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Le ’’kilichi’’ ou viande boucanée : Une spécialité nigérienne, très prisée à l’extérieur
Publié le samedi 30 mai 2015   |  ONEP


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© Autre presse par dr
Le ``kilichi`` ou viande boucanée


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Lorsque vous voyagez à l’extérieur du Niger, il n’est pas rare d’entendre vos hôtes vous parler du ''kilichi'' du Niger. Ceux qui ont visité le Niger gardent bien en mémoire ces succulentes feuilles de viande, soigneusement, délicatement et professionnellement travaillées, assaisonnées et séchées par nos talentueux bouchers nigériens.
Ce produit alimentaire très prisé par les consommateurs du Niger a acquis, de nos jours, une grande réputation qui est allée au-delà de nos frontières nationales. Pour beaucoup d’expatriés, le kilichi symbolise le Niger et son peuple hospitalier. Elle constitue pour notre pays une sorte de patrimoine national à promouvoir et à préserver afin de faire de sa production une véritable activité génératrice de revenus et pourvoyeuse d’emplois. Le ‘’kilichi’’ est produit fait généralement à partir de la viande des gros ruminants. Le Niger est la patrie qui a vu naitre le Kilichi. Il est donc une spécialité typiquement nigérienne qui s’exporte très bien à l'extérieur où l’on peut affirmer que le Niger est le premier pays producteur de ce produit alimentaire préparé à partir de fines tranches de la viande séchée aux rayons solaires.
Au Niger, la production et la fabrication de ''kilichi'' est devenue une activité commerciale très lucrative pratiquée principalement de manière artisanale par les bouchers, une activité acquise de générations en générations. L’engouement suscité autour de cette denrée mérite bien qu’on songe à donner un coup de fouet à la chaine de production en vue de moderniser la filière et la promouvoir pour la rendre plus apte à attaquer le marcher international. Ces dernières années, grâce aux appuis des partenaires, des actions de promotion ont été engagées à cet effet. Faire de la filière ''kilichi'' un créneau porteur, une véritable activité génératrice de richesses pour les acteurs et pourvoyeuses d’emplois pour les jeunes. Cette activité a enregistré beaucoup de progrès, comme en témoigne aujourd'hui le nombre croissant de personnes qui s'y adonnent, et pour beaucoup sans l’en avoir hérité comme c’était le cas par le passé. En effet, les jeunes s'intéressent de plus en plus à la vente du ''kilichi''. Le ''kilichi'' est un produit potentiellement intéressant pour les marchés sahéliens.
Le ''kilichi'' est un produit très nourrissant et riche en substances nutritives. Il est la plupart du temps consommé en l'état, comme produit de grignotage, comme amuse-gueule, mais il est parfois utilisé dans les salades. En effet, les spécialistes de la nutrition relèvent ses fortes teneurs en PH, en protéines, en lipides, en fer et en sel variable. Ces mêmes spécialistes notent que même avec la transformation qu'il subit, sa composition chimique ne change pas, ce qui fait qu'il garde sa richesse en vitamines et autres nutriments riches. On distingue au moins trois variétés différentes, à savoir le ‘’jà’’ de couleur rouge parce qu’enrobé dans la pâte d'arachide avec le colorant rouge; le ‘’fari’’ de couleur blanche qui est enrobé dans la pâte d'arachide sans le colorant rouge, et le ‘’rumuzu’’ qui n'est enrobé dans aucune pâte, mais avec tous les ingrédients. L'apparence du produit à travers ses couleurs, son aspect, et son odeur, ainsi que son état à la mastication (croustillance, dureté) sont les critères d'appréciation de la qualité du ''kilichi'' par les consommateurs. Les différentes variétés de ''kilichi'' doivent avoir une odeur d'arachide grillée, épicée mais pas très forte. Le ''kilichi'' a cette particularité d'avoir un bon goût, même si le goût change selon les variétés. Les procédés de fabrication du ''kilichi'' sont : le séchage, le salage, le fumage, la friture et la fermentation. Selon Nouhou Idi, un producteur, on peut classer les variétés de kilichi'' en fonction des traitements associés au séchage. Ainsi, précise-t-il, on distingue le kilichi séché non salé, le kilichi séché salé, le kilichi séché et fumé.
