Les masques tombent un à un, et les langues commencent à se délier dans le camp des guristes, où souffle désormais un vent de panique générale, doublée d’une paranoïa sans borne. En témoignent les récentes arrestations de Moussa Tchangari et Nouhou Mahamadou Arzika, acteurs de la société civile pour le fallacieux motif d’« atteinte à la sureté de l’Etat » et à la « défense nationale ».
Les guristes parlent et avouent au grand jour leur dessein, en vue des élections présidentielles de 2016. Hama Amadou les hante comme un spectre, cela ne date pas d’aujourd’hui. Et l’on réalise que l’objectif de toute la cabale et le harcèlement contre le président de l’Assemblée nationale destitué à la suite d’un coup d’Etat perpétré par le pouvoir en place, est désormais clair : disqualifier par des petits moyens ignobles et inacceptables un candidat potentiellement dangereux pour leur poulain Mahamadou Issoufou. Celui qui a toutes les peines du monde pour finir son premier mandat qui visiblement sera le dernier, a une peur bleue de son ex allié principal et qui a aidé à faire de lui chef de l’Etat. Car il sait qu’il ne peut pas tenir la comparaison devant un Hama Amadou qui monte chaque jour dans les coeurs des Nigeriens. Malgré que, pour la première fois dans l’histoire récente du Niger démocratique, tous les moyens et appareils de l’Etat soient mis à contribution pour détruire un homme. Les guristes commencent donc à étaler au grand jour leur désir profondément ancré dans leur subconscient : déclarer non partants les leaders de l’opposition pour tracer un boulevard à leur candidat en 2016. Un candidat qui dégringole dans l’impopularité chaque jour que Dieu fait. C’est assurément pour eux le seul moyen de donner une chance à Mahamadou Issoufou. Mais un chemin certainement hasardeux et plein d’embûches. Car, comme ils le clamaient haut et fort quand ils étaient à l’opposition, entrecoupée de collaboration avec certaines juntes et de rapprochement avec le MNSD, après avoir fui la primature pour incapacité, poste qu’ils ont qualifié de périlleux parce qu’il faut travailler. Le Niger appartient à tous. Il n’est pas un héritage, encore moins un butin de guerre au service des seuls intérêts mesquins d’un clan. Alors, il faut savoir raison garder. Au surplus, que peuvent craindre des gens qui plastronent sur tous les toits qu’ils sont politiquement courageux et qu’ils ont fait plus de réalisations que tous les président s du Niger ? Un véritable paradoxe.
La démocratie est un système politique où c’est le peuple qui choisit ses dirigeants, et leur confie la gestion des affaires publiques pour une durée bien déterminée. Elle implique la compétition. Oser affronter sur le terrain électoral, ses concurrents, à armes égales c’est ça le courage politique et non l’abus de pouvoir pour instaurer une dictature rampante qui viderait l’Etat de droit de toute sa substance. Il est très facile de se cacher derrière la société civile quand on est à l’opposition, et les moyens de l’Etat quand on est au pouvoir, de se faire passer pour courageux. Quand un president soit disant démocratiquement élu se bunkérise, ou se fait escorter par des chars, des roquettes, des hélicoptères de surveillance, les villes barricadées par des barbouzes sous haute pression au point où ils n’hésitent pas à sévir sur les pauvres citoyens, il y a quelque chose qui cloche. Dès les premières heures pourtant, au vu du cortège du chef de l’Etat, votre journal a tiré la sonnette d’alarme. Une telle démonstration de la force publique dénote d’un état d’esprit contraire à la démocratie et hautement nuisible aux investissements étrangers dans notre pays qui en a tant besoin. Quel investisseur, adepte de l’économie saine, est assez audacieux pour investir dans une telle situation où on a chaque jour l’impression d’être à Kaboul ou à Mogadiscio. Le résultat est catastrophique, la pensée unique est la règle, la liberté de pensée et d’expression dangereusement menacée, les lois et règlements de la République bafoués et les règles du jeu démocratique biaisées. Un haut responsable rose aurait dit à Zinder qu’Issoufou n’aurait pas de concurrents aux élections présidentielles de 2016. En fait ce ne seront dans ce cas pas des élections, mais une nomination, une promotion. Autant prendre un décret dès maintenant pour le reconduire. Les Nigériens vont alors regarder stoïquement, les bras croisés, sans broncher pendant que leurs droits les plus élémentaires sont déniés par un groupe de camarades pour la simple raison qu’ils sont des marxistes léninistes, admirateurs de Staline, et qu’ils n’ont que mépris pour le peuple. C’est ça le courage politique version Guri. Il y a quelques jours, l’opposition politique attirait pourtant l’attention justement sur ce fait, le risque de guerre civile. Une alarme que les guristes ont déformée en accusant l’opposition d’appeler à la guerre civile. Pourtant, à moins d’être hypocrites et de mauvaise foi manifeste, l’opposition a bien raison d’appeler les gouvernants à la raison et à la retenue, au respect des règles démocratiques. La période électorale, avant, pendant et après, est une période cruciale où tous les acteurs ont le devoir des respecter les règles établies par tous. Tous les pays qui l’ont mal gérée ont connu des situations dramatiques, chaotiques même des fois. On ne déplace pas les poteaux pour marquer un but dans le sens où on tire. Alors, on comprend toute l’agitation et la folie des guristes. La seule évocation du nom de Hama les met en transes. Il parait qu’il fait même des apparitions à certains d’entre eux. Des guristes, parait-il, sont convaincus que Hama vient fréquemment à Niamey, d’autres sont sûrs de l’avoir aperçu à telle cérémonie, ou à tel sommet. Ce qui montre à quel point le Guri, au plus haut point, est hanté par Hama. C’est pourquoi ils craignent les élections. Mieux des élections avec des candidats comme Mahamane Ousmane, Seini Oumarou et Hama Amadou, plus que jamais populaires et réclamés par le peuple trahi et meurtri par la Renaissance, les traumatisent et les empêchent de dormir. Et pourtant les elections auront bien lieu. Les courageux qui se font escorter par des 12/7, des roquettes et des missiles en pleine ville de Niamey comme si c’est l’apocalypse, et les moins courageux qui n’ont même pas d’agent de sécurité à leur service se présenteront devant le peuple. Celui qui n’a pas de bilan n’a pas d’avenir, et personne ne volera cette fois-ci les suffrages du peuple. Ce n’est pas seulement à l’opposition de préserver la paix, les dirigeants ont aussi leur part de responsabilite. Même si l’on sait par ailleurs que le Guri est synonyme d’irresponsabilité. Le peuple les forcera à obeir à la loi, à être libres alors, en les contraignant à accepter leur défaite cuisante. Avant de répondre de leurs perfides forfaits devant les tribunaux, qui pour haute trahison, qui pour abus de position dominante, et surtout pour détournement de deniers publics. Un spectre hante le Guri : Hama Amadou !
Bisso