusement accueilli par des militants du PNDS Taraya, quelques jours seulement après le passage de Bazoum Mohamed dans la capitale économique ; passage qui s’est soldé par un meeting qui n’a pas drainé la marrée escomptée, notent certains observateurs.
Outre le caractère démesurément festif et bruyant de l’accueil, la première chose qui a intrigué les observateurs, était de constater que des posters à l’effigie d’Ibrahim Yacouba, flanqué de Sani Attiya et Goumbi, un enfant à Mangal, étaient affichés sur tous les véhicules. Autre chose tout aussi intrigante, lors de cet accueil, nulle trace du Président régional Abdou Achelou, non plus celle de l’omniprésent SG régional Tidjani Oumèye, encore moins celle des autres ténors représentatifs du parti. Autre fait révélateur, le cortège organisé pour la circonstance, a fini sa course au pied de l’immeuble Sani Attiya où le DIRCABA y séjourna, contrairement à ses habitudes quand il vient dans sa ville natale.
C’est après que les explications commencent à tomber. Le même jour, Sani Attiya arpenta les médias locaux pour traiter ceux qui ne sont pas venus à l’accueil et qui ont œuvré à le torpiller, d’ennemis du parti et de bien d’autres affabulations. Le sieur Attiya est allé jusqu’à leur attribuer la paternité d’une obscène rumeur qui a consisté à nier la « maradité » d’Ibrahim Yacouba. Les durs propos tenus par ce jeune et fougueux richissime ont littéralement tétanisé, un temps, la scène politique locale. Il fit apparaitre au grand jour une nette cassure entre les « frondeurs » conduits par lui-même, Elh Goumbi et Baba Hamed, rejoints par Ibrahim Yacouba et le groupe des « loyalistes », avec à leur tête Kalla Hankouraou, membre du CEN et coordonnateur du Programme Maradi Kolliya. Un groupe constitué d’Elh Gago, Na Salé, Kalla Transa, AHK, Sarkin Yaki et les autres.
Qu’est-ce qui pourrait expliquer une telle division dans l’écurie rose, avec des prises de position véhémentes, se demandent alors les maradawas ? Ainsi, l’on apprend que, quelques jours auparavant, des commerçants de Maradi, dont Attiya et Goumbi, auraient adressé une missive au Président de la République, pour demander le limogeage pur et simple de monsieur Kalla Hankouraou du programme Maradi Kolliya et son remplacement par Ibrahim Yacouba. Réponse du berger à la bergère : Dans la foulée des préparatifs de l’accueil du DIRCABA, le bureau régional publia sur les ondes locales, un communiqué appelant ouvertement les militants du PNDS à ne pas participer à cette « mascarade ». Jusque-là, les choses ne sont pas assez claires pour nombre de Maradawas. Pourquoi demander le départ de Kalla Hankouraou, un « enfant de Maradi » et son remplacement par Ibrahim Yacouba, un autre « enfant de Maradi »?
Les observateurs de la scène régionale sont unanimes : C’est le Programme Maradi Kolliya qui est au centre des enjeux et des convoitises. Selon les explications données par le clan des loyalistes, Sani Attiya aurait exigé le virement d’une somme de plus de 200 millions correspondant à la location annuelle de sa villa, prévue pour être louée et servir de QG au Programme Maradi Kolliya. Ce qui n’a pas été fait, compte tenu du fait que, le Programme est contrarié par des contingences nationales plus prioritaires. D’où la colère de Attiya, le jeune milliardaire, pressé d’empocher sa part du gâteau. Quand à Elh Goumbi, le représentant de Mangal à Maradi, lui aussi voudrait fourguer au Programme Maradi Kolliya son terrain situé loin de la ville. Kalla Hankouraou lui aurait dit d’attendre. Ce qu’il n’a pas du tout gobé.
Dans toute cette histoire, ce qui intrigue davantage les observateurs, c’est le comportement d’Ibrahim Yacouba, lui l’intellectuel, qui a accepté de « jouer le jeu » et même, de se laisser manipuler par des commerçants, décrits comme « analphabètes » et reconnus surtout pour leur indiscipline et leur propension immodérée à mettre en avant leurs propres intérêts, au détriment de ceux des maradawas.
Pour l’heure, la situation au PNDS de Maradi, depuis le passage d’Ibrahim Yacouba, est confuse et la crise ne fait que s’amplifier. Aux dernières nouvelles, les frondeurs, dans une ultime estocade, ont décidé de porter la bataille à Dakoro, fief de Kalla Hakouraou. Ils disent vouloir lui démontrer que « même là-bas, il n’est rien ». Dans les autres partis, l’on commence déjà à saliver et à se frotter les mains. Voir le PNDS, plongé à son tour dans une crise, à seulement 5 mois des élections, est assurément un cadeau inespéré.