La fabrication de ce produit est une activité qui demande du temps et de la patience pour les producteurs. Ainsi, le ''kilichi'' est préparé à partir de la viande que les producteurs taillent en lamelles qu’ils font sécher et enrober avec une sauce très bien épicée avant de la sécher de nouveau au soleil. C’est après ces étapes délicates que le produit est grillé. La sauce d'enrobage est composée d'épices diverses, de pâte d'arachide et de divers autres assaisonnements tels que le sel, l'ail, le gingembre, le piment, l'arôme, etc.
Une production en hausse ?
La production pourrait croître significativement en fonction de la demande qui se fait de plus en plus croissante. Selon les producteurs, ce sont des milliers de tonnes de viande qui sont produites chaque année à travers le pays. Dans la ville de Niamey, la capacité de production journalière peut s'évaluer entre 1000 et 1500 kg de viande de ''kilichi''. La production du ''kilichi'' se fait dans plusieurs localités de notre pays, notamment à Madaoua, Tessaoua, Birni N'konni, Téra, Niamey, etc.
En toute évidence, la production du ''kilichi'' présente des enjeux économiques et commerciaux fort intéressants pour les producteurs eux-mêmes, et pour l'économie nationale. Ce qui justifie assez les actions de promotion de ce produit qui a désormais traversé les frontières grâce au développement de la filière. Les résultats de ces actions parlent d'eux-mêmes. De nos jours, le ''kilichi'' s'est imposé comme un produit éminemment nigérien très demandé dans les pays d'Afrique et en Europe.
La qualité du produit de base qu’est la viande constitue des atouts de ce produit. Les producteurs du ''kilichi'' ont confirmé cette valeur de leur produit qui est unique au monde. Ainsi, M. Elhadji Oumarou, président de l'Association des vendeurs de Kilichi de Niamey, affirme qu'ils sont fiers de leur activité. Le ''kilichi'', a-t-il précisé, a porté le nom du Niger plus loin. Et cela, grâce à leurs parents auprès desquels ils ont hérité des secrets de ce mets. C'est aussi grâce à eux, qui ne ménagent aucun effort pour conserver cette originalité du ''kilichi'' nigérien, qui est différent de celui des autres pays. Elhadji Oumarou réaffirme leur engagement, malgré des problèmes importants qu'ils rencontrent dans cette activité, à poursuivre ces efforts pour que le Kilichi continue de porter plus haut l’étendard, l'honneur et l'image du pays.
La production de ce produit séduit au-delà des frontières, notamment dans les pays de la sous région ouest africaine au point de susciter un grand intérêt. Le président régional des vendeurs de ''kilichi'' de Niamey, Elhadji Oumarou, souligne que le Niger a participé à plusieurs foires dans la sous-région, notamment au Sénégal, au Mali, au Burkina Faso, au Nigeria en Mauritanie, etc. A chaque sortie, le ''kilichi'' du Niger se démarque des autres, se félicite-t-il. Au regard de cette importance, les producteurs du Niger sont devenus des dignes représentants du Niger à l'extérieur. Il soutient que nombreux sont les pays dont les ressortissants viennent au Niger pour acheter du ''kilichi'' en gros pour aller le revendre en détail dans leurs pays. C'est dire à quel point ce produit est devenu un produit d'exportation qui contribue beaucoup à l'économie nationale en apport de devises. A cet égard, l'Association des vendeurs de ''kilichi'' demande à l'Etat de les accompagner dans le renforcement de la filière. Ils estiment qu’il faut pour cela la valoriser davantage par la modernisation de la filière ''kilichi'' afin de permettre aux producteurs, ainsi qu'au pays, d'en tirer le meilleur profit.
