Moyen de transport de prédilection des insurgés islamistes dans leurs actions, les motos sont désormais interdites. Dans leur effort de prévenir de nouveaux raids meurtriers de Boko Haram, les autorités de la ville ont même prohibé les moto-taxis, localement appelés « kabou-kabou », faisant par la même occasion perdre leur gagne-pain à des centaines de personnes. Un couvre-feu strict interdit la circulation des véhicules après 20 heures. A leurs détracteurs, les autorités de Diffa avancent les améliorations qu’elles lient à ces mesures radicales. Les attaques ont cessé, la plupart des habitants qui avaient fui la ville sont revenus et le marché fonctionne à nouveau.
Mais la situation est loin d’être revenue à la normale et la psychose dans la ville est grande. Entre la police, la gendarmerie, les armées nigérienne et tchadienne et quelques troupes françaises de la mission Barkhane dans le Sahel, les forces de sécurité sont omniprésentes. Bien qu’ils soient théoriquement libres de circuler, les piétons sont rares. La crainte d’infiltrations de combattants de Boko Haram parmi les milliers de réfugiés nigérians et de déplacés nigériens entraîne une véritable paranoïa. Et les dénonciations de présumés militants de Boko Haram sont nombreuses et conduisent parfois à des « disparitions ».
Située à la frontière avec le nord-est du Nigéria et forte d’une population de quelques dizaines de milliers d’habitants, la ville nigérienne de Diffa avait été la cible de plusieurs attaques de Boko Haram au début du mois de février. Depuis son émergence en 2009 dans le Nigéria voisin, le mouvement djihadiste et sa répression ont fait plus de 15 000 morts.