M. Elhadji Oumarou indique que la commercialisation du ''kilichi'' varie en fonction des moments, tout en précisant que la commercialisation à l'extérieur est plus importante que celle au niveau national. ‘’Les principaux clients sont aujourd'hui ceux qui voyagent vers les autres pays qui en achètent pour amener à leurs amis ou parents. Il y a aussi certains Nigériens qui vivent à l'extérieur qui en demandent beaucoup’’, ajoute-t-il.
A Niamey, on retrouve les producteurs et les vendeurs de ''kilichi'' un peu partout dans la ville. C'est surtout le cas au niveau du point de vente du Rond-point Terrain musulman de Niamey, surnommé ‘’La route de kilichi’’. En effet, tout au long de cette avenue de l'OUA, sont exposées les différentes qualités du ‘’kilichi’’. Vient ensuite le point de vente du quartier Soni, appelé aussi ‘’Rue du Kilichi’’. On en trouve au quartier Liberté mais aussi au marché Katako de Niamey. Au centre de ce marché, ce sont des centaines de personnes, en majorité des jeunes, qui constituent les acteurs importants de la production et de la commercialisation de ce produit. Tout cela sans compter les vendeurs à la criée qui sillonnent la capitale à longueur de la journée.
M. Maman Nouhou pense même que Katako est le noyau du ''kilichi'' à Niamey. ‘’Tous ceux qui sont dans la commercialisation de ce produit à Niamey se ravitaillent à partir de Katako’’, affirme-t-il. Pour sa part, M. Adamou Amadou, un producteur, soutient qu’aujourd'hui la commercialisation du ''kilichi'' connait une évolution importante, ce qui a conduit à la mise en place d'une structure chargée de coordonner la filière ''kilichi'' au niveau de Niamey.
Difficultés ?
Comme pour toute autre activité, la filière de Kilichi n’est pas à l’abri des problèmes. Les producteurs de kilichi sont unanimes à reconnaitre qu’ils font face à plusieurs difficultés. Ainsi, M. Souley Maïdagi et ses collègues ont confié que les problèmes auxquels ils font face sont de plusieurs ordres. Primo, la fiscalité pour laquelle ils sont obligés de payer des sommes importantes d'argent. Secundo, d'autres évoquent le problème lié à la nécessité de moderniser les moyens pour la conservation de la viande. Sur ce volet, M. Maman Nouhou, déplore le manque de machines de transformation de la viande en ''kilichi'' ainsi que le manque de techniques et moyen modernes de sa conservation.
Face à ces difficultés, les acteurs de la filière ''kilichi'' souhaitent que les autorités leur apportent une aide pouvant leur permettre de valoriser davantage ce domaine qui fait son chemin pour mieux promouvoir la qualité du ''kilichi'' made in Niger. Ils demandent au Gouvernement de les appuyer pour aménager l'endroit où ils officient.
La modernisation de la filière Kilichi en marche
Contrairement aux années antérieures, le sous secteur de Kilichi connait dynamique et enregistre un intérêt certain des partenaires. Conscients que la filière de kilichi est une activité d’avenir à soutenir absolument, le PRODEX et le PPAAO ont décidé d’apporter un souffle à cette filière. Et pour cause, les deux projets ont signé une convention pour la création d’une unité moderne de production de Kilichi au Niger. Il s’agit d’une unité qui servira de plate-forme de mise à niveau des compétences des multiples opérateurs de la filière, un incubateur d’innovation et un laboratoire de production des connaissances approfondies dans le domaine de la filière kilichi dans notre pays. L’unité sera dotée d’infrastructures et équipements modernes pour lui permettre de passer à une production semi industrielle de ce produit. En outre, le projet financé par les deux partenaires se propose de renforcer les capacités des acteurs.
Zabeirou Moussa et Ali Maman(onep)